Guillaume Roquette (Directeur du Figaro Magazine) dénonce le complotisme d’Emmanuel Macron : «C’est une défaite de la pensée de fantasmer un complot mondial. L’impression qu’il n’y a pas d’autres arguments. Quand les gens entendent “lèpre nationaliste”, ils se disent qu’on les prend pour des imbéciles.»
– LCI, 21 mai 2019, 23h29

«Sur l’attaque consistant à dire que “Le Rassemblement National est manipulé par des puissances étrangères qui veulent notre disparition”, je trouve que c’est assez artificiel. Quand Barack Obama enregistrait des vidéos pour dire qu’il votait Emmanuel Macron, personne n’a que c’était les Etats-Unis qui étaient en train de manipuler la campagne. Et quand j’entends cette après-midi Bruno Le Maire qui dit que l’euro n’a jamais été aussi menacé, il est temps que cette campagne s’arrête parce que dans 3 jours, on nous dira “Faites des réserves, descendez dans les caves, les bombardements vont arriver”. Tout ça n’est franchement pas raisonnable.

Ils en font trop. Je rappelle qu’en 2014, Marine Le Pen était arrivée en tête, et largement en tête, et le monde ne s’est pas arrêté de tourner. Moi je trouve que c’est pas … Politiquement, ça peut être efficace, mais d’un point de vue civique, je trouve que dramatiser artificiellement la situation c’est aussi un moyen de mettre à distance une partie des citoyens qui vont dire “Tout ça on n’y croit pas”, et ça ne crédibilise pas la politique.

Cette diabolisation est contre-productive parce que ce que montre cette “Internationale Nationaliste”, c’est qu’il y a d’autres pays dans lesquels les idées populistes sont à l’oeuvre. C’est le cas en Italie, c’est le cas aussi au-delà du contient européen aux Etats-Unis, au Brésil, et la réalité c’est que c’est pas la catastrophe thermonucléaire dont on est menacé chaque jour par les dirigeants Français. Et ça, les gens le voient. Donc il y a une espèce d’outrance qui n’a jamais marché, ça se résume en un nom, c’est la diabolisation.

C’est une forme d’échec, je trouve, de défaite de la pensée que de fantasmer comme ça une espèce de complot mondial. On a l’impression que c’est parce qu’il n’y a plus d’autre arguments chez les gens qui y recourent.

Dire “C’est la lèpre nationaliste”, comme le fait Emmanuel Macron, je pense que c’est une erreur, et en plus quand les gens entendent ça, ils disent “Mais on nous prend pour des imbéciles !”. Expliquons-nous pourquoi ça ne va pas, disons aussi qu’on a le droit d’être d’accord, mais arrêtons de criminaliser d’autres opinions»

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