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david MIEGE
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29 novembre 2017 23:36
En vue des élections présidentielles et du contexte international particulièrement tendu, la Russie a décidé de revoir sa politique en matière d'observation internationale, pratique de tutelle politique internationale particulièrement sélective, jouant finalement un rôle destructeur sur la légitimité des Etats.
 
L'observation internationale des processus électoraux est le mécanisme par lequel des Etats et des organisations internationales envoient des représentants pour surveiller la manière dont les élections sont préparées, analyser la législation, surveiller les opérations de vote et finalement donner un "label de qualité démocratique" aux résultats. 
 
En soi, ces mécanismes ont beaucoup évolué. Le premier cas rapporté dans l’histoire moderne de l’observation internationale des élections remonte à 1857, lorsqu’une commission européenne formée par les représentants de l’Autriche, l’Angleterre, la France, la Prusse, la Russie et la Turquie ont observé les élections générales tenues dans les territoires controversés de la Moldavie et de la Wallachie.
 
Les organisations internationales et les représentants des gouvernements ont surveillé les événements électoraux qui se sont déroulés depuis la Première Guerre mondiale, et ce phénomène s’est généralisé au cours de la période suivant la seconde Guerre mondiale. L’observation était alors menée sous les auspices des Nations Unies, qui concentraient ses efforts sur les territoires non souverains, conformément aux dispositions de leur Charte qui leur interdisait d’intervenir « dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un Etat ».
Mais ce n’est que depuis ces deux dernières décennies, après la chute du Mur de Berlin que la rupture a eu lieu. En 1990, dans le cadre de l'OSCE, les Etats se sont engagés à inviter mutuellement des observateurs faisant entrer l'observation à l'intérieur des Etats souverains. Ainsi, l'observation électorale est devenue un instrument d'intrusion dans la souveraineté.
 
Mais un instrument particulièrement sélectif, car tous les Etats ne sont pas soumis au même degré de contrôle. Globalement, les Etats occidentaux bénéficient d'une présomption de démocratie qui permet de réduire l'observation au minimum, c'est-à-dire à l'analyse de la législation. En ce qui concerne l'Europe, les pays de l'Est bénéficient, eux, d'une présomption de non-démocratie, justifiant l'obligation faite, années après années, de recevoir et d'attendre le verdict, diffusé devant les ondes nationales, de ces arbitres suprêmes.
 
Ce spectacle porte inévitablement atteinte à l'image du pays à l'intérieur, donc à la légitimité du pouvoir en place, montré comme soumis au verdict de la communauté internationale.
 
Vu le contexte géopolitique, la Russie vient de déclarer réfléchir à la réduction du nombre d'observateurs venant de pays développant une politique russophobe, l'objectivité de ces observateurs pouvant non seulement laisser à désirer, mais il est important d'éviter toute ingérence dans les opérations électorales. 
 
Ainsi, les pays comme la France, les Etats Unis, la Grande Bretagne, l'Ukraine et les Pays Baltes, qui par ailleurs ont refusé d'inviter des observateurs russes, risquent de ne pas être invités non plus, en réponse. En contre partie, des observateurs venant de pays dont la politique n'est pas russophe, notamment les pays asiatiques, pourra être renforcée, permettant un rééquilibrage des forces.
 
D'une manière générale, le travail des observateurs va être repensé, pour éviter toute ingérence possible et préserver le caractère technique, et non politique de leur activité.
 
Cette prise de conscience est un pas important dans la politique intérieure russe, une forme d'émancipation. Qui évidemment provoquera le mécontentement de la communauté internationale et le soupçon de manipulation des élections intérieures. Mais, soyons sincères, ce mécontentement et ces soupçons auraient de toute manière existés. 
 

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