La décision du Conseil d’Etat est tombée deux petites heures seulement avant le début prévu du spectacle, après un avis pourtant favorable du tribunal administratif.
« Je n’ai jamais vu un ministre de l’Intérieur demander aussi vite une saisine », reprend Cédric, un grand gaillard au crâne chauve. « Manuel Valls a dû passer quelques coups de fil à des copains. » A côté des CRS déployés sur place, ce chef d’entreprise évoque « une République bafouée ». Comme lui, tous dénoncent une atteinte à la liberté d’expression, et sont partagés entre colère et incompréhension. (…)
Beaucoup de fans ne revendiquent aucune appartenance politique. Pourtant, une jeune femme d’origine maghrébine crie dans la foule : « Ni droite, ni gauche, vive les extrêmes ! » Et de confier un peu plus tard : »Marine Le Pen est contre nous, mais au moins, elle est réglo. »
D’autres vont quitter le PS, comme Nordine, 29 ans, négociateur en immobilier. Dans sa main gauche, un panneau « Hollande dégage ». Main droite, sa carte du parti, qu’il compte déchirer « après ce que le gouvernement a fait ».
Pour ceux qui restent, les mots sont souvent les mêmes. « Dictature, Corée du Nord, Chine, Union soviétique… » André, 78 ans, sympathisant frontiste, fait part de son écœurement. « On se croirait en 1940″, selon ce retraité de l’industrie qui évoque le poids « d’un lobby ».
Autre génération, autres références. « J’ai un peu l’impression de me retrouver dans le ‘Seigneur des anneaux’ face à Sauron », résume Julien, un bouquet de roses blanches à la main. « Après, je trouve ça marrant. Je sais que je peux me faire rembourser les billets. »(…)