Emmanuel Macron rencontrera-t-il son homologue italien, Giuseppe Conte, le 15 juin comme prévu? Rien n'est moins sûr côté italien. Rome a en effet menacé d'annuler le face-à-face, juste après avoir décommandé en dernière minute l'entretien prévu pour le 13 juin entre les ministres de l'Économie des deux pays, messieurs Le Maire et Tria.
Rome marque une nouvelle fois sa colère vis-à-vis des propos d'Emmanuel Macron, qui dénonçait le 12 juin dernier la «part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien» sur la gestion des migrants secourus par l'Aquarius deux jours plus tôt. Des propos qui ont aussi valu une convocation le 13 juin de l'ambassadeur français à Rome au Palazzo della Farnesina, le siège du ministère des Affaires étrangères, pour des explications.
«Je ne sais pas exactement ce qui va être dit lors de cette rencontre, mais je pense que l'ambassadeur français aura l'occasion de réaliser que l'Italie est redevenue un pays souverain et qu'elle va entreprendre une politique plus active et plus virile dans le cadre de la collaboration avec la France, l'Allemagne, l'Espagne», estimait Mario Borghezio au micro de Sputnik.
L'homme, député européen sous les couleurs de la Lega de Matteo Salvini, nie avoir failli aux engagements italiens en matière d'aide humanitaire et explique que Rome n'a peut-être pas ouvert ses ports, mais elle a distribué une «assistance humanitaire complète» aux personnes à bord de l'Aquarius:
«Dans cette situation, l'Italie a donné toutes les garanties pour que les gens secourus par l'Aquarius reçoivent une assistance médicale et humanitaire complète. Nous avons fait beaucoup plus que notre devoir.»
Il défend également l'approche de l'actuel ministre de l'Intérieur italien. Ce dernier avait vivement réagi en dénonçant «l'hypocrisie» du gouvernement français, dont la frontière avec l'Italie est fermée, justement pour empêcher le passage de migrants via les Alpes.
«Je pense que la déclaration de M. Macron et du gouvernement français est une démonstration de plus de l'hypocrisie coupable de certains leaders européens.»
Interrogé sur ce qui pourrait permettre de renouer le dialogue et d'améliorer les relations franco-italiennes, monsieur Borghezio explique que cela passera d'abord par la reconnaissance du point de vue italien:
«Le gouvernement français doit prendre note de la légitimité de la position italienne et du fait incontestable que l'Italie a accueilli des centaines de milliers d'immigrés. […] La France est un pays avec lequel nous avons des liens traditionnels de très bon voisinage et il faut récupérer une volonté unitaire.»
Puis, de l'avis du député européen, il faudra dans un second temps, opérer un changement de politique pour mieux défendre les frontières extérieures de l'Union européenne.
«[Il faut] surtout, comme le ministre de l'Intérieur allemand a dit très récemment, défendre les frontières extérieures de l'Europe. Mais pour faire cela, il faut être unis et donc il faut changer la politique européenne.»
Et, au-delà des critiques envers le gouvernement français pour ses remarques sur la politique migratoire italienne, Mario Borghezio ne se dispense pas de regarder dans son pays pour expliquer ce qu'il diagnostique comme la faiblesse de Rome dans les institutions européennes.
«L'Italie doit avoir un rôle plus significatif dans le cadre des pays de l'UE. Nous sommes un des pays fondateurs et malheureusement, des gouvernements ont donné l'image d'un pays faible qui n'a pas le courage de soutenir ses positions sur beaucoup de dossiers, pas seulement sur l'immigration. Ça va changer complètement: l'Italie redevient un pays souverain.»