Avec son nouvel essai, La Religion des faibles, le directeur du Monde des livres opère en quelque sorte son tournant identitaire. Face à la menace islamiste, Jean Birnbaum invite une certaine gauche à assumer l’héritage historique de la civilisation européenne.
Vous reprenez une formule de Larossi Abballa, qui a tué un couple de policiers à Magnanville en 2016: «Le croyant est le miroir du croyant.» Que devons-nous voir dans le miroir que nous tendent les djihadistes?
Le reflet de notre faiblesse. Au miroir du djihadisme, cette idéologie conquérante, nous découvrons notre propre fragilité. Le djihadisme représente aujourd’hui la seule espérance pour laquelle des milliers de jeunes Européens sont prêts à aller mourir loin de chez eux: pour moi, tout part de ce constat d’épouvante. Dès lors que nous admettons cette puissance de séduction, nous nommons notre vulnérabilité.
Parlant ainsi, j’ai bien conscience de m’engager sur un terrain périlleux, car tracer un «nous» revient forcément à délimiter une frontière avec «eux», au risque d’exclure. Mais les djihadistes nous y contraignent. […]
S’agit-il de défendre «la civilisation chrétienne d’Europe», à la manière des identitaires ? Certainement pas : seulement de relever, face à la tyrannie religieuse, le drapeau des libertés et de l’égalité, de revenir à ce qu’il y a de positif et de subversif dans l’universalisme démocratique. Rappel utile… (Laurent Joffrin) Libération