ARGENT PUBLIC. Dans un rapport publié hier, la Cour des comptes pointe les dépenses de taxi, les frais de bouche et le coût de travaux dans les locaux de l'institution parisienne.
Ce pourrait être un comique de répétition, si ce n'était pas si tragique pour les finances publiques. Après les 40 000 € de notes de taxi d'Agnès Saal, l'ancienne patronne de l'INA et le bureau à 100 000 € de Mathieu Gallet, son homologue à Radio France, voici la valse des dépenses à l'Opéra national de Paris (ONP). Dans un rapport rendu public hier, la Cour des comptes révèle les largesses des dirigeants de cet organisme public qui chapeaute le Palais Garnier et l'Opéra Bastille.
93 349,38 € de notes de taxi en 2014
Une facture jugée « élevée » par la Cour des comptes. A raison. Car cette note de taxi proche de 100 000 € n'est l'œuvre que d'une « dizaine » de cadres dirigeants. Encore plus incroyable, l'un des dirigeants les plus dépensiers disposait pourtant... d'un véhicule avec chauffeur !
Une gabegie connue depuis longtemps à l'Opéra de Paris. Ainsi, dans une note de service datée de 2014, la direction de l'époque évoquait des frais qui progressent de « 25 % chaque année ». Sans surprise, donc, la Cour des comptes appelle à tailler dans cette dépense. Qu'en pense la direction de l'Opéra ?
Contacté par notre journal, l'actuel directeur adjoint, Jean-Philippe Thiellay, botte en touche : « J'ai pris mes fonctions le 1e août 2014, pour toutes les questions antérieures à cette date, interrogez la précédente direction. » Bref, circulez, il n'y a plus rien à voir. Car, assure-t-il, depuis deux ans, « les conséquences de tout ça ont été tirées. Nous avons serré la vis. »
Les voitures avec chauffeur
Jusqu'en 2014, les quatre principaux dirigeants bénéficiaient d'une voiture de fonction avec chauffeur. Une dépense stoppée en 2014. Ou presque. Arrivé à la fin de cette année-là, — puis parti avec fracas en 2016 —, le chorégraphe Benjamin Millepied — mari de l'actrice Natalie Portman — a continué à bénéficier de cet avantage. « C'était prévu par son contrat de travail, je n'ai rien pu faire. Ces pratiques font partie du passé. Sa successeur n'en a pas », estime Jean-Philippe Thiellay.
52 413 € de « frais de bouche » en 2014
Visiblement, on sait recevoir à l'Opéra ! « Les frais de représentation, qui sont constitués essentiellement de frais de bouche, se sont élevés à hauteur de 52 413 € en 2014 », signale la Cour. Un budget dédié aux invitations du directeur, de son adjoint, du responsable de la danse et du patron de la musique. Est-ce trop ?
« Je ne le pense pas », tranche Jean-Philippe Thiellay, le directeur adjoint de l'Opéra. Et de préciser : « Nous n'allons pas dans des restaurants étoilés, nous ne commandons pas non plus de grands crus. Ce sont des frais engagés pour, entre autres, développer le mécénat, qui nous rapporte plus de 10 M€ par an »
55 900 € pour la rénovation des bureaux
Des travaux « réalisés au profit du nouveau directeur et de son assistante, dans les deux sites (Garnier et Bastille) », souligne la Cour des comptes. Avant de préciser : « Les dépenses ont porté sur le changement de moquette, des travaux de peinture et l'achat de meubles courants. » Pour Jean-Philippe Thiellay, la dépense est proportionnée. « Nous avons effectué un déplacement de cloison. Et je ne crois pas qu'il soit illégitime de vouloir changer la moquette ! »
Le Parisien