Ce 8 mai 2015, le Président de la République, François Hollande, a tenu à nous informer lors de son allocution télévisée, qu’il demanderait l’ouverture prochaine des archives publiques.
Promesse déja faite lors de son élection en 2012 et qu’il ne tiendra pas jusqu’en 2017, et même lors d’un futur quinquennat, si par malheur il était réélu.
Pourquoi ?
Parce que l’ouverture de ces archives publiques révèleraient certaines vérités qu’il est préférable d’occulter car elles ne vont ni dans le sens de l’histoire, ni dans le sens de certains historiens, et encore moins de la propagande algérienne – bien au contraire.
Il en va ainsi des évènements qui se sont déroulés les jours précédents et suivants le 8 mai 1945 et pour lesquels les Algériens réclament une repentance de la France.
Mais ils ne sont pas les seuls, car le « collectif pour la reconnaissance des massacres du 8 mai 1945 en Algérie » (Sétif, Guelma, Kheratta) demande outre la reconnaissance, l’ouverture de toutes les archives, et l’inscription dans la mémoire nationale de ces évènements par le biais de gestes forts des plus hautes autorités de l’Etat, et la diffusion des documentaires relatifs à ces évènements dans l’Education Nationale comme dans les médias publics français.
Puisque c’est le souhait des Algériens, de ce collectif, et du président de la République, voici un bref résumé de ce que révèleront ces archives concernant notamment les évènements du 8 mai 1945 relaté par des historiens à la demande du CFHM (Commission Française d’Histoire Militaire). (Source : Le Figaro – mai 2015)
Ont participé à cette recherche officielle les historiens reconnus suivants : Mohammed Harbi, Annie Rey-Goldzeiguer, Roger Benmebarek, Charles-André Julien, Charles-Robert Ageron, Jean Monneret, Gilbert Meynier, Guy Pervillé, Jean-Pierre Peyroulou, Roger Vétillard, Bernard Lugan.
- Je me permets d’apporter de l’eau au moulin de nos historiens : des propos qui m’ont été relatés en personne par Ferhat Abbas et qui confirment la véracité de ce qu’ils affirment.
- Le 14 mars 44, Ferhat Abbas a constitué les « Amis du Manifeste de la Liberté » (A.M.L.) qui comptait jusqu’à cinq cent mille adhérents. Il s’agissait pour lui d’internationaliser le problème algérien.
- Le 28 avril 45, Il réclamait l’autonomie de l’Algérie, sous une forme fédérative, et a préparé activement le soulèvement de Sétif.
Alors que je faisais partie de la rédaction, j’ai eu souvent l’occasion dans les années qui ont suivi de m’entretenir avec lui, car il faisait tirer son journal, «Egalité » sur les presses du quotidien «Alger Républicain», et il m’a relaté sa rencontre, quelques jours avant ce 8 mai 1945, avec Chekib Arslan.
Qui était Chekib Arslan ?
C’était un agent du MI6 anglais. Un accord avait été passé en Syrie entre les services secrets anglais et un agitateur professionnel islamiste, Chekib Arslan, qui réclamait la guerre sainte contre la France.
Les Britanniques exigeaient le soutien des arabes dans la lutte qui les opposait aux israéliens et, en échange, ils soutiendraient tous les efforts des islamistes partout où ils combattraient les Français (1).
Fort de cette assurance formelle, Chekib Arslan se rendit dans le Constantinois où Il rencontra Ferhat Abbas et les responsables des partis nationalistes algériens, qui appellèrent à manifester ce 8 mai. Ils étaient manipulés, à leur insu, par cet agent payé pour développer un mouvement insurrectionnel en Algérie. Il s’y employa activement et prépara ce soulèvement sanglant.
Cette manifestation politique fut donc autorisée par les autorités françaises, à la condition qu’il n’y ait ni armes ni drapeau algérien.
Pourquoi cette dernière condition ?
Quelques jours avant, le 1er mai, ce drapeau algérien a été brandi pour la première fois par des membres du PPA et les autorités françaises ont souhaité éviter que cela ne se reproduise.
