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5 mai 2014 00:57

Entre le bas et le haut des classes moyennes, ...

Le plan d’économies de 50 milliards proposé par le gouvernement doit être voté à l'Assemblée nationale mardi. Les classes moyennes, symbole de la France des Trente Glorieuses, vont payer un lourd tribut. Mais elles ne seront pas les seules cette fois.

Atlantico : Alors que la crise perdure, la France s'apprête à adopter un nouveau volet de mesures d'économies pour assainir ses finances publiques. Un ensemble de décisions peu populaires, d'aucuns dénonçant la pression que ces réformes vont ajouter sur des classes moyennes décrites comme les "vaches à lait fiscales" du gouvernement. Au regard des économies prévues par Manuel Valls ces affirmations sont-elles confirmées par les chiffres ?

Etienne Douat : Il convient tout d’abord de souligner la rupture dans laquelle se situe le gouvernement qui a changé de Premier ministre avec la très forte pression allemande. Le programme d’économies de dépenses est réparti sur les trois éléments qui composent les Finances publiques : l’Etat devra économiser 18 milliards d’euros, les Finances sociales 21 milliards et les Finances locales 11 milliards.

[...] L’année 2015 sera l’année test pour la France sur le plan de ses Finances publiques. La boîte à outils de Manuel Valls comporte plusieurs instruments : réduction des dotations de l’Etat aux Finances locales, réduction du nombre de collectivités territoriales, baisse des remboursements des dépenses d’assurance maladie, réduction du nombre de fonctionnaires. [...] croissance. Le chiffre est trop optimiste. Mais depuis 2013 , un nouvel organisme indépendant donne ses estimations plus réalistes : le haut conseil des finances publiques. Par conséquent, le gouvernement est coincé et les observateurs avertis compareront les deux taux de croissance… 

Philippe Crevel : Selon la définition de l’Observatoire de la pauvreté et du Credoc, les classes moyennes concernent les ménages se situant entre les 3e et 8e décile voire le 9e décile. C’est à dire tous les ménages à l’exception des 30% les plus modestes et les 10% les plus riches. Mais entre le bas et le haut des classes moyennes, les situations et les modes de vie peuvent fortement différer. [...] La part des Français qui se situent autour de ce revenu médian reste constante depuis une vingtaine d’années. L’augmentation des dépenses obligatoires et affectées (logement, remboursement d’emprunts, abonnement…) donne un sentiment d’appauvrissement qui est accentué par la porosité croissante des classes sociales. 

Ces classes moyennes, et surtout les ménages se situant du 5e au 9e décile, ont toutefois été fortement touchés par les mesures relatives à la politique familiale. Le plafonnement du quotient familial à 1500 euros et la division par deux de la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje) pour les ménages dépassant un certain plafond de ressources contribuent à éroder le pouvoir d’achat des classes moyennes. Près de 200 000 familles devraient être touchées par ce dispositif d’ici 2017. Le gel des prestations familiales jusqu’au 1er octobre 2015 même s’il concerne toute la population touchera par définition les classes moyennes. 

Depuis 2011, le gel du barème de l’impôt sur le revenu a accru le poids de cet impôt sur les classes moyennes. Il ne faut pas oublier que seulement la moitié des ménages sont assujettis à l’IR. Le gouvernement Ayrault n’a atténué ce gel que pour les contribuables les plus modestes avec l’augmentation de la décote. Du fait de la non actualisation du barème, 400 000 ménages sont devenus imposables. Ce gel a pris fin pour l’impôt payé en 2014 mais il n’y a pas eu d’actualisation rétroactive.

Les classes moyennes supérieures, toujours celles se situant entre le 5e et le 9e décile ont été les perdantes de ces dernières années car elles ont supporté l’augmentation des prélèvements, des cotisations sociales tout en devant accepter une baisse de leurs prestations sociales. Les dernières mesures décidées par les partenaires sociaux les visent plus particulièrement. Ainsi, la non revalorisation des retraites et des complémentaires complétée par le gel des allocations familiales, l’allongement du délai de carence pour l’indemnisation des cadres ayant perdu leur emploi diminueront de manière sensible le pouvoir d’achat du cœur de la société française.

