Mario Draghi a sans doute signé la fin de l’ère du capitalisme financier au sens stricto sensu du terme
La dette française a disparu
La décision de Draghi de faire passer l’Europe en taux négatifs, risque d’avoir des conséquences bien plus importantes que ce qui est perçu actuellement, pour une raison très simple : sans le vouloir , il a sans doute signé la fin de l’ère du capitalisme financier au sens stricto sensu du terme.
En effet, le capitalisme financier ne se justifie que par la rentabilité de ce capital. Les monnaies alternatives ou locales qui se sont érigées dans des pays comme la Suisse (système Wir ou autres monnaies locales) (2) ont en général cette particularité de perdre de la valeur avec le temps ou de ne pas être rémunérées, ce qui incite les gens à ne pas les conserver et à les faire circuler rapidement (théorie de la vitesse de circulation de la monnaie). Grâce à cela, la monnaie en question retrouve sa qualité de moyen d’échange et n’est plus une fin en soi. Sa thésaurisation devient alors contre-productive et les excès de monnaie se réinvestissent dans l’économie réelle et la production de biens et services.
La raison pour laquelle Mario Draghi a pris cette décision n’est certainement pas la volonté de mettre fin à un capitalisme financier débridé et criminel. Elle trouve sans doute son origine dans tout autre chose.
Depuis le début de l’été 2014, le dollar perd de sa puissance , au niveau planétaire, même si il monte par rapport à l’Euro du fait des interventions des banques du fait de l’accroissement du différentiel de taux d’intérêt, la rémunération d’un placement en dollars devenant plus attractive pour les capitaux qui circulent que la rémunération des placements en euros. J’ai toujours pensé que vu sa construction imbécile, fragilisante et destructrice pour les pays de la zone, Allemagne exceptée, l’euro n’était que la variable d’ajustement de la politique monétaire américaine.
En ce sens Mario Draghi, une fois de plus, ne fait rien d’autre que d’exécuter les consignes données par les banques américaines qui se trouvent être les actionnaires de la FED (3). En rendant les placements financiers en Europe peu attractifs, il espère sans doute que les capitaux vont se diriger d’urgence vers le territoire Nord-Américain , attirés par ces différentiels de taux, faisant revenir vers les banques américaines des liquidités qui leur manquent cruellement et leur permettant ainsi de continuer à acheter les émissions obligataires du Trésor Américain qui ne trouvent plus preneur sur les marchés étrangers . Le système américain fonctionne désormais totalement en circuit fermé.
Il y a trois moyens d’asseoir sa puissance pour un pays : son armée, son économie, sa monnaie. Et pour la monnaie cela va même beaucoup plus loin car le pouvoir régalien de création monétaire est ce qui permet à un Etat de faire en sorte que le politique ne soit pas soumis à la finance, mais que la finance reste un soutien à l’économie en suivant les stratégies décidées par le politique.
C’est le fameux « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille » de Charles de Gaulle.
La Russie et la Chine ont parfaitement compris tout cela et n’ont pas fait cette folie de céder ce pouvoir régalien à des banques privées, ce que nous avons fait en 1973, par la Loi Pompidou Rotschild, reprise par l’article 123 du Traité de Lisbonne qui rend les Etats Européens dépendants du système bancaire Européen puisque la BCE n’a pas le droit de leur acheter directement leur dette (ce que l’on appelle la monétisation directe).
Avouez qu’aujourd’hui, si la BCE pouvait acheter directement les obligations émises par l’Etat Français à taux négatif, la dette de la France serait très vite résorbée et les économies recherchées par le gouvernement immédiatement trouvées puisque le budget des intérêts financiers dûsaux détenteurs de sa dette, versés par l’Etat français représentent son premier poste de dépenses budgétaires et que l’Etat pourrait même rembourser MOINS que ce qu’il a emprunté !
Le 17 Juillet dernier, les BRICS ont décidé de monter un système financier parallèle au système occidental actue : le CRA (4), avec une banque devant se substituer au FMI, de manière à se protéger des variations monétaires déstabilisantes et de l’hégémonie du dollar. La Chine a déjà monté une banque d’investissement de ce type (5). Le Fond monétaire Africain vient de se créer(6) et la Russie est en train d’annoncer la création d’un système de paiements indépendants du système « occidental » se libérant ainsi de l’influence du réseau Swift, qui a été utilisé par les Américains à plusieurs reprises comme arme géopolitique (exclusion de pays comme l’Iran et le Vatican) leur rendant ainsi très difficiles toute transaction internationale . Les différents pays ayant également annoncé leur intention de cesser leurs transactions en dollars(7).
