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david MIEGE
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17 août 2012 01:30

Au cours de mois de juillet, l’indice des prix alimentaires de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a augmenté de 6%. En cause : la sécheresse aux Etats-Unis et sur les bords de la mer noire. La FAO tire la sonnette d’alarme et met en garde contre une nouvelle crise alimentaire.

Alors qu’ils avaient tendance à diminuer au cours du 2e trimestre, les prix des céréales se sont envolés en juillet, en raison de la sécheresse qui touche certaines régions du monde comme les Etats-Unis, la Russie et l’Ukraine. La FAO a publié ce 9 août son indice des prix alimentaires qui mesure les fluctuations mensuelles des cours internationaux d’un panier de produits alimentaires de base. Le mois dernier, cet indice a atteint 213 points, soit une hausse de 12 points (+ 6%). Le rebond s’explique largement par une forte progression des cours des céréales et du sucre. Si l’on est encore loin du pic de 238 points atteint en février 2011, l’organisation onusienne lance néanmoins un cri d’alarme : nous pourrions revivre une nouvelle crise alimentaire au niveau mondial et les pays du Sud en seraient les premières victimes.

Ce qui inquiète surtout, c’est la forte hausse des prix céréaliers : + 17% en un mois ! Avec un indice de 260 points, on n’est pas loin du maximum de 274 points atteint en avril 2008.  Aux États-Unis et dans la zone de la mer Noire, la sécheresse est la principale cause de l’augmentation du prix des céréales et du soja. Au cours des trois derniers mois, les prix du maïs ont augmenté de 29 %, ceux du blé ont bondi de 41 % et ceux du soja de 17 %. Il s’agit de la plus grave situation climatique depuis un quart de siècle aux États-Unis, qui touche aujourd’hui 48 États. Les zones agricoles du « Mid West » (l’Iowa et le Nebraska notamment) connaissent une sécheresse jugée extrême, alors que les trois quarts du maïs et du soja américains sont produits dans ces États. Plus de la moitié des États-Unis est désormais considérée comme « zone sinistrée ». Les agriculteurs vivant là deviennent éligibles à plusieurs aides fédérales, notamment les prêts d’urgence bonifiés. Le bassin de la mer Noire essuie aussi des conditions climatiques difficiles. La Russie, le Kazakhstan et l’Ukraine sont les principaux pays concernés, précise la FAO.

Des millions de personnes en danger

L’organisation met donc en garde, estimant qu’une crise alimentaire comparable à celle de 2007-2008 menace la planète, si certains pays commencent à restreindre leurs exportations. A l’époque, l’explosion des prix des aliments avait provoqué de violentes manifestations dans plusieurs pays, comme en Egypte, au Cameroun ou encore en Haïti. Par ailleurs, selon Oxfam, le monde fait face à un double danger, avec la combinaison des prix en hausse et des réserves en baisse. Pour l’ONG, la hausse du prix des céréales pourrait conduire des millions de personnes dans le monde à souffrir de la faim et de malnutrition. Près d’un milliard d’êtres humains sont déjà trop pauvres pour se nourrir sans assistance.

Si les céréaliers peuvent se réjouir de cette conjoncture, les éleveurs se trouvent dans une situation difficile. Même chez nous, la hausse des prix céréaliers a des répercussions négatives pour les éleveurs, déjà en proie à de nombreuses difficultés. L’alimentation du bétail représenterait, selon les spécialistes, 62 % des coûts de production des éleveurs. Cette part ne cesserait d’augmenter, alors que les prix de vente, eux, n’évoluent pas. Les professionnels du secteur ont rappelé cette réalité lors de la Foire de Libramont en juillet dernier. Et ce qui est vrai en Belgique, l’est tout autant en France et dans le reste de l’Europe.

Par ailleurs, les consommateurs sont aussi touchés, alors que la crise frappe déjà sévèrement leur pouvoir d’achat. Selon les analystes, une hausse des prix des produits alimentaires dans les rayons est plus que probable dans les mois à venir. Il faut ainsi rappeler que la flambée du cours des céréales avait causé une augmentation globale de 6 à 7 % lors de la crise de 2007-2008, avec des nuances différentes selon les produits (+18 % pour les œufs, + 14 % pour les volailles et près de 30 % pour les pâtes alimentaires, par exemple). Le drame est que les prix atteints il y cinq ans ne sont pas redescendus une fois la crise passée, à quelques exceptions près. On peut donc craindre que l’augmentation actuelle ne soit pas éphémère.

Pour les populations des pays du Sud en tous cas, la situation actuelle est dangereuse. Certes, elle n’est pas (encore ?) comparable à celle de 2008, quand une trentaine de pays avaient été secoués par de violentes émeutes de la faim. En début de semaine, la Banque mondiale avait déjà tiré la sonnette d’alarme, mettant en garde contre les « conséquences néfastes »  de la hausse actuelle des cours pour les populations pauvres. « D’après les projections, il n’y a pas de véritable menace de pénurie. Cependant, les stocks sont bas et, à l’échelle mondiale, les récoltes resteront tributaires de la météorologie »,  indiquait-t-elle.

On doit s’interroger sur les raisons réelles qui poussent les prix à augmenter fortement dans la mesure où la sécheresse est un élément factuel. Certes, on rétorquera qu’en agriculture comme ailleurs, la mondialisation a ses défauts qui font qu’une catastrophe naturelle dans une région du globe provoque des craintes pour la planète entière. A qui la faute ? La réponse est claire : la spéculation. Avec comme conséquence l’enrichissement de quelques-uns au détriment d’un grand nombre de personnes fragilisées par la pauvreté et la malnutrition.

JJD

Photo: ©FAO

Le classement des pays producteurs

Selon les dernières statistiques de 2012, les principaux pays producteurs de blé sont l’Union européenne avec 131,1 millions de tonnes produites, les États-Unis (60,5 millions T) et la Russie (49 millions T). Les États-Unis restent le plus gros producteur et exportateur de maïs, avec 40 % de la production mondiale, suivis par la Chine (20 %). Pour le soja, les trois principaux pays producteurs et exportateurs sont les États-Unis, le Brésil et l’Argentine.

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