L'hébergement d’urgence, vous connaissez ? C’est en priorité le SAMU social qui offre à des milliers de personnes une chambre d’hôtel, sans laquelle elles dormiraient dans la rue. L’hébergement d’urgence, c’est – normalement – du provisoire. Mais chacun sait ce qu’il en est du provisoire, hein : souvent, il dure, il dure…
C’est le cas de cette chambre d’hôtel, à Aubervilliers, occupée depuis 2010 par une famille géorgienne de trois personnes, en attente d’une « éventuelle régularisation ». Tout est gratuit : location, eau, électricité, impôts locaux, taxe d’ordure ménagère. Rien, « rien du tout », sourit le maître des lieux… Depuis cinq ans, donc. Un hôtel tout à fait attrayant, qui abrite des chambres toutes proprettes réaménagées pour le long cours.
30.000 personnes chaque jour bénéficieraient de l’hébergement d’urgence. Et les hôteliers de transformer les chambres de leur établissement en locatifs à l’année. Pour Belaïd Belharet – on le déduit -, ça vaut le coup. Plus d’énergie à dépenser en site Internet ni brochures publicitaires ; plus la peine d’embaucher du personnel pour le ménage quotidien. Et puis, ces familles sont « tranquilles », ce sont des gens « sérieux ». C’est vrai, une clientèle de passage, ça va, ça vient, ça râle, quelle plaie !
Est-ce rentable, puisque M. Belharet casse les prix pour « l’État qui paye » ? Absolument, car à 30 euros par nuit au lieu de 65, son hôtel est rempli à l’année avec, chaque fin de mois, l’assurance de toucher 15.000 euros d’argent public. Avec le SAMU social, à quoi ça servirait de se décarcasser ? Et le parc hôtelier bientôt transformé en parc pour immigrés ?
L’hébergement d’urgence, un problème déjà soulevé dans le « compte rendu analytique officiel » du Sénat, en décembre 2012, exposant l’explosion des demandes d’hébergement d’urgence – 60 % entre 2011 et 2012 – et son coût annuel exorbitant de 460 millions d’euros.
Aujourd’hui, l’État paye – chaque nuit – une chambre d’hôtel à 30.000 personnes contre 11.000 en 2013. Pour une famille de quatre personnes, la note s’élève à 2.000 euros par mois. Des hébergés parmi lesquels beaucoup de réfugiés, de sans-papiers ; des Français, aussi.
Alors, pour faire face à cet afflux intarissable, l’État, pour faire des économies, a eu une superbe idée : développer ces hôtels d’un genre nouveau ! Ainsi, à Pantin, le SAMU social a loué un immeuble qu’il a transformé en résidence.
Des chambres confortables à 13 euros la nuit par personne, des machines à laver, une grande cuisine commune, et des assistantes sociales qui aideront les occupants. À trouver un emploi ? Pas du tout ! Elles les aideront à trouver « un logement stable »…