Voici deux semaines a été annoncé un nouveau rapport du GIEC, cette antenne climatique de l’ONU. Annoncé mais pas dévoilé puisque ce document de 1.200 pages n’a pas encore été officiellement publié. Les journalistes des grands médias ont dû se référer à un résumé de 34 pages intitulé « Synthèse pour les décideurs ».
Or « c’est l’un des documents les plus étranges qu’il m’est arrivé de rencontrer », commente la journaliste canadienne spécialisée Donna Laframboise. Cette dernière relève que, contrairement à ce qui se passe pour des rapports d’autres institutions, ce ne sont pas les journalistes qui, après avoir lu le texte complet, en ont rédigé un condensé explicatif pour le grand public.
Là, c’est l’organe politique du GIEC qui a fait le travail, en se permettant même de modifier notablement les termes et concepts utilisés par les scientifiques dans leur rapport originel et dans leur première ébauche de résumé. Donna Laframboise est auteur de deux ouvrages qui ont établi que le GIEC est un organe politique et non pas scientifique.
Termes et concepts altérés « pour assurer la cohérence »
Le site du GIEC publie ainsi une liste de 16 pages de « modifications nécessaires » pour, prétendument, « assurer la cohérence de la “Synthèse pour les décideurs” ». Ainsi, très curieusement, la définition de plusieurs termes et concepts scientifiques se trouve altérée. En voici un exemple.
Les auteurs du rapport originel, que la BBC a qualifiés de « scientifiques de renom venus du monde entier », ont défini le réchauffement global avec la plus grande précaution. Leur définition est la suivante : « La hausse de la température moyenne globale de surface (GMST en anglais, NDLR) est calculée sur une séquence de trente années basée sur la période 1850-1900, sauf indication contraire.
Pour les séquences inférieures à trente années, le réchauffement global correspond à la température moyenne estimée sur ces trente années centrée sur la séquence plus courte, comptabilisant l’impact de toutes les fluctuations de températures ou tendances durant ces trente années ».
La version officielle du résumé du rapport postule que la tendance au réchauffement « est présumée se poursuivre »
Or il se trouve qu’en page 16 de la « liste des modifications nécessaires », le texte ci-dessus a été remplacé. La version officielle du résumé du rapport nous raconte donc une autre histoire, que voici : « La hausse estimée de la température moyenne globale de surface (GMST) est calculée sur une période de trente années, ou sur une période de trente années centrée sur une année particulière ou une décennie, exprimée en référence à des niveaux préindustriels sauf indication contraire.
Pour les périodes de trente années qui couvrent des années passées et à venir, la tendance actuelle multi-décennale au réchauffement est présumée se poursuivre » (nous soulignons).
Il saute aux yeux que cette dernière affirmation a été introduite alors que les scientifiques eux-mêmes ne sont pas allés aussi loin.
Les définitions de plusieurs concepts clés modifiées par une instance politique
Les définitions d’autres concepts-clés ont aussi été modifiées dans le résumé destiné aux médias, par exemple ceux de « température moyenne globale des surfaces », « température moyenne globale de l’air de surface », « élimination du dioxyde de carbone », « réduction (du changement climatique) » ou « émissions négatives ». « La science abdique, la politique triomphe, c’est comme ça que ça fonctionne au pays du GIEC », commente Donna Laframboise.
La journaliste décrit le processus de manipulation. D’abord, les experts rédigent un volumineux rapport. Puis ces mêmes experts élaborent un résumé.
Ensuite des tierces parties, qui sont des avocats ou des diplomates représentants des Etats membres de l’ONU, se concertent lors de réunions secrètes interdites aux journalistes, pour réécrire le résumé.
Ces mêmes tierces parties votent pour « approuver » ce qu’elles ont réécrit, accordant à ce nouveau résumé un statut officiel – mais désormais non-scientifique.
Le résumé ainsi réécrit est présenté lors d’une conférence de presse, sous le titre de « Synthèse pour les décideurs ». Ces officiels revisitent ainsi le rapport originel complet et publient une liste de seize pages de « modifications nécessaires ».
Le GIEC est un organe politique
Plusieurs de ces modifications sont supposées marginales. Mais alors, commente Donna Laframboise, « sSil n’y a rien de décisif, pourquoi leurs réunions sont-elles secrètes ? ». Plus encore : de quel droit des définitions établies sur des critères politiques peuvent-elles prendre le pas sur des définitions établies sur des critères scientifiques ?
Le GIEC « est un organisme grotesque constitué pour fonctionner ainsi, ce qu’il fait depuis trente ans, et ne devrait jamais être considéré comme un organe scientifique », conclut Donna Laframboise.