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23 mai 2017 18:28

Dans un article paru dans le quotidien marocain en ligne TelQuel le 1er mai 2017, la difficile situation des Marocains ayant quitté l’islam pour le christianisme est évoquée. S’ils « vivent dans l’illégalité et pratiquent leur culte dans la clandestinité », « ils revendiquent désormais le droit de vivre leur foi ai grand jour ». (1) Extraits : 

« (…)Je suis Marocain avant d’être chrétien », souffle Rachid, la quarantaine, qui accueille dans son salon une dizaine de convertis pour un « après-midi de prières ».

Depuis un cyber-café, il entre en contact avec un site qui « prêche la parole de Dieu »

Issu d’une famille adepte du soufisme, une tradition ésotérique de l’islam, ce pasteur protestant a embrassé la foi chrétienne en 2004. (…) C’est adolescent qu’il commence à s’intéresser au christianisme. Depuis un cyber-café, il entre en contact avec un site qui « prêche la parole de Dieu » et lui fait parvenir une bible. « (…) A l’âge de 24 ans, j’ai été baptisé dans un appartement à Casablanca », confie-t-il.

Assis à ses côtés, Mustapha, 46 ans, s’est converti en 1994 pour « remplir un vide spirituel ». Ce fonctionnaire, petit-fils d’un religieux musulman de Taroudant, près d’Agadir, a été durant sa jeunesse membre actif du mouvement islamiste Justice et bienfaisance.

« des proches m’ont tourné le dos, j’ai été mis au placard au travail. Mes enfants ont été harcelés à l’école »

« Lassé par les contradictions de l’islam, je me suis intéressé au christianisme en échangeant une correspondance assidue avec un centre religieux en Espagne ». Puis « j’ai franchi le pas », se souvient Mustapha, lui aussi pasteur « diplômé par correspondance des États-Unis ». Il a vécu secrètement sa foi jusqu’à il y a un an et demi, quand il diffuse sur internet une vidéo dans laquelle il parle à visage découvert de sa conversion. La réaction est immédiate : « des proches m’ont tourné le dos, j’ai été mis au placard au travail. Mes enfants ont été harcelés à l’école », déplore-t-il.

Pour vivre leur foi au grand jour, Mustapha, Rachid, et d’autres, regroupés au sein d’une « Coordination nationale », ont saisi début avril le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) pour demander « la fin de la persécution » contre leur petite communauté.

Les convertis risquent la prison s’ils sont soupçonnés d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion

« Nous revendiquons le droit de choisir des prénoms chrétiens pour nos enfants, de prier dans les églises, d’être inhumés dans des cimetières chrétiens, de nous marier selon notre religion », énumère Mustapha, également porte-parole de la Coordination. Aucun chiffre officiel n’existe sur le nombre de convertis marocains, estimés entre 2.000 et 6.000 par le Département d’État américain. Concentrés entre Marrakech et Agadir, ils sont principalement protestants-baptistes et évangéliques (…)

Les convertis risquent la prison s’ils sont soupçonnés d' »ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion ». Ces dernières années, plusieurs cas d’arrestations pour prosélytisme ont défrayé la chronique. (…) Mais les lignes bougent : « les arrestations ont presque cessé, c’est un grand pas ! Les actes de harcèlement sont devenus rares, et restent le fait de la société », observe Rachid. Sorti de la clandestinité, il « vit normalement sa religion dans un quartier populaire au vu et au su de ses voisins musulmans ». « Le pays a fait de nombreuses avancées en matière de droits de l’Homme », estime Mustapha, qui loue l’action du roi en faveur du « vivre-ensemble ».

Beaucoup adoptent un mode de vie sécularisé, mais « se crispent dès qu’on parle de conversion »

Le « code pénal, les partis politiques et la société n’ont cependant pas suivi », regrette-t-il, pointant une société « schizophrène, pleine de paradoxes, où beaucoup adoptent un mode de vie sécularisé, mais « se crispent dès qu’on parle de conversion ».

 

(1) Telquel.ma, le 1er mai 2017, sur la base d’un reportiage de l’AFP.

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