La baisse d’activité du soleil pourrait entraîner un refroidissement global sur Terre. Une série d’indicateurs montrent que le 25e cycle solaire en cours devrait déboucher sur un minimum historique, le plus important de ce siècle ayant été enregistré autour de 1958.
Depuis octobre 2005, quand le magnétisme solaire a connu une forte baisse, l’activité de notre astre s’est révélée notablement inférieure aux cycles précédents, le 24e cycle solaire ayant déjà été le plus faible depuis cent ans.
Pour le météorologiste Paul Dorian, « tous les éléments dont nous disposons prédisent que le minimum solaire qui devrait commencer en 2019 pourrait être encore plus bas que le précédent, lui-même le plus faible depuis un siècle ». Plusieurs scientifiques avancent que nous allons vers un minimum solaire historique et qu’après le 25e cycle pourrait être suivi de cycles encore plus faibles. Le modèle empirique de cycles solaires qui fournit une prévision à l’échelle de plusieurs millénaires annonce quant à lui un « grand » record minimum pour le millénaire à venir (2050-2250).
Durant le minimum de Maunder (1640-1715), les taches solaires étaient plus faibles
La question est de savoir si nous allons vers un minimum solaire record comme le minimum de Maunder (1640-1715) durant lequel les taches solaires, c’est-à-dire son activité de surface, étaient significativement plus faibles qu’aujourd’hui. Cela signifierait une période plus froide, tant l’hiver que l’été. La mémoire humaine a toujours considéré le soleil et la chaleur comme sources de vie, jusqu’à ce que l’industrialisation fasse oublier cette donnée essentielle. Au contraire du passé où l’on redoutait les grands froids, on se plaint aujourd’hui des chaleurs et d’un réchauffement, prétexte à des frayeurs largement instrumentalisées.
Au rebours de la pensée unique, un ouvrage d’Arnab Rai Choudhuri, intitulé en anglais Nature’s Third Cycle : a story of Sunspots, nous met en garde. Le « troisième cycle » évoqué dans le titre est celui du soleil et des taches sombres qui apparaissent à sa surface – les deux premiers étant ceux du jour et de la nuit d’abord, des saisons ensuite. Choudhuri nous livre une histoire du soleil et de ses taches durant les derniers siècles depuis Galilée, dont la découverte des rotations du soleil en 27 jours a marqué la naissance de la physique solaire moderne. Son ouvrage est un véritable travail de maître, dont la lecture est fascinante alors que de nombreux auteurs scientifiques embrouillent le lecteur plutôt que de l’éclairer.
Maunder avait observé une disparition des taches solaires de 1640 à 1715
Edward Maunder fut le premier à identifier une période courant de 1640 à 1715, durant laquelle les taches solaires avaient disparu. En général, le nombre de ces zones sombres augmente puis diminue sur une période d’environ onze années. Les cycles durant lequel les taches diminuent, dits « grand minimum solaire », coïncident avec une sorte de petit âge glaciaire sur Terre, avec des hivers rudes et des étés courts et tempérés. On a dénommé les années 1640-1715 « minimum de Maunder », du nom de l’observateur qui les a décrites.
Bien entendu, la thèse selon laquelle la température sur Terre pourrait être modifiée par l’évolution de ces mystérieuses taches solaires est controversée. Mais selon notre auteur elle n’est pas sans fondement : « Il est établi que la Terre se rafraîchit quand les taches solaires disparaissent. Le rapport de cause à effet demeure une question sur laquelle les experts ont des théories différentes et dont l’explication ne sera probablement pas donnée dans un avenir proche ».
Choudhuri prend la précaution de préciser que ce phénomène ne gomme pas les effets de l’industrialisation sur le climat, et que selon lui les deux constituent des phénomènes critiques. Pour autant, cette affirmation est compliquée par le faire que le monde s’est réchauffé au XXe siècle alors que le nombre de taches solaires étaient au-dessus de leur moyenne. Or toutes choses égales par ailleurs, un plus grand nombre de taches entraîne une hausse des températures sur Terre.
La Nasa montre que les taches solaires se raréfient
Lors de la publication de son ouvrage, en 2015, Chaudhuri se gardait de décrire les conséquences du cycle solaire actuel. Mais les récentes recherches de la Nasa indiquent que nous sommes entrés dans une période de raréfaction voire de disparition des taches solaires, qui coïncide avec l’hiver glacial que nous connaissons en ce moment même.
Toute la question est de savoir si nous entrons dans un grand minimum solaire du type de celui de Maunder, ce qui signifierait, si l’on se réfère à l’histoire, des hivers bien plus froids et des étés plus courts. Or de nombreux experts interrogés par Simon Constable, chroniqueur pour Forbes, estiment que nous entrons dans un « grand minimum », comme l’indique l’actuel hiver sibérien.
Si tel était le cas, l’influence sur l’économie serait considérable, avec possible diminution des récoltes et envol des consommations d’énergie pour le chauffage. Succédant à une époque d’abondance de nourriture et de carburants, cette évolution constituerait une véritable rupture, tant pour les personnes que pour l’économie mondiale et pour les déplacements de populations.