Je suis abasourdi que personne, à gauche, n’ait relevé ces déclarations et sommé M. Bedos de retirer ou de nuancer son propos. Mais les médias se taisent.
Guy Bedos a fait très fort, la semaine dernière, surFrance 5 dont il était l’invité d’honneur.
Il a déclaré :
« Zemmour est juif. C’est un drôle de juif… il est devenu plus français que les Français. Mon arrière-grand-père était bâtonnier à Alger, il a contribué à faire passer le décret Crémieux qui a donné la nationalité française aux juifs d’Algérie. Quand je vois Zemmour, je culpabilise. »
On a beau tordre ces mots de la façon que l’on souhaite, ils ont malheureusement une coloration antisémite indéniable ! Ils sous-entendent que les juifs (enfin, ceux qui sont originaires d’Algérie) ne sont pas français ! Qu’ils sont différents du reste de la nation et, surtout, qu’ils doivent le rester, sinon ils sont « drôles » !
L’humoriste sous-entend également que la République a eu tort de prendre, en 1870, le décret Crémieux. Ce généreux arrêté, dont la France peut à juste titre s’enorgueillir, a octroyé la nationalité française à tous les habitants d’Algérie qui le souhaitaient : israélites, musulmans (oui, même eux !) ou étrangers. Il suffisait qu’ils renoncent à leur statut personnel (coranique ou rabbinique), ce qui explique que les musulmans aient préféré rester à l’écart.
Sans céder à l’assommante rhétorique du point Godwin, M. Bedos se retrouve sur la même ligne que le maréchal Pétain qui, cédant aux pressions des antisémites, a déchu les Juifs d’Algérie de leur nationalité !
Je suis abasourdi que personne, à gauche, n’ait relevé ces déclarations et sommé M. Bedos de retirer ou de nuancer son propos. Mais les médias se taisent. On trouve, ici ou là, quelques protestations isolées (qui viennent de personnalités juives et marquées à droite).
Si M. Le Pen (ou un de ses partisans) avait traité M. Zemmour de « drôle » de juif, s’il avait remis en cause le décret Crémieux, le MRAP et SOS Racisme auraient sans doute immédiatement déposé plainte. Le parquet, toujours prompt à réagir d’ordinaire dès qu’un élu républicain ou frontiste dérape, aurait ouvert une enquête préliminaire. Les journaux télévisés feraient leurs gros titres sur cette affaire. Pourquoi une telle différence de traitement ?
Ce n’est pas parce qu’on s’affiche de gauche, qu’on est une icône de la « bien(pensance », qu’on a le droit de faire des saillies d’une douteuse ambiguïté.