Les revendications politiques étaient de deux ordres totalement opposés :
- Pour le clandestin Parti Populaire Algérien de Messali Hadj, éloigné dans un premier temps vers El Goléa, puis Brazzaville, puis incarcéré, il s’agit de retrouver sa position de leader du nationalisme algérien, qui lui est contestée par Ferhat Abbas, et de promouvoir l’indépendance de l’Algérie.
- Pour Ferhat Abbas et son parti « Les Amis du manifeste de la liberté », il s’agit de la reconnaissance égalitaire de tous les habitants de l’Algérie et l’accession à la citoyenneté française.
(On a pu constater dans les années qui ont suivi 1945 la guerre sanglante que se sont livrés aussi bien en Algérie qu’en métropole les partisans du PPA et du FLN dont le bilan fut de plusieurs milliers de morts.)
Parmi les manifestants (environ cinq mille), nous retrouvons ces deux courants contraires et souvent opposés.
Le complot est ainsi élaboré en secret dans les jours qui ont précédé la « manifestation pacifique ». Le clash sera provoqué par quelques terroristes infiltrés parmi les manifestants.
- Contrairement à ce qui est généralement affirmé, l’émeute de Sétif n’était pas la conséquence directe de la colère des manifestants provoquée par la mort d’un soi-disant scout, Saâl Bouzid, qui avait brandi un drapeau de l’Algérie indépendante.
Cette manifestation sans objectif revendicatif, autorisée par les autorités préfectorales, fut en réalité une véritable insurrection armée qui fit 23 morts et 80 blessés européens (dont le régisseur du marché, Gaston Gourlier, tué 2 heures avant le début de la manifestation), et d’autres, par armes à feu, dans les minutes qui suivirent les altercations entre forces de l’ordre et manifestants.
« Tuez les chrétiens, tuez les juifs, tuez tous les non croyants »
Aussitôt à la suite des meneurs, ce fut la ruée vers le centre ville où les émeutiers, hurlant des slogans meurtriers « Tuez les chrétiens, tuez les juifs, tuez tous les non croyants », massacrèrent tout ce qu’ils rencontrèrent : enfants, femmes, vieillards, qui participaient à l’allégresse générale du retour à la paix.
Les forces de l’ordre, obligées d’intervenir, ramenèrent le calme en moins de 2 heures avec un bilan de 35 manifestants tués et des dizaines de blessés.
Le véritable but de cette manifestation, « soi disant improvisée », était bien au contraire de lancer un projet d’insurrection nationaliste, dans le but d’installer, dans une «zone libérée», un gouvernement provisoire algérien présidé par Messali Hadj, principal dirigeant du Parti du Peuple Algérien.
Ce gouvernement devait siéger à la ferme Maïza près de Sétif, mais l’évasion ratée de Messali qui était en résidence surveillée à Reibell, et son transfert à Brazzaville ont déjoué ces plans.
La preuve en est apportée car au même moment et dans plusieurs endroits sans aucun lien évident avec la manifestation de Sétif, d’autres soulèvements se déroulent dans une vingtaine de localités de la région (Périgotville, Chevreul, Kerrata, Lafayette, Sillègue, El Ourici, etc.) et plus de 60 Européens sont tués.
A Guelma, la manifestation est interdite, mais elle débute vers 18 heures et se heurte immédiatement aux forces de police. Plusieurs manifestants, 2 policiers et 1 gendarme sont blessés.
Le lendemain, dans une dizaine de villages de la région, les Européens sont agressés. Il y aura 12 morts et 2 blessés.
Les effectifs de la police nationale à Sétif n’étaient que de 40 hommes. Dans les villages, les gendarmeries n’étaient représentées que par 3 ou 4 hommes. C’était le cas à Kheratta, Chevreul et Lafayette.
Le sous-préfet mit en place une milice civile, car l’armée ne participait pas au maintien de l’ordre.
Ce sont les agissements de cette milice, dans les jours qui suivirent, qui sont présentés depuis 70 ans par la propagande du PPA comme les principaux responsables de la répression des journées qui ont suivi le 8 mai 1945.
