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david MIEGE
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8 août 2015 01:46

En Afghanistan, plus de 160 interprètes ayant travaillé pour l'armée française, menacés de mort par les Talibans, attendent leur visa pour gagner la France. Qui n'a pas l'air pressée de réagir.

En décembre 2014, la France a mis un point final à 13 ans d'intervention militaire en Afghanistan. Débutée suite aux attentats du 11 septembre, cette opération aura au total mobilisé plus de 70 000 soldats français. Le contingent aura même atteint 4 000 hommes au plus fort des opérations. Plus d'un an après le départ des forces françaises pourtant, de nombreux civils afghans qui ont travaillé avec la France se retrouvent abandonnés.

Ils étaient en effet près de 500 à travailler comme interprètes, mais la grande majorité de ces «supplétifs» sont aujourd'hui bloqués en Afghanistan. Et en danger, alors que la France refuse toujours de leur accorder un visa. « Aujourd'hui, 90% des interprètes se sont regroupés à Kaboul qui reste la zone la plus sûre en Afghanistan, malgré des attentats», note Caroline Decroix, une avocate parisienne à la tête d'un collectif d'avocats qui tente de venir en aide à 160 afghans piégés dans leur pays depuis deux ans. «Ils sortent très peu de chez eux et sont clairement menacés. Pratiquement tous ont reçu des lettres de menaces qui les prévenaient de représailles de la part des Talibans. Si je n'ai pas connaissance d'interprètes des Français exécutés, certains qui ont travaillé avec les Américains ont été tués.»
 

Tous ces hommes qui ont collaboré avec l'armée française demandent donc aujourd'hui une visa et une protection fonctionnelle, une chance de survivre. «En général, quand on travaille avec l'armée, on espère une protection des troupes s'en vont», indique Caroline Decroix. «La promesse d'un visa, ce n'était pas dans leur contrat, mais la France ne pensait pas non plus laisser l'Afghanistan dans cette situation catastrophique.» Mais si rien n'avait été promis, le simple fait d'aider la France et d'être menacé devait suffire à obtenir un visa.

Puis la donne a changé. «Les critères posés pour sélectionner les dossiers ont été dévoyés », dénonce Caroline Decroix. «Avant leur sécurité, on a fait passer leur possibilité d'intégration. In s'est plus demandé comment matériellement intégrer ces gens plus que de se demander s'ils étaient menacés. Pourtant, la relocalisation, c'est de la protection de personnes menacée, toute autre question n'a pas lieu d'être. »

 

Les autres pays de la coalition se sont d'ailleurs montrés beaucoup plus généreux que la France avec leurs « supplétifs ». «Les autres pays de la coalition ont délivré massivement des visas pour protéger les personnels qui ont travaillé avec eux », détaille Caroline Decroix. « En Allemagne ou l'Angleterre, on est à 500 ou 600 visas, en France on est à 73 et cela alors qu'on avait beaucoup plus de soldats sur place».

Dans les faits donc, et malgré des discours de bonnes intentions du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de nombreux anciens interprètes de l'armée n'ont pas obtenu de visa malgré leur aide précieuse apportée à la France. Le Canard enchaînérévèle par exemple cette note d'un général à propos d'un interprète recalé : «Au service d'une unité combattante durant dix-huis mois, il a subi par quatre fois des actions de feu». Insuffisant pour venir en France en raison d'une «vision religieuse de la vie, peu compatible avec un projet d'intégration en France».

Face à cette situation, 35 avocats travaillent donc pour faire bouger les choses et permettre à 160 anciens interprètes de l'armée de vivre leur vie loin des menaces, en France. Quitte à passer par une action en justice, comme cela a été le cas en Grande Bretagne. «Si rien ne bouge, on multipliera les référés liberté», prévient Caroline Decroix. «Mais le sujet est compliqué, car il n'y a pas de fondement juridique, c'est uniquement une mesure discrétionnaire. Mais c'est avant tout un droit pour tout contractuel de l’administration d'être protégé en cas d'attaques fondées sur son travail».

 

«La France a des devoirs envers ses personnels ; elle ne s'y dérobera pas. Si le fait d'avoir travaillé avec la France ne peut ouvrir un droit absolu à s'y installer, la réalité du risque encouru doit évidemment être prise en compte», a estimé Laurent Fabius sur la question en avril dernier. Mais à Kaboul, rien ne change, et des centaines d'interprètes attendent de quitter le pays, et les menaces de mort.  

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CITOYENS ET FRANCAIS - dans International