Alain de Peretti, président de Vigilance Halal, sera en conférence ce samedi à Quimper, aux Halles St François.
Un mode d’abattage de nouveau sur le devant de la scène politique, puisque Laurent Wauquiez (Les Républicains) a récemment dénoncé la généralisation de cette pratique, avant de se voir descendu en flèche par la presse mainstream.
Nous avons fait le point avec M. de Peretti au sujet de la question halal en France.
Breizh-info.com : quel est l’objet de votre présence à Quimper ?
Alain de Peretti : Je sillonne la France pour porter la « bonne parole » sur un sujet tabou, le halal, sur lequel il semble impossible d’avoir des informations objectives et documentées de la part des circuits officiels .
C’est l’objet de mes conférences et bien sûr ce sera le cas à Quimper. Vigilance Halal est une association apolitique, c’est à dire non inféodée à aucun parti politique et nous répondons à toutes les invitations d’où qu’elles viennent…
Breizh-info.com : Vous avez évoqué l’interdiction de l’abattage rituel dans une région anglaise. Qu’en est-il ? Pouvez vous nous faire un point sur la situation outre manche ?
Alain de Peretti : Ce n’est pas tout à fait cela, il s’agit seulement de l’interdiction de la viande halal dans les cantines scolaires du Lancashire, pour des raisons de maltraitance animale liée au halal. L’aspect sanitaire ainsi que l’aspect « pompe à finance » n’est malheureusement pas évoqué, mais contentons nous de cette avancée en attendant mieux. Le Royaume Uni est confronté à la poussée du halal qui est mondiale, et a choisi de privilégier le communautarisme. Les résultats sont cataclysmique avec des tribunaux islamiques, et la multiplication des « no go zones » « charia controlled ».
... En France, nous avons abandonné l’assimilation et nous allons finalement arriver au même point qu’au Royaume Uni ! En France nous militons pour que les élus prennent la même décision, en s’appuyant sur le décret du 25 Mars 2016 qui permet d’inclure divers critères dans l’attribution des marchés publics ( et donc des cantines…) dont la souffrance animale!
Breizh-info.com : Laurent Wauquiez est accusé par la presse Mainstream de mentir au sujet des abattages halal en France, qui seraient moins nombreux qu’il ne déclare. Avez vous des chiffres sur la réalité du halal en France ? N’y a-t-il pas de l’intox des deux côtés ?
Alain de Peretti : Laurent Wauquiez a totalement raison même si la marge de flou sur les chiffres est soigneusement entretenue. La journaliste Anne de Loisy, après 3 ans d’enquête sérieuse publiée fin 2014 arrive au chiffre de 60% du tonnage des viandes en halal, et la situation n’a pu que s’aggraver.
La sociologue Florence Bergeaud Blackler, dans un ouvrage paru récemment, confirme que les abattoirs sous dérogation pour abattre halal, conformément à des commandes spécifiques, faisaient tout en halal pour des raisons de logistique. Nous avons enquêté par l’intermédiaire de Suivez le Coq et seuls 55 abattoirs pour les ongulés ( bovins, ovins, caprins, porcins ) sur 262 au total ont pu nous assurer ne faire que du traditionnel.
L’OABA dans sa liste blanche datant de 2015 donne 138 abattoirs traditionnels, soit 50% du total, et ce sont pour la plupart des petits abattoirs qui ont un tonnage modeste par rapport aux géants Bigard et Jean Rozé qui sont tous passés au halal.
Sachant que sur cette liste, certains sont passés au halal depuis, et que d’autre le pratiquent sans dérogation ( Mauléon, Le Vigan nous avons les preuves), les chiffres sont sans doute même plus élevés. Le plus étonnant dans cette affaire est la réaction ahurissante des journalistes qui crient à l’intox sans avoir fait le moindre effort pour s’informer.
Breizh-info.com : Et en Bretagne, où vous donnez cette conférence, quelle est la situation ? De nombreuses entreprises ne pourraient pas tourner sans le halal. Que répondez vous à ceux qui évoquent l’emploi pour justifier cette production ?
Alain de Peretti : La Nouvelle Zélande reste le plus gros exportateur mondial de viande de mouton, y compris vers les pays musulmans les plus rigoristes, après avoir interdit le halal. Tout simplement parce que sa viande est bon marché et de qualité (élevage extensif d’ailleurs…) .
Mais cela pose bien sûr le problème de fond de notre agriculture, étranglée par les coûts et les règlements et qui cherche désespérément des solutions. Ceci est un autre débat, mais je leur dis : ne succombez pas au miroir aux alouettes du halal !
Breizh-info.com : Où en êtes vous sur le plan juridique ?
Alain de Peretti : Nous avons perdu tous nos procès car les tribunaux bottent systématiquement en touche. Cela nous coûte très cher et nous commençons à nous poser des questions. Nous avons même perdu au Tribunal administratif pour l’abattoir de Meaux qui, muni d’une dérogation en règle, abat tout en halal; la preuve accablante est donnée par une vidéo de France 2, dans un Envoyé special de 2012 où un éleveur désirant faire abattre ses vaches en traditionnel avec étourdissement se voit répondre par le préposé qui l’accueille que tout se fait en halal.
Nous avons fait appel, mais ce déni de justice malgré un dossier en béton est significatif de la lâcheté du système dans sa globalité; nous avons également un gros dossier en cours au Conseil d’Etat, très documenté, concernant l’introduction calamiteuse de la Fièvre Catarrhale Ovine lors de l’Aïd el Kebir 2015.
Croisons les doigts mais j’avoue que je n’y crois plus…
Propos recueillis par Yann Vallerie
Crédit photo : DR
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