Or ces milices n’ont été organisées que dans 5 localités. Guelma, Constantine, Bône, Djidjelli et El Milia et elles ne sont pratiquement jamais intervenues et n’ont commis aucune exaction.
Des renforts arrivèrent du Maroc, de Tunisie et d’Alger : 10.000 hommes, déployés dans le Constantinois, mais seulement 3 700 dans la subdivision de Sétif, la plus vaste (sa surface est l’équivalent de 2 départements métropolitains), le plus montagneuse et la plus touchée.
La répression n’a débuté que le 9 mai. Conduite par l’armée, elle a été certainement démesurée. Elle n’a concerné que les communes où des Européens ont été tués et blessés.
- Le Conseil de Paris a voté une motion qui soutient que «la très grande majorité des historiens français» ayant écrit sur la répression de l’insurrection du 8 mai 1945 «atteste d’un bilan de dizaines de milliers de victimes arrêtées, torturées et exécutées sommairement».
C’est un mensonge.
Les historiens et chercheurs ne peuvent consentir à se laisser ainsi utiliser à l’appui de manœuvres politico-mémorielles.
Nous demandons que les élus et les gouvernants acceptent de lire ce que les historiens disent de ces événements.
La propagande diffusée depuis 70 ans par le PPA, puis par le FLN, et relancée en mai 1990 par la Fondation du 8 mai 1945, a toujours déformé la réalité des faits historiques, en escamotant cette insurrection pour ne parler que de la répression qu’elle a engendrée, et pour majorer inconsidérément le nombre des victimes que les historiens déjà cités, et d’autres historiens algériens, évaluent entre 3 000 et 8 000.
Des chercheurs algériens, messieurs Mesli et Arroua, du Centre Historique sur l’Algérie ont, après un travail des plus sérieux, estimé entre 8 et 10.000 le nombre des victimes.
Le chiffre de 45.000 retenu par les gouvernements algériens est à des fins de propagande anti-française
Ancien premier ministre, Belaïd Abdessalam a affirmé que le chiffre de 45.000 retenu par les gouvernements algériens successifs, et depuis par différentes associations, les médias, et aujourd’hui le Conseil de Paris, ne l’était qu’à des fins de propagande anti-française.
Ce qui s’est passé en Algérie en mai 1945 est donc bien connu des historiens, et très éloigné de l’histoire officielle algérienne, complaisamment relayée par la classe politico-médiatique, qui pourtant déclare qu’il faut laisser les historiens travailler sur les épisodes de la présence française en Algérie, mais qui ne se soucie guère de connaître les résultats de leurs travaux…
- Les médias semblent avoir oublié qu’en 1945, le Parti Communiste, qui participait alors au gouvernement de la France dirigé par le général De Gaulle, a lancé un appel à la répression, comme en témoigne un tract distribué le 12 mai en Algérie, dans lequel il demandait de «passer par les armes les instigateurs de la révolte et les hommes de main qui ont dirigé l’émeute. Il ne s’agit pas de vengeance, ni de représailles. Il s’agit de mesures de justice. Il s’agit de mesures de sécurité pour le pays»
La population indigène a été victime d’un guet-apens, ce 8 mai 1945
Les dirigeants espèraient un soulèvement populaire qui ferait tache d’huile, mais finalement, ce fut une insurrection ratée aux conséquences dramatiques que l’on connaît.
- Une relation détaillée des événements algériens du 8 mai 1945 a été adressée par le professeur Guy Pervillé à des personnalités de l’Elysée et du ministère de la Défense.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.
(1)Les services secrets de sa très gracieuse majesté britannique poursuivirent leur soutien logistique aux arabes, dès avant 1954, dans leurs locaux du consulat d’Angleterre à Alger. Ils fournirent renseignements militaires, faux papiers et « couvertures » diverses. Après 1958 ils pourront opérer en « presque » totale impunité puisque la D.S.T. française reçut l’ordre de ne pas bouger. Tel était le désir du général De Gaulle, puisque cela concordait avec sa volonté de lâcher l’Algérie.