La journée du 16 juin était riche : dans une niche parlementaire, les députés Valérie Boyer et Philippe Gosselin ont soumis des propositions de loi visant à renforcer l’arsenal pénal contre la GPA et à constitutionnaliser l’indisponibilité du corps humain. Pour soutenir ces propositions, la Manif pour tous reprenait la rue avec une cinquantaine d’actions à Paris et en province.
Le ministre Jean-Marie Le Guen avait la délicate mission de dézinguer ces propositions de loi tout en réaffirmant l’hostilité de son gouvernement à toute forme de légalisation de la gestation pour autrui. Ce numéro de funambule n’a pas convaincu grand monde, tant la cohérence de cette position semble fragile. Il n’est pas logique de s’arroger le droit de juger en France des faits commis au Rwanda et de s’interdire de le faire pour d’autres faits commis ailleurs…
Il y a donc eu deux motions de rejet préalable, qui ont été écartées par la complète démobilisation des troupes de gauche. Le gouvernement s’est vu contraint de sortir son joker procédural en repoussant le vote de ces propositions de loi à de prochaines calendes où une plus grande mobilisation de ses propres troupes sera organisée.
Il convient, dès lors, de s’interroger sur les motivations du gouvernement et sa pugnacité à se défendre contre ces textes dont il prétend qu’ils sont inutiles. L’explication par le simple sectarisme (ne pas laisser à l’opposition la moindre chance de faire passer une loi pendant la législature) est possible. L’existence d’intentions cachées est une autre option : être favorable à la GPA n’est aujourd’hui pas dicible en public, alors feignons d’être des vierges effarouchées et patientons une décennie ou deux, tout en poursuivant le sournois travail de sape contre les familles. Madame Élisabeth Guigou a déjà par le passé commis ce genre de tromperie, de mensonge éhonté.
En soutien à ces propositions de loi, la Manif pour tous a sorti ses sweats à capuche, ses drapeaux flashy, son casting musical (moins déplorable qu’avant, merci !) et a réinvesti la rue dans une petite cinquantaine de villes de France.
Manifestations pacifiques comme d’habitude, avec peu de heurts ou de violence (Clermont-Ferrand ou Rennes ont été plus chauds). Malgré l’organisation de cet événement à la dernière minute (15 jours seulement entre l’appel du ban et les manifestations effectives), la France polie, la France du bon sens était au rendez-vous, bravant une météo incertaine, un état d’urgence, un Euro de foot et un agenda de juin traditionnellement lourdement chargé dans les familles.
Précision sans doute inutile : le cortège parisien qui partait de Duroc a laissé la façade de l’hôpital Necker-Enfants malades dans l’état de dégradation où il se trouvait avant. Ceux qui ont vu dans la Manif pour tous un feu de paille ont commis une erreur d’appréciation : elle s’inscrit durablement dans le paysage politique français comme un incontournable acteur pour les problèmes sociétaux, et plus particulièrement pour tout ce qui concerne la famille. Continuons donc de la soutenir.
Une anecdote incidente : le député Erwann Binet, dépité des résultats de la journée, a publié le tweet suivant :
« Quoique l’on pense de la #GPA il est surréaliste d’entendre que pour protéger des enfants il convient de les empêcher de naître #DirectAN ».
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