C’est d’abord le déficit commercial de la France qui a plongé au mois de juin, après un mois de mai “moins pire” que d’habitude. Moins pire, parce que depuis le début des années 2000, le déficit commercial est systématiquement dans le rouge, mais certaines années et certains mois sont plus mauvais que d’autres. Mai s’est avéré un mois potable, avec seulement 4,4 milliards d’euros de déficit, mais juin est mauvais, avec 4,7 milliards d’euros de déficit.
Pour mémoire, le déficit commercial, c’est la différence entre ce que nous importons, tous les ans, ou donc, tous les mois, et ce que nous exportons. Un pays qui affiche un déficit commercial est un pays qui importe plus de produits ou de services qu’il n’en exporte. S’il y a des pays en déficit, comme la France, mécaniquement, certains affichent un excédent commercial : c’est le cas de l’Allemagne, championne du monde en la matière. Elle affichait un insolent résultat de plus 253 milliards d’euros en 2016, quand la France était dans le rouge de plus de 48 milliards d’euros.
Le fait que le déficit commercial reparte à la hausse en juin n’est donc pas un très bon signe, cela veut dire que certains secteurs ont moins exporté qu’espéré. Néanmoins, c’est un peu comme avec les chiffres du chômage : l'étude au mois le mois n’est pas très instructive, c’est sur des trimestres, des semestres, voire, à l’année, qu’il faut étudier les données pour voir une tendance se dégager.
Légère baisse de la production industrielle
Un autre indicateur est aussi embêtant pour Emmanuel Macron et Bruno Lemaire, c’est celui de la production industrielle, qui recule de 1,1 % en juin. C’est en particulier le secteur “matériel de transport” qui a moins bien travaillé que les mois précédents. Seulement là encore, la lecture de cet indicateur au mois le mois peut être trompeuse. Sur un an, la production industrielle augmente bel et bien de 2 %.
En fait, si cet indicateur fait du yo-yo, d’ailleurs, exactement comme celui des exportations, c’est tout simplement parce que le passage d’une très grosse vente dans les statistiques mensuelles, par exemple, d'un Airbus A 380 ou d'un bateau des chantiers de Saint Nazaire, va provoquer un bond de la statistique. Et le mois suivant, forcément, comme il n’y a pas d’avion ou de bateau à vendre tous les mois, l’indicateur retombe.
Un Airbus A 380, c’est 200 millions d’euros à la louche, même chose pour acquérir 5 airbus A 320. L’Harmony of the Seas, tout équipé, c’est 900 millions d’euros. Sur un déficit commercial de 4,5 milliards d’euros en moyenne par mois, de telles sommes, forcément, font bouger les chiffres. En attendant, pour rééquilibrer les comptes du pays, il faudrait que nous parvenions à vendre une cinquantaine de paquebots en plus tous les ans, ou donc plus de 20 A 380 tous les mois. Ce qui est évidemment impossible. Le redressement de la balance commerciale française va donc prendre encore du temps...