Le seul et véritable bilan que l’on puisse véritablement dresser de la Tunisie post-14 janvier 2011, est devenue une véritable terre d’élection du Djihad et futur Emirat-bananier est que la Troïka peut se targuer d’avoir réussi à faire redorer son blason à Ben Ali.
Grâce à elle, le despote déchu peut être doté de toutes les vertus patriotiques, d’un homme qui a apporté la prospérité économique à son peuple et qu’il lui a permis de jouir de respectabilité internationale et d’indépendance politique.
Compte-tenu du virage à 180° négocié par la Troïka qui est en train d’arrimer la Tunisie au train de la théocratie despotique sous la bannière wahhabite, il y a lieu de croire que Ben Ali était d’une toute autre trempe que les figurants de paille de la Troïka avait non seulement le sens de l’Etat mais avait de surcroît un respect des règles de la démocratie en termes de séparation de pouvoirs ! Aucun de ses hommes émargeait en même temps sur les feuilles de salaires des différents organes du pouvoir.
Avec son cortège de président-membre de la Constituante, certains membres du gouvernement ainsi que leur petit chef collectionnant des mandats pourtant incompatibles, la Troïka aurait pu servir d’exemple à des tyrans tels que Franco, Mugabe, Pol Pot, Staline, Hitler, Ceausescu, le Président Marcos, Mobutu, Amine Dada, Kadhafi, Hosni Moubarak, Mao, El Assad père et fils, Mussolini, les rois saoudiens, Videla, Pinochet, Saddam et bien d’autres despotes de sinistre réputation.
Ben Ali qui au vu de la configuration actuelle anarchique, cafouilleuse, confusionniste et délétère de la vie politique tunisienne mériterait un aigle d’or dans l’histoire politique de la Tunisie avait même refusé un jour de nommer pour incompatibilité au poste d’Ambassadeur un affairiste connu sur la place de Tunis qui voulait continuer à concilier ses activités professionnelles avec ses futures activités de diplomate.
Il était de règle chez les tyrans que leurs sbires ne pouvaient pas être affublés de plus d’un sésame à la fois. Ils veillaient comme tout bon père de famille à ce que leurs affidés avaient leur petite part du gâteau en se faisant forts d’être justes, équitables et impartiaux avec leurs obligés pour ne pas nourrir les frustrations qui pouvaient être néfastes à leur propre pérennité.
Fins stratèges, ils savaient qu’un système ne pouvait fonctionner que si ses rouages étaient distincts les uns des autres et bien huilés, sinon le système pouvait s’embrayer si l’on utilisait le même rouage à des fins différentes et contre-indiquées. Le pouvoir avait pour eux la même posologie et propriétés qu’un médicament. Pour sa bonne marche, ils le dotaient de canaux différents qui faisaient office de simple courroie de transmission entre eux et le peuple.
Des exécutants de pacotille, seul le maître absolu du pays avait le privilège d’être le détenteur réel et incontestable de tous les pouvoirs : exécutif, législatif, judiciaire et le contrôle et la censure de l’information.
Comparé au régime embryonnaire de caractère idéologique confusionniste-totalitariste, à la mode qoutbiste, où les marionnettes de l’Assemblée Nationale Constituante sont aussi membres du gouvernement, tel ce Ministre de l’Education Nationale, ou son Premier Ministre de tutelle ainsi que le Guignol-amuseur-des foules M. Marzouki, le despotisme tyrannique apparaît plus respectueux des normes politiques d’une démocratie de paillettes.
Au moins, faisaient semblant d’exercer une forme déguisée de séparation de pouvoirs, sans rien cacher à leur peuple sur les modalités unipersonnelles du pouvoir qui dans ses apparences extérieures avait toutes les allures d’une démocratie.
Il n’empêche que l’exemple tunisien est inédit en matière de don d’ubiquité, et d’hommes aux visages multiples donnant ainsi toute sa saveur à cette figure mythique de la mythologie grecque : l’Hydre de Lerne.
Ainsi la Tunisie peut se féliciter d’avoir un président qui préside, un président qui légifère et un président qui amuse. Sauf que dans ses premiers rôles, il cumule deux salaires alors que dans son troisième rôle, là où il excelle à merveille, il serait bénévole mais dédommagé très largement par le contribuable tunisien appauvri et paupérisé par un gouvernement de cumulards, incultes et incompétents menant une politique antipatriotique et de « qatarisation » du pays.
La seule et vraie réussite dont ce gouvernement de marchands de tapis made in China importé d’Ankara, de Doha et de Djeddah selon un cahier de charges wahhabite est d’avoir dépassé en accaparement et confusion de pouvoirs tous les régimes tyranniques réunis.
• Comment peut-on être à la fois membre de gouvernement et élu cumulant deux salaires et les avantages y afférents à chaque fonction ?
