Par le biais de chroniqueurs comme Eric Zemmour et portée par un mouvement plus profond, la droite extrême s’est imposée dans la bataille des idées en avançant une « pensée illibérale » et anti-68 nous explique le chef du service Débats au « Monde » Nicolas Truong.
La droite extrême s’est ainsi imposée dans la bataille des idées, et la « pensée anti-68 », comme dit le philosophe Serge Audier, tient le haut du pavé. « Le vent souffle à droite », constate la philosophe Elisabeth Badinter, alertée par les mouvements antiavortement et ceux issus de La Manif pour tous, rassemblés dans « la sainte alliance des réactionnaires » (Le Monde daté du 13 avril 2018). […]
Un renversement des valeurs du progressisme qui repose sur un « antilibéralisme intégral » (l’extension des droits de l’individu est associée au règne de l’illimitation de l’individualisme consumériste), une offensive axée sur « l’exaltation d’un peuple essentialisé » forcément méprisé par les élites, une guérilla conceptuelle tournée vers une critique obsessionnelle de « l’événement repoussoir » qu’est devenu Mai 68, sans oublier une « radicalisation des aversions » dominée par une hypertrophie du langage – par laquelle on assimile sans ambages le libéralisme ou le pédagogisme à des « totalitarismes ».
De Maurras à Gramsci, les références de ces pamphlétaires réactionnaires mêlent aussi bien des catholiques royalistes que des communistes révolutionnaires.
C’est pourquoi l’on peut entendre dans cette littérature « une pensée de droite dans un langage de gauche » […]