En revanche, les classes moyennes inférieures ont pu limiter les dégâts avec l’aide au logement et certaines allocations familiales mais cette catégorie se sent happée par les classes modestes et éprouvent un fort ressentiment à l’égard du politique. Elles sont en situation de fragilité avec l’augmentation du chômage.

Dans le même temps, quelle va être la contribution des classes défavorisées aux efforts de redressement des comptes publics ?


Etienne Douat : La contribution des classes défavorisées aux efforts de redressement va aller croissant. C’est le paradoxe de l’élection de François Hollande, pour remercier tous ceux qui ont voté pour lui, il va taxer les plus nombreux. D’abord, il a donné l’image de celui qui a taxé les riches avec des impositions emblématiques. Maintenant, il va falloir taxer les pauvres car ils sont les plus nombreux. 

Ce mouvement a déjà commencé avec la fiscalisation des heures supplémentaires. Nicolas Sarkozy avait défiscalisé les heures supplémentaires, c’était le « travailler plus pour gagner plus ». Maintenant, on a supprimé cet avantage pour encaisser un peu plus de 3 milliards d’euros en taxant ceux qui travaillent plus que la norme. Regardons le barème de l’impôt sur le revenu. Il est très simple, il comprend 6 tranches dont la plus élevée est la tranche à 45%. Le gouvernement dispose d’un gisement très important : les pauvres ne payent pas d’impôts sur le revenu ou très peu. [...]

Par ailleurs, le début du quinquennat Hollande a souvent été marqué par l'idée que les plus aisés seraient eux aussi amener à se serrer la ceinture. Qu'en est-il concrètement sur le dernier volet d'économie ?


Etienne Douat : Les plus aisés et les classes moyennes ne vont pas être oubliés dans ce programme de rigueur. Ainsi, la loi de financement de la sécurité sociale prend chaque année des mesures de déremboursements de médicaments qui touchent d’abord les classes moyennes et ces mesures vont augmenter ce qui va avoir pour effet d’augmenter les charges des mutuelles qui devront relever leurs cotisations.[...] Colbert le disait déjà avec humour et réalisme, il n’est pas utile de tuer l’oie, il suffit de la plumer régulièrement.

Pour les administrations, la direction du budget a clairement identifié tous les gisements d’économies possibles et là aussi, le chemin de la rigueur va être choisi pour les années 2015 à 2017. L’usager sera par conséquent de plus en plus taxé pour des services qui jusque là n’étaient pas trop chers, les cantines scolaires, les droits d’inscription dans les universités et bien d’autres choses.[...] Les tarifs publics seront donc relevés pour que les impôts n’augmentent pas trop et personne ne pourra rien dire puisque ces tarifs étaient insuffisants. Les tarifs de l’électricité et du gaz augmentent et personne ne s’en plaint car tout le monde paye.

[...]

Le dernier plan exposé par Manuel Valls, dans sa forme initiale, concerne essentiellement les bénéficiaires de prestations sociales et concerne donc les ménages à faibles revenus et les classes moyennes et surtout les tranches basses de cette dernière catégorie...

[...]La faiblesse des salaires est la conséquence de cette externalisation et de la redistribution. Les cotisations sociales ne sont que l’expression de ce système avec en contrepartie des salaires faibles qui augmentent peu voire qui diminuent pour les nouveaux entrants. 

 Il faut casser au plus vite cette spirale vicieuse qui tire vers le bas l’économie et qui accroît, de jour en jour, le nombre de victimes. L’intérêt du plan Valls s’il s’accompagne d’un réel effort en matière d’offre, est de mettre l’accent sur l’impossibilité de poursuivre la socialisation des revenus.


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CITOYENS ET FRANCAIS - dans Economie