Il est catholique, croyant, elle tient à rester musulmane. Mais ils s’aiment, vont rapidement vivre ensemble. (…)
Il l’annonce à ses parents, inquiets et néanmoins ouverts. Elle le cache aux siens. « Dans l’islam, les mariages mixtes sont tolérés pour les hommes. Mais pour les femmes, c’est haram, c’est péché, explique Myriam Blal. Le consensus là-dessus date de plusieurs siècles et n’a jamais été repensé. » Seule solution : que le fiancé se convertisse. Mais lui refuse de jouer les hypocrites. Alors, ils décident de se marier religieusement, mais lors d’une cérémonie où chacun garde sa foi. Un modèle à inventer. Sacrée affaire.
Le fiancé trouve un prêtre rezéen prêt à la bénir : Gérad Épiard, formé au dialogue islamo-chrétien. La fiancée, elle, essuie refus sur refus auprès des imams. Dont celui de la mosquée nantaise Assalam, navré, mais ferme, après consultation des textes savants, rapporte Myriam dans son livre.
« Ma belle-famille me dit que c’est parfois plus facile de discuter entre croyants différents, qu’entre un croyant et un non-croyant », confie Myriam.
L'histoire
« D'un côté, il y a l'enfer. De l'autre, le paradis. Les choses sont très claires pour mes parents. Les musulmans sont le peuple élu de Dieu qui ira au paradis. Tous les autres iront en enfer. Petite, j'avais du mal à comprendre cela. Régulièrement, j'interrogeais ma mère. Même l'abbé Pierre ira en enfer ?' Oui, même l'abbé Pierre'. »
Ce passage du livre que vient de publier Myriam Blal montre la hauteur de la falaise que la petite Parisienne d'origine tunisienne a dû escalader pour devenir cette femme épanouie qu'on rencontre aujourd'hui, mère d'un garçon de deux ans, épouse d'un catholique de bonne famille nantaise.
Le baiser du ramadan, Myriam Blal, Bayard, 160 pages, 16,90 €.