«Il s'agit d'armes létales vis-à-vis de Gaza, d'une structure considérée comme terroriste par les Israéliens, la France et l'Europe. On est dans une gravité exceptionnelle», s'insurge Me Gilles William Goldnadel, avocat franco-israélien, qui dénonce «un phénomène désormais récurrent.»
Le consulat français dans l'État hébreu avait déjà mauvaise réputation et cela ne risque pas de s'arranger… Arrêté le mois dernier par les services de renseignement intérieurs israéliens pour avoir transféré des armes depuis la Cisjordanie sous couvert de mission diplomatique, un chauffeur consulaire est présenté lundi après-midi devant le tribunal de Beer-Sheva, pour décider de son maintien en détention.
«De temps en temps, on ferme les yeux. Mais comment voulez-vous fermer les yeux lorsqu'il s'agit d'un trafic d'armes? […] Il arrive un moment où l'eau déborde»,
s'insurge Me Gilles William Goldnadel, avocat franco-israélien, qui dénonce «phénomène désormais récurrent».
D'après des éléments rendus publics par le Shin Beth (le Service de sécurité intérieure israélien), l'arsenal transporté par le français aurait été remis par un employé du Centre culturel français de Gaza afin d'être livré à des trafiquants d'armes en Cisjordanie. Au total, l'employé du consulat aurait effectué cinq voyages, convoyant au total 70 armes de poing et deux fusils d'assaut dans une voiture à plaques diplomatiques.
«Il est tentant de l'utiliser pour se livrer à un commerce lucratif et en même temps politiquement agréable. Je pense que c'est le cas pour une partie du personnel consulaire à Jérusalem», commente Me Goldnadel.
L'avocat fait référence à un précédent trafic datant de 2013, impliquant le chef du garage du même consulat. Celui-ci avait transporté un chargement de 152 kg d'or, des chèques pour un montant de 2 millions d'euros, des centaines de téléphones cellulaires et 500 kg de tabac.
«L'irritation est davantage par rapport au consulat que par rapport à la France. Peut-être que cet incident aura du bon, à savoir faire méditer un peu les autorités françaises, par rapport à une sorte de laxisme qui existe au consulat français de Jérusalem», estime l'avocat.
Israël dénonce régulièrement le rôle d'ambassade officieuse des autorités palestiniennes que jouerait ce consulat. Un avis que Me Goldnadel partage, tout en le tempérant:
«Autant je suis sévère à l'égard du consulat français à Jérusalem, autant il semblerait que mes informations soient bonnes: les autorités françaises ont coopéré pleinement avec les autorités israéliennes.»