SOURCE Le JDD dévoile l’enquête du Centre de recherches politiques de Sciences-Po (Cevipof), qui confirme une coupure parfois vertigineuse entre les citoyens et leurs représentants.
47% des sondés en arrivent à souhaiter un « homme fort » qui ne se préoccuperait « ni du Parlement ni des élus ».
Au terme d’une année pourtant marquée par les tragédies terroristes de janvier et de novembre, la « peur » n’est citée qu’en 7e position (l’item est même en recul de 1 point par rapport à 2014).
Mais, comme l’observe l’universitaire Martial Foucault, directeur du Cevipof, les trois premiers qualificatifs évoqués par les Français en disent long sur l’état d’une société de la défiance : la lassitude donc (31 %, =), puis la morosité (29 %, – 1 pt) et la méfiance, sentiment de plus en plus prégnant (28 %, + 2 pts). En quatrième position seulement, distancée mais en hausse : la sérénité (18 %, + 2 pts).
« Il y a le sentiment, renchérit Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof et coresponsable de l’enquête, qu’on est dans des problèmes dont personne n’arrive à sortir. Il faut que quelque chose se passe. » [...]
Deuxième leçon marquante de cette enquête Cevipof : qu’il s’agisse de la vie personnelle ou de la vie publique, l’écart se creuse entre France d’en haut et France d’en bas. [...] 88 % des Français estiment qu’on ne se préoccupe pas de leur avis, quand 81 % des personnes interrogées éprouvent des « sentiments négatifs » envers les élus (déception mais aussi, à un degré moindre, dégoût et même détestation), quand 76 % des sondés (– 1 pt) les jugent « plutôt corrompus »?
Troisième leçon : le rejet de la politique et des politiques, d’une violence d’autant plus troublante que les Français, souligne Foucault, sont un des peuples les plus politisés d’Europe. [...]
Quatrième leçon : le désir – ou le besoin – d’autorité. [...]
À l’approche de la présidentielle, c’est un ultime avertissement. Pour tous, sans exception.