À la veille d’un nouveau consistoire, les esprits s’échauffent à nouveau à Santa Marta où l’on prétend que les cardinaux dits « d’opposition » posent des jalons pour une procédure d’empêchement…
En réalité, ils tentent seulement de parler au pape et lui demandent de leur parler. Mais le pape reste silencieux. Lors de la remise de la barrette rouge au cinq nouveaux porporati, le 29 juin, comme à l’occasion du dernier consistoire du 19 novembre dernier, il ne devrait y avoir uniquement qu’une cérémonie de remise des barrettes dans la basilique Saint-Pierre, mais pas d’assemblée avec libres échanges entre les cardinaux sur toutes sortes de sujets.
Ces assemblées ont été, en effet, avant la parution d’Amoris lætitia, extrêmement houleuses entre cardinaux pro et contra une révision de la discipline sacramentelle traditionnelle. Le pape ne veut plus courir le risque de la contestation à l’intérieur de son « Sénat », le collège cardinalice : il n’y aura pas de discussion.
De même, il n’a pas répondu à la lettre que lui a adressée le cardinal Carlo Caffarra, archevêque émérite de Bologne, en son nom et au nom des cardinaux Raymond L. Burke, Joachim Meisner, et Walter Brandmüller, le 25 avril dernier, pour lui demander une audience, afin d’avoir de sa bouche des clarifications sur les cinq points indiqués dans leur dubia du 19 septembre 2016, et aussi pour lui parler de la situation de confusion et de trouble provoquée par Amoris lætitia chez les pasteurs d’âmes.
Cette lettre vient d’être publiée ce matin sur le blogue de Sandro Magister et en français par Jeanne Smits. Généralement, une telle demande émanant d’un cardinal reçoit une réponse dans les heures, ou au plus tard dans les jours, qui suivent. Le pape ne recevra donc pas les cardinaux qui le questionnent courtoisement sur la rupture d’Amoris lætitia.
On se trouve donc dans une étrange situation que le philosophe Thibault Collin, une des voix les plus marquantes dans la critique d’Amoris lætitia, commente dans un entretien du plus grand intérêt publié sur le blogue de L’Homme nouveau : « Le silence du pape que certains trouvent normal apparaît à d’autres de plus en plus étrange.
Comment un pasteur qui par définition a charge d’âmes peut-il laisser dans l’incertitude ses brebis sur des points si importants ? » Et Thibault Collin cite Paul VI, qui disait le 29 juin 1972 : « Nous voudrions, aujourd’hui plus que jamais, être capables d’exercer la fonction, confiée par Dieu à Pierre, de confirmer nos frères dans la foi ».