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david MIEGE
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7 juillet 2015 02:43

La déclaration très remarquée de Vladimir Poutine « Nous buterons les terroristes jusque dans chiottes » et autres affirmations « viriles » lui ont donné chez beaucoup la réputation de « rempart contre l’islam ». Je suis stupéfait par le nombre d’amis de bon niveau qui semblent en être persuadés, et lui pardonnent bien des actes de brutalité pour cette raison. Ils vont même jusqu’à souhaiter l’apparition d’un « Poutine français ».

Ce qu’il a fait en Russie et à l’extérieur ne correspond pourtant pas vraiment à ce tableau.

L’islamisme et le djihadisme en Russie

Il y a deux groupes très différents de musulmans en Russie.

D’abord les « Tatars de Kazan » cohabitant depuis bientôt cinq siècles avec les Russes, qui ont un territoire autonome en plein milieu de la Russie, largement peuplé de Russes, et qui ne semblent pas poser de problème massif.

Ensuite, il y a le Caucase, conquis beaucoup plus récemment par les Russes, et jamais totalement soumis. Ces montagnes difficiles à contrôler abritent des peuples très différents

carte-Etat-islamique-DiplowebCarte : source T.Merle pour Les Clionautes avril 2015 / Conférence de David Gauzere cf article Diploweb 7 mars 2015.

Toutes les régions colorées font de droit ou de fait partie de la Russie. L’Ossétie du Sud et l’Abkhazie (en orange) ont été arrachées à la Géorgie par l’armée russe, puis vidées de leur population géorgienne au bénéfice des Abkhazes, des Ossètes et des Russes. Leur statut international est flou, ce qui est apprécié par les groupes islamistes et/ou mafieux.

Les pays coloriés en rouge, c’est-à-dire les cibles des islamistes (précision I = Ingouchie), ont des populations extrêmement variées ethniquement dont je vous épargne la liste, et dont certaines sont musulmanes.

Le pays colorié en bleu, la Tchétchénie, a une population indigène musulmane, mais avec une forte minorité russe (Il y avait beaucoup de civils, notamment dans la plaine nord, et 40 000 militaires).

Après deux guerres sanglantes, surtout pour les civils, Poutine a sous-traité la gestion de la Tchétchénie (et la répression violente des nationalistes et des islamistes) au dirigeant local (islamiste lui aussi dans la mesure où ça signifie « la religion au pouvoir ») en contrepartie de son allégeance à la Russie.

Cette quasi concession d’une république autonome de la fédération de Russie aux islamistes n’empêche pas de nombreux djihadistes de quitter la Tchétchénie pour d’autres parties de la Russie, voire le monde entier, dont l’État islamique. Quant au Daghestan, il semble échapper de plus en plus à l’autorité centrale.

« L’émir du Caucase », qui coordonne en principe les djihadistes de cette région, vient de se rallier ce 24 juin à l’État Islamique.

Les djihadistes chez les amis de Poutine

En Asie centrale, Poutine se voudrait le successeur de Staline, qui s’était arrangé pour que Moscou arbitre les rivalités des différents peuples. Mais il n’arrive pas à régler le problème du Tadjikistan et de la Ferghana, la grande zone peuplée de la région, où les islamistes prennent du poids.

Rappelons que la région a été découpée au début du XXe siècle par une frontière dessinée par Staline qui était alors commissaire aux nationalités. Là comme ailleurs il a soigneusement dessiné cette frontière de manière à ce que chaque peuple de la région ait une partie de sa population qui soit minoritaire dans le territoire du voisin. Cela de façon à ce que chaque peuple en appelle à Moscou pour arbitrer les conflits inévitables, chacun voulant brimer sa minorité.

carte-Etat-islamique-DiplowebCarte : source T.Merle pour Les Clionautes avril 2015 / Conférence de David Gauzere cf article Diploweb 7 mars 2015.

Or la partie nord de l’Afghanistan, où le fameux commandant Massoud avait résisté aux talibans jusqu’à son assassinat, est en train de tomber sous leur contrôle et, le 24 juin, les derniers loyalistes assiégés dans Kunduz lançaient des appels au secours à Kaboul. Les talibans tadjiks traversent le Tadjikistan voisin et interviennent dans les conflits ethniques de la vallée de Ferghana. Mais apparemment Poutine n’a pas les mêmes moyens que Staline pour faire valser les dirigeants et envoyer les trouble-fêtes au goulag.

De même ses amis locaux sont impuissants à stopper les islamistes qui franchissent la frontière chinoise pour aider leurs frères Ouïgours (peuple turcophone musulman). Nous parlerons dans une prochaine lettre des démêlés de Pékin avec les musulmans.

En Syrie, Poutine appuie activement Bachar El Assad et lui a permis de survivre à la révolte démocratico-religieuse de la majorité sunnite. Ce faisant il a ouvert la porte aux djihadistes, d’abord d’Al Qaïda puis de l’État islamique.

Mais Assad a longtemps ménagé ces deux groupes pour concentrer ses forces contre l’Armée Syrienne Libre, réduite à peu de choses aujourd’hui, tandis que le veto russe au Conseil de sécurité a torpillé les tentatives de règlement politique avec les partis d’opposition. L’appui de la Russie a donc eu pour résultat concret la conquête par les djihadistes de la plus grande partie de la Syrie.

Bref, cette réputation de « rempart contre l’islam » semble provenir davantage d’une propagande efficace que de la réalité du terrain.

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