Le phénomène n’est pas encore massif mais il est suffisamment consistant pour être inquiétant. Un nouveau flux de migrants commence à se déverser en Europe et il est constitué d’Algériens, qui arrivent par la mer en Sardaigne. S’ils veulent poursuivre par le nord pour gagner la France, ils n’ont que douze kilomètres à parcourir. Mais, bonne nouvelle, à l’arrivée, ça s’appelle la Corse…
L’Italie n’en peut plus de voir arriver des migrants – surtout lorsqu’ils sont de la variété économique, moins désireux de fuir une persécution religieuse ou politique que de profiter de l’opulence occidentale qu’on leur fait miroiter.
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Sauf que ces Africains sont bien souvent des Algériens – qui viennent d’une « démocratie », non ? Le Sarde, farouchement attaché à sa splendide insularité, voit cela d’un plus mauvais œil encore que son cousin de la terre ferme.
Un nouveau pont migratoire sous-évalué
Depuis janvier, le compte des migrants arrivés en Sardaigne, le plus souvent sur des embarcations de fortune, ne cesse de grossir. Au 9 septembre, le chiffre officiel s’établissait à 5 807 migrants arrivés depuis le début de l’année, dont 1 200 mineurs non accompagnés. A cette même date, la plupart d’entre eux étaient éparpillés dans différents centres d’accueil : 5 240 étrangers exactement selon la préfecture de Cagliari.
Les statistiques gonflent chaque jour : par dizaines, par vingtaines, les migrants accostent après une traversée plus périlleuse que celle menant vers Lampedusa ou le sud de l’Italie, mais avec de nouvelles perspectives.
D’autres pays seraient ravis de n’avoir « que » 6 000 migrants. Par rapport aux centaines de milliers de Syriens, d’Afghans, d’Irakiens, d’Africains qui ont déferlé par l’Europe du sud-est et par la Grèce depuis 2015, c’est une paille !
Mais la Sardaigne, avec ses églises pleines le dimanche, son style de vie traditionnel, ses coutumes et ses processions, ne le voit pas de cet œil-là. Un centre d’accueil promis à une ouverture prochaine a été vandalisé.
La préfecture parlemente avec les maires. Les résistances se font entendre.
Aussitôt, les autorités locales ont protesté. Le gouverneur Francesco Pigliaru estime que « cela n’a pas de sens de faire venir des personnes qui ne veulent pas rester » – en effet, les migrants préfèrent l’Europe plus septentrionale. Le syndicat de police SIAP est du même avis : son représentant provincial Mauro Aresu parle de « l’augmentation exponentielle du débarquement des sujets en provenance d’Algérie » : « On est en train d’ouvrir un nouveau pont migratoire qui reste totalement sous-évalué. »
40 millions d’Algériens, et nous, et nous…
Si la police résiste à l’idée contraire, qui est de rassembler le plus possible de migrants, mineurs compris, dans l’ancienne école de la police pénitentiaire de Monastir, aux portes de Cagliari, le préfet local estime que le fait de pouvoir ainsi enfermer et contrôler les migrants pourra servir à dissuader d’autres Algériens de tenter la traversée – « et nous aurons le temps de travailler dans le calme pour identifier les migrants et les renvoyer », promet-il.
L’expérience prouve que les choses ne sont pas aussi simples…
En vérité, c’est une nouvelle route d’immigration qui s’ouvre. Une voie désormais prisée des Algériens. Et là, il y a du monde au portillon : la population de l’Algérie est estimée à plus de 40 millions d’habitants !
Jeanne Smits
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