L'ONG Foodwatch dénonce une sélection de produits qui revendiquent le made in France alors que leurs ingrédients viennent parfois de l'autre bout du monde.
Neuf personnes sur dix acceptent de payer un peu plus cher pour un produit français*. Les industriels ont flairé la bonne affaire et leurs emballages rivalisent de logos « fabriqué en France », de drapeaux bleu-blanc-rouge et d'autres sympathiques symboles de l'Hexagone.
Sauf que c'est parfois... à la limite de l'arnaque. L'ONG européenne Foodwatch, spécialisée dans les scandales alimentaires, a passé à la loupe les rayons des supermarchés Leclerc, Carrefour et Auchan et elle n'a pas eu de mal à dénicher des perles. Nous vous présentons un résumé de ces trouvailles en exclusivité.
Premier exemple, un bocal de minicornichons aux deux vinaigres de la marque Charles Christ. Avec sa bande tricolore qui indique « conditionné dans le Loir-et-Cher » et sa mention « cueillis à la main », il fleure bon le terroir. Sauf que lesdits cornichons proviennent en réalité d'Inde !
« Ce sont les seuls du rayon à mettre en avant le côté français alors que les cornichons ne le sont pas, déplore Ingrid Kragl, directrice information de Foodwatch. La mention figure bien sur l'étiquette, mais à l'arrière du pot et en tout petits caractères. »
Le bio aussi
Ces pratiques ne sont ni illégales ni interdites. « Il s'agit effectivement de produits conditionnés en France, assemblés en France, mais pour le reste, les industriels jouent sur l'ambiguïté, regrette Ingrid Kragl. Ils nous embrouillent. »
Ainsi « le ravioli bolognaise » de Panzani met-il en avant dans un bel Hexagone tricolore sa « viande bovine française ». La marque précise même qu'elle la sélectionne avec soin « au coeur des bassins d'élevage français ». Mais le porc, qui entre dans la composition de la recette a, lui, pour origine l'Union européenne, comme mentionné sur l'étiquette.
De la même façon, la purée pomme-pêche sans sucre ajouté Charles et Alice mentionne dans une jolie carte tricolore des « pommes 100 % France ». D'accord pour les pommes. Mais les pêches composent 60 % du produit et on ignore d'où elles proviennent.
La tarte aux framboises surgelée Carrefour « cuisinée en France » est quant à elle composée de framboises venant de... Serbie, d'Amérique du Sud et de l'Union européenne.
Même le bio profite du flou des étiquettes, « alors que les consommateurs s'attendent à ce que ces produits soient locaux », pointe la directrice de l'ONG. Ainsi les boudoirs pour bébés à l'huile essentielle d'orange douce Babybio, qui revendiquent une production française, sont « issus de l'agriculture UE-non UE ».
« Les consommateurs ne sont pas aussi aguerris que nous. La pulsion d'achat est plus rapide et les gens se font avoir, insiste enfin Ingrid Kragl. Certains choisissent leur charcuterie en croyant soutenir la filière du porc français. Or ce n'est pas le cas. De la part des marques, ce n'est pas très honnête... »
* Sondage Ifop made in France d'octobre 2016.