Dans ce contexte monétaire explosif, le dollar perd de sa superbe et risque d’en perdre encore plus si jamais son abandon pour les transactions internationales lui faisait perdre un statut essentiel: la cotation des matières premières en dollars , ce qui oblige les pays ayant besoin de ces ressources , énergétiques en particulier, de détenir des réserves en dollars en abondance .
Les Américains ont toujours résolu leurs problèmes monétaires par des guerres exportées en dehors de leur territoire. Là ils se trouvent confrontés à un double problématique: la fin du statut du dollar comme monnaie étalon, et la fin du contrôle de la production énergétique , avec en particulier les cotations gaz et pétrole en dollars .
Sous ce prisme, On comprend mieux ce qui se passe en Ukraine ou au Proche Orient. Le contrôle de ces productions leur permettant de continuer à assurer ces cotations en dollars, évitant ainsi le scénario catastrophe que je viens de décrire avec la disparition des réserves en dollars de la part de pays qui n’en auront plus besoin. Israel et le gouvernement de Kiev jouant ainsi le même rôle de protection des intérêts Américains, le premier dans la riche zone du Proche Orient,, le second par son rôle prépondérant de vecteur de transmission (gazoducs) de ces énergies ainsi que la richesse de ses sous-sols .
Revenons donc à nos taux d’intérêts négatifs récemment décrétés par Mario Draghi. Le gros problème actuel des Américains est qu’ils fonctionnent totalement en circuit fermé, les USA n’arrivant plus à placer leurs émissions obligataires sur les marchés étrangers. Dans ce contexte, la FED crée de la monnaie pour les banques privées (qui sont de plus ses propres actionnaires), ces dernières prêtant ces créations avec marge à l’état américain .
Ceci n’a de sens que si il y a un risque pour les banques, la justification du taux d’intérêt étant la rémunération du risque. Dans la mesure où ce risque n’existe plus puisque l’Etat lui-même contregarantit les banques prêteuses, ce taux devient un enrichissement sans cause, spoliation totale du contribuable américain . Cette notion d’enrichissement sans cause devrait d’ailleurs être développée et discutée ouvertement, car elle fait référence à des notions philosophiques et religieuses qui sont à mon avis plus éclairantes que les idéologies économiques du XIXème siècle pour analyser notre société actuelle et son régime de dette. Mais ce n’est pas l’objet de ce billet.
Concernant les taux, la même démarche s’applique totalement à l’Europe, si ce n’est que les banques Européennes ne sont pas actionnaires de la BCE. et aujourd’hui , à l’heure ou la BCE a décidé que les taux négatifs étaient la solution pour les pays Européens , il apparait donc logique et cohérent que la seule suite de cette décisionsoit la monétisation directe de la BCE aux Etats, leur permettant ainsi, grâce à ces taux négatifs de faire baisser leur dette et de faire des économies budgétaires extrêmement importantes.
Ceci implique la récupération du pouvoir régalien de création monétaire par la puissance publique, le pouvoir régalien devant être rendu au peuple, de manière à ce qu’à nouveau , le politique puisse reprendre la main sur le financier et non être soumis à une caste d’intérêts privés qui n’ont que faire de l’intérêt général et qui n’agissent qu’en fonction des desideratas de leurs actionnaires.
Et la dernière décision de Mario Draghi doit OBLIGER les politiques Européens à se poser la question dans ces termes de manière à ce que cette nouvelle baisse des taux soit pour une fois utile aux peuples Européens eux-mêmes et non à leurs seuls financiers .. Car dans ce contexte, toute émission obligataire étatique dont la vente sera assortie d’intérêts financiers devient un enrichissement sans cause pour celui qui va acheter cette émission puisque lui obtient de l’argent à taux négatif et une spoliation inique de la population de cet Etat qui en aura à payer le prix.
Il suffit donc que les banques placent leur trésorerie à la Banque de France , qui reversera le différentiel à l'Etat Français .
Sources :
1 : Décision BCE :baisse du principal taux directeur à 0,05%, du taux de facilité des dépôts de -0,10% à -0,20%
http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/09/04/la-bce-abaisse-son-principal-taux-directeur-a-0-05_4482182_3234.html
2) Système Wir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_WIR
3) http://www.wikiberal.org/wiki/Federal_Reserve_System
4 ) Le CRA : http://www.treasury.gov.za/brics/crp.aspx
6) http://reseauinternational.net/loeuvre-kadhfi-continue-fonds-monetaire-africain/
7) http://reseauinternational.net/russie-chine-abandonnent-officiellement-dollar-monnaie-dechange/
Caro pour WikiStrike http://www.wikistrike.com/2014/09/la-dette-francaise-a-disparu.html