Je ne sais pas si mes amis catholiques sont d’humeur, ce matin, à tendre la joue gauche. Mais il est bien possible que beaucoup soient plus belliqueux que ce que recommande leur Dieu, à l’unisson du pays entier. Un prêtre égorgé dans son église, ce crime effroyable hantera longtemps notre mémoire collective.
On a vu à cette occasion apparaître dans les commentaires l’appellation « communauté catholique ». Non, les cathos ne sont pas une communauté parmi d’autres, les cathos c’est un peu plus la France que les autres et quand tu t’attaques à mes églises, tu t’attaques à moi. Passons, ce n’est peut-être pas le moment de faire des chichis sémantiques.
Bien sûr, dès le meurtre connu, des hommes de Dieu se sont succédé sur les plateaux pour condamner l’acte odieux, appeler à l’union et à la tolérance et dénoncer par avance les amalgames. Comme toujours en pareil cas, sur France Inter et dans quelques autres médias, on a espéré le plus longtemps possible que les tueurs appartiendraient à la catégorie « forcené laïque ». Et comme toujours, on a entendu une fois les faits connus et le caractère islamiste incontestable un défilé de témoins essentiellement musulmans, dire que tout cela n’avait rien à voir avec l’islam.
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Pour l’instant, en dépit des prières muettes mais assourdissantes de ceux qui rêvent qu’un nouveau Breivik viendra rappeler aux populations que le problème de la France, c’est les fachos, les réacs, l’extrême droite, appelez ça comme vous voulez, on n’a relevé aucun dérapage significatif. Mais le pays veut en découdre avec l’islam radical. Et ce n’est pas avec des paroles apaisantes et des appels à faire bloc qu’on va le calmer. Voilà plus d’un an qu’on lui dit qu’il est en guerre. Il veut savoir contre qui il la fait et comment.
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Bien sûr, nombre de victimes étaient musulmanes et ils sont des millions, qui font la fête le 14 juillet, ou d’ailleurs ne la font pas, à appartenir sans restriction à la communauté nationale. Mais d’autres, concitoyens ou pas, sont nos ennemis. Il doit être permis de le dire. Comme il doit être permis de dire que les musulmans de France doivent maintenant faire leur part du boulot et aider l’Etat français à faire le ménage, par exemple en expulsant d’autorité tous les « forcenés » étrangers qui viennent prêcher la haine de l’Occident dans nos mosquées.
Encore faudrait-il que l’Etat soit à la manœuvre pour aller débusquer les djihadistes jusque dans les chiottes comme disait l’autre. De ce point de vue, la conclusion d’un accord avec le Maroc pour la formation de nos imams n’est guère encourageante.
Quant aux moyens, quand « tout le monde est une cible et n’importe quoi une arme », comme me le souffle Gil Mihaely, si on ne veut pas que chacun se prenne pour un justicier, tout le monde est à peu près d’accord : il faut passer à la vitesse supérieure. Sur la façon de faire, tout le monde a sa petite idée. Et bien sûr, le président aussi. « Nous devons mener cette guerre par tous les moyens dans le respect du droit », a-t-il dit. Faudrait savoir : par tous les moyens ou dans le respect du droit ? Et de quel droit ?(...) Si nous voulons préserver nos libertés, il va peut-être falloir envisager de prendre quelques libertés avec le droit.
Il y a quelques jours, Le Monde évoquait, pour le démentir mais tout de même, le risque de guerre civile. Et chacun répète à l’envi que« c’est ce que veulent les terroristes ». Mais il ne sert pas à grand-chose de nous dire « restez unis les enfants ». Si on veut conjurer le spectre de la guerre civile, le seul moyen est de livrer et de gagner la guerre de l’intérieur.