Violences. Des incivilités quotidiennes aux meurtres, ce qui semblait jusqu’ici réservé aux quartiers sensibles se généralise à l’ensemble des établissements scolaires.
Lundi 30 janvier vers midi, une bagarre éclate à quelques mètres d’un lycée. La rixe oppose des jeunes de quartiers différents. Les insultes fusent, plusieurs adolescentes encerclent l’un des lycéens, Madiara, qui est frappé plusieurs fois. Une étape supérieure est franchie lorsque l’un des agresseurs, armé d’un couteau, poignarde Madiara. Le jeune homme de 17 ans reçoit plusieurs coups dans le ventre et au flanc.
Arrivés sur place, les secours n’ont pu que constater le décès du lycéen. Ce meurtre n’a pas eu lieu dans les fameuses zones d’éducation prioritaire mais dans le XXe arrondissement de Paris, à quelques mètres du lycée Charles-de-Gaulle.
Cet établissement d’enseignement professionnel spécialisé en gestion et administration « est très calme », précise une riveraine : « On a tous été très choqués par ce qui s’est passé. » Scolarisée dans l’établissement, Myriam ne la contredit pas : « J’en ai fait, des lycées professionnels, celui-ci est le plus tranquille au monde ! »
Le temps de l’apaisement semble loin
Mais le temps de l’apaisement semble loin. Quelques heures après la mort de Madiara, une expédition punitive est menée dans un lycée voisin par des proches de la victime, à la recherche des agresseurs.
Une vingtaine de jeunes parviennent à démagnétiser la porte d’entrée du lycée international Maurice-Ravel et à entrer dans le bâtiment avec un objectif, trouver les responsables du meurtre qu’ils présument être scolarisés ici.
Le personnel de direction et un enseignant les repoussent, les jeunes répondent par des coups de pied et de poing. Depuis ces deux événements, un climat de tension règne aux abords des lycées, alors que la police stationne la police à proximité.
« Des inscriptions racistes et antisémites très violentes, abjectes, ont été découvertes dans une salle de classe »
Ces représailles entre quartiers dans des lycées réputés calmes viennent s’ajouter à une montée des violences et des incivilités qui, jusqu’à il y a peu, étaient cantonnées aux établissements appartenant au réseau d’éducation prioritaire.
Le proviseur du lycée Maurice-Ravel, France Bessis, il y a quelques semaines, alertait les parents d’élèves sur la gravité de la situation : « Les incidents de vie scolaire, de discipline se multiplient, au point que les personnels enseignants et d’éducation sont démunis. » Faits courants dans les collèges et lycées situés dans les territoires perdus de la République, exceptionnels ailleurs, « des inscriptions racistes et antisémites très violentes, abjectes, ont été découvertes dans une salle de classe ; des injures de même type sont parfois prononcées entre élèves ou à l’encontre d’enseignants », s’alarme France Bessis.