Insultes, coups : ces dernières semaines, les cas rapportés d’agressions homophobes se multiplient dans les grandes villes, notamment à Paris. Gays ou lesbiennes, nos témoins décrivent une même réalité vécue dans leur quotidien : marcher dehors, tout simplement, main dans la main, reste aujourd’hui une épreuve du feu pour les couples homosexuels.
(…) Cinq ans après l’obtention par les homosexuels du droit à se marier, le constat que fait Basile, 25 ans, est amer : « C’était une avancée indéniable, la promesse d’être intégrés dans la société comme n’importe quel couple. Mais cinq ans plus tard, on ne peut que constater qu’on est encore loin du compte et que d’accord, on peut se marier, mais on ne peut même pas se promener main dans la main dans la rue ! ».
(…) Nul besoin, d’ailleurs, d’avoir déjà subi une agression pour intégrer ces réflexes. A des degrés divers, tous les témoins gays ou lesbiennes que nous avons interrogés nous ont expliqué faire attention au comportement qu’ils adoptent quand ils sortent de chez eux.
(…) Quand un baiser peut dégénérer en passage à tabac, qu’une main tenue peut attirer un coup de poing, chaque geste pèse.
« Quand je me balade avec un garçon, développe Vincent, on fait gaffe à notre niveau de proximité en fonction du quartier où nous nous trouvons.
Particulièrement la nuit, parce que l’on sait que c’est plus risqué ». « C’est même une vigilance par morceau de rue, poursuit Jean, 30 ans, qui vit dans le 20e arrondissement de la capitale. Je tiens mon copain par la main sur 50 mètres puis, parce que je sais qu’on va passer devant un bar « sensible » ou qu’on aperçoit un groupe de mecs qui arrive, c’est un réflexe, le premier alerté lâche la main de l’autre ».