Premier couac sur la ligne politique dans la fraiche équipe gouvernementale. La secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes semble avoir une vision indigéniste du féminisme. En un mot : CCIF-compatible.
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Une islamo-compatible au gouvernement?
L’Elysée a passé au crible les déclarations fiscales des futurs nommés mais a oublié les comptes Twitter ou Facebook, les pétitions et autres prises de position publiques qui en disent long sur le pédigrée idéologique de certains membres du gouvernement ou candidats à la députation.
Ainsi en est-il de Richard Ferrand qui, outre l’usage de son enveloppe parlementaire pour aider au frais de fonctionnement de France-Palestine (association réclamant par exemple que le Hamas ne soit plus considéré comme un mouvement terroriste), interpelle la garde des Sceaux Christiane Taubira en 2014 pour qu’elle réfléchisse à ne plus engager de « poursuites judiciaires » contre le BDS, décrit par le député socialiste comme des « militants opposés à la colonisation des territoires palestiniens» (question n° 50 491 JO 2014). Idem pour Mohamed Saou sur lequel tout a été dit, ou Djamila Haddad toujours investie dans l’Aube, activiste pro-palestinienne qui caricature Israël dès que l’actualité lui en donne l’occasion.
Et voila Marlène Schiappa, sa chevelure de lionne et sa moue boudeuse, qui vient enrichir le club des islamisto-compatibles de La République en marche. Apparemment, cela ne dérange pas les Marcheurs qui sont sur une autre ligne, et je sais qu’ils sont nombreux. Il y a chez LREM des républicains attachés à la laïcité et hostiles au communautarisme, mais ils restent silencieux pour l’instant, prétendant combattre de l’intérieur...
Ce que le hijab incarne ce n’est pas une religion, c’est une vision politique de la religion
La loyauté à ses idées attendra. Je fais le pari que ce grand écart idéologique qui existe dans l’Auberge macronienne sur le principe juridico-politique de laïcité et la question du compromis avec les officines politico-religieuses, ne tiendra pas longtemps tant ces deux positions sont irréductibles....
Elle établit ensuite que l’interdiction du hijab à l’école se résume à prohiber l’expression religieuse. Or ce que le hijab incarne ce n’est pas une religion, c’est une vision politique de la religion, et cela fait toute la différence.
Le hijab est l’étendard d’une idéologie politique pour laquelle la femme est un objet. Qu’on l’appelle fréro-salafisme, wahhabisme, conservatisme, cette pensée totalitaire réduit le corps féminin à sa fonction reproductrice. Il appartient en exclusivité à celui qui va l’ensemencer, il doit donc être caché des hommes qui n’en sont pas les propriétaires.
Bien sûr en Occident, les Tarik Ramadan, Nabil Ennasri, Amar Lasfar, Kamel Katbtane et autres Tarek Oubrou ont développé chacun à leur mesure l’argumentaire droits-de-l’hommisto-compatible sur la pudeur physique et morale de la femme musulmane.
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La sortie scolaire c’est la classe hors les murs, mais ce n’est pas autre chose que la classe
En écho au relativisme culturel qu’elle paraît incarner, et suivant sur ce point les positions du président Macron, Marlène Schiappa apporte son soutien aux mères accompagnant les sorties scolaires qui portent le hijab voire le jilbab.
Pour elle, refuser qu’elles y participent « relève ni plus ni moins de l’islamophobie ». On retrouve l’argument de Najat Vallaud-Belkacem, ex-ministre qui s’est pourtant bien gardé de supprimer la circulaire Châtel de 2012.
Cette circulaire a le mérite de permettre aux directeurs d’école, notamment dans des quartiers où la pression religieuse sur l’école est insupportable, de faire appliquer le principe de neutralité laïque des enseignements.
Car oui, Madame Schiappa, vous qui semblez mal informée des lois républicaines, depuis 1882 et 1886 les enseignements et les personnels sont neutres du point de vie religieux et politique. Bien sûr, le parent accompagnant la sortie n’a pas le statut d’un personnel de l’Education nationale, néanmoins il se place aux côtés de l’enseignant pour une activité pédagogique et scolaire, donc une activité d’enseignement qui est par principe neutre religieusement et politiquement.
La sortie scolaire c’est la classe hors les murs, mais ce n’est pas autre chose que la classe. Un enseignant accepterait-il qu’un parent participe à son enseignement dans sa classe en affichant son opinion politique ou religieuse ? J’en doute fort pour connaître le sens des responsabilités du corps professoral.
Que pense Madame Schiappa de ses mères voilées fédérées en associations, conseillées par les officines islamistes sur lesquelles les pouvoirs publics ferment les yeux depuis près de 20 ans ?
Que pense-t-elle de ces sorties où le pique-nique est perturbé par la maman voilée qui ne veut pas distribuer les sandwichs aux enfants de façon indifférenciée au risque de « toucher du porc » ?
Que pense-t-elle de ces parents d’élèves qui refusent de voir leurs enfants encadrés par ces « féministes islamiques » ?
Madame Schiappa les accusera sans doute d’islamophobie, elle qui n’hésitait pas à en accuser l’ancien Premier ministre. Elle est trop occupée à défendre les mères portant le hijab en sorties scolaires pour se soucier de protéger les élèves de l’intrusion du politico-religieux dans l’Ecole sous prétexte d’acceptation de la Diversité.
Voici bien le mot-valise de la doxa antiraciste progressiste qui reconnait aux seules minorités le droit d’avoir une identité et de la revendiquer publiquement.