• Comment est-ce possible matériellement que l’on puisse être élu à 100% de son temps tout en étant ministre à plein temps ?
• Comment peut-on être à l’origine et l’élaboration des textes législatifs et en même temps les appliquer ?
• Comment peut-on être Chef de Gouvernement et répondre de la responsabilité de son gouvernement devant une assemblée dont on est soi-même membre ?
Et bien d’autres questions à l’appétit pécuniaire « gloutonesque» et périlleuses pour l’état exsangue des finances publiques du pays de ces femmes et hommes enfantés par l’hydre wahhabite et qui resteront certainement sans réponses mais qui témoignent de l’émergence d’un nouveau régime féodal dont la seule finalité est de provoquer la banqueroute financière du pays afin de le vendre au moins-disant moyennant un rial symbolique qui est généralement le créancier qui détient le plus d’hypothèques sur le débiteur.
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On reprochait à juste titre à Ben Ali d’avoir fait de la corruption un mode de gouvernement, mais paradoxalement son système n’a pas mis la Tunisie sur les genoux, il avait laissé plus de 6 mois de réserves de change au pays, nonobstant la solvabilité financière dont jouissait la Tunisie sur les marchés d’emprunts internationaux et dont les prêts étaient garantis par la signature tunisienne. Aucun de ses ministres n’était détenteurs de deux mandats, gouvernemental et parlementaire.
• Est-ce à dire qu’il avait le souci des biens publics, de la transparence et le compartimentage de la vie politique de son pays ?
Toutes choses étant égales par ailleurs, je serais tenté par répondre par l’affirmative à cause de la gestion burlesque et ubuesque de la vie politique tunisienne et des finances publiques. En effet, le néo régime tunisien s’avère être éloigné de tous les standards politiques connus qui non seulement est incapable de maintenir l’économie tunisienne à flot mais en plus il met tout en œuvre pour provoquer son insolvabilité et induire les mises en condition de la perte de la souveraineté nationale.
Pour étrangler un peuple, on l’asphyxie financièrement. La Troïka a réalisé en un temps record ce que Ben Ali pourtant un orfèvre en la matière ne l’avait pas fait en 23 ans de pillage sans précédent dans l’histoire de la Tunisie. Les réserves de change sont passées à moins de 60 jours !
La Tunisie ne peut plus emprunter directement sur les marchés des capitaux sans la caution du Qatar et des E.U. Une caution-hypothèque du pays. Mais avec des clignotants au rouge affolant, la Troïka n’en a cure de tout cela, elle est là pour jeter le pays dans la fosse aux fauves wahhabites sous la houlette de son protecteur Yankee.
Elle est telle une organisation de mercenaires que ses commanditaires lui laissent tout le loisir de piller et de mettre à sac le pays.
C’est pourquoi, ce régime n’a rien de tuniso-tunisien, il est composé de simples exécutants-marionnettes, mis en scène par leurs donneurs d’ordres pour appliquer leur agenda politique et mener le pays dans les limbes de l’histoire et en faire une proie facile et expiatoire pour les prédateurs qui pullulent dans le pays.
Rien ne permet de dire par conséquent que la Tunisie n’a fait que changer les hommes mais pas le système. Car l’ancien système en dépit de ses nombreux ratés ne portaient guère en lui les germes de la mise à mort programmée de la Tunisie tunisienne, celle de la douceur de vivre et de la sécurité pour tous.
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Passant outre les règles de bornage des frontières entre les sphères du pouvoir, violant avec outrecuidance les mandats que le peuple leur a confiés, spoliant et détournant à leur seul profit le peu de richesse du pays. Même dans les régimes tyranniques, les sous-fifres ne cumulaient pas les indemnités liées à leur fonction publique. Les tyrans avaient une approche rationnelle dans l’organisation de la vie publique. Se montrant vigilants sur le mode de fonctionnement de leur système en octroyant à chaque pion un rôle spécifique lui interdisant de remplir en même temps d’autres missions que celles qui lui étaient initialement fixées.
Eux qui se voulaient hommes protées ne voulaient pas faire jouer un rôle de personnages multiples à leurs potiches auxquels au fond d’eux-mêmes n’y croyaient pas.
Pour eux, la politique est une partie d’échecs dont ils étaient les seuls à en définir les règles de jeu, les seuls arbitres et les seuls joueurs, ce qui n’est pas le cas de la Troïka à l’imagination débordante au point qu’elle a inventé un faux-semblant de régime politique le 2 ou 3 en 1. Ministre de pacotille, élu d’opérette, adorateur-exhibitionniste, voire le cas échéant prédicateur-djihadiste-terroriste comme lors de la razzia de l’Ecole américaine et l’Ambassade U.S. à Tunis.
Tandis que la Tunisie s’appauvrit sa Troïka continue à la saigner comme l’on saigne les moutons et donner ainsi tout son sens au sacrifice d’Abraham.