Mardi 17 février, le président russe était en visite officielle à Budapest pour rencontrer le Premier ministre hongrois, Victor Orban. Les deux dirigeants ont établi une série d’accords de coopération économique, principalement concernant le gaz russe, qui sont loin de faire l’unanimité au sein de l’UE.
« Ce n’est pas la première année que la Russie s’impose en tant que plus gros partenaire économique de la Hongrie en dehors de l’Union européenne », a déclaré Vladimir Poutine lors de la conférence de presse organisée à l’issue des négociations, mardi 17 février. Le chef du Kremlin, convaincu que les deux pays disposent d’un réel potentiel pour élargir la coopération dans le domaine économique, a promis de tout mettre en œuvre pour que les échanges, qui avaient diminué et ne s’élevaient qu’à environ huit milliards de dollars en 2014, repartent à la hausse.
« Je pense personnellement que notre coopération et nos relations amicales servent les intérêts non seulement de la Hongrie, mais aussi de toute l’Europe » a fait savoir de son côté Victor Orban.
« Il est important pour nous que la Russie reste ouverte aux produits hongrois, et que la Hongrie reçoive des ressources énergétiques de la Russie », a ajouté le Premier ministre, soulignant qu’il était illusoire de penser que l’Europe pouvait assurer sa sécurité énergétique sans la Russie. La Hongrie, qui dépend à 80 % du gaz russe, comptait fortement sur cette visite du président Poutine pour réaffirmer les liens bilatéraux.
Le contrat qui garantit les livraisons de gaz russe à la Hongrie, conclu en 1996, arrive en effet à échéance cette année, en 2015. Jusqu’ici, la Hongrie devait payer le gaz qu’elle s’était engagée à acheter, même si sa consommation effective s’avérait inférieure. « Nous avons convenu que dorénavant, au vu de l’amélioration de nos relations, nous ne payerons que le gaz que nous aurons utilisé », s’est félicité le Premier ministre hongrois, précisant qu’il s’agissait d’un « grand soulagement ».
Le président russe a quant à lui souligné que, malgré l’avortement du projet de gazoduc South Stream,« la coopération russo-hongroise pourrait servir à élargir la collaboration avec la Turquie dans le cadre du Turkish Stream », ce projet de gazoduc alternatif devant relier la Russie à l’Europe par la Turquie. Le South Stream, qui devait servir à fournir du gaz à l’Europe via la Bulgarie, a été suspendu en décembre 2014 « en raison de la position hostile de l’Union européenne », a rappelé le chef d’État russe.
Victor Orban, surnommé l' »enfant terrible » de l’UE par les Européens, s’est toujours opposé auxsanctions européennes à l’encontre de la Russie, ne les ayant soutenues qu’« à contre-coeur », pour reprendre ses propos, prononcés dès l’adoption de la première vague de mesures punitives contre le Kremlin, l’été dernier. Estimant ces sanctions « très dommageables », le Premier ministre Hongrois avait alors déclaré qu’elles « revenaient à se tirer une balle dans le pied ».
Les deux dirigeants ont aussi largement abordé le sujet des événements en Ukraine. Le Premier ministre hongrois, qui a soutenu la position de la Russie dans ce conflit en cessant de livrer du gaz à l’Ukraine dès septembre 2014, s’est dit partisan d’une solution pacifique. Vladimir Poutine a de son côté souligné que les négociations de Minsk avaient débouché sur un compromis qui devrait prendre la forme d’un texte international. « Je pense que la solution de compromis qui a été trouvée pourrait être renforcée par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Dans ce cas, les accords de Minsk obtiendraient le statut de loi internationale » a-t-il précisé, ajoutant qu’il demeurait optimiste.
La dernière visite du Premier ministre hongrois à Moscou remonte à janvier 2014, soit avant l’entrée en vigueur des sanctions européennes. Aujourd’hui, la venue du président Poutine en Hongrie représente, de la part de la Russie, un geste politique fort vis-à-vis de la Hongrie, mais aussi de tous les États membres de l’UE, estime le journaliste du site d’information russe Expert Gevorg Mirzaian. « La Russie, malgré les sanctions, assure le renforcement de sa coopération avec les États européens à titre individuel » analyse ce dernier.
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