« Rejeté partout en France, le compteur Linky ne peut plus compter que sur la mobilisation d’un quarteron d’éditorialistes réactionnaires qui en appellent à « la raison » et à « la science »… dont ils ne savent rien.
Dans un bel ensemble, Bertille Bayart (Le Figaro, actionnaire Dassault) et Eric Le Boucher (L’Opinion, actionnaire principal LVMH) montent au créneau pour tenter de soutenir le compteur communicant Linky, rejeté de partout. Bien sûr, cela n’a rien à voir avec le fait que leurs journaux sont détenus par des industriels parmi les plus pollueurs et anti-sociaux, et avides des innombrables données (Big data) que doivent collecter les compteurs communicants.
L’une parle, à propos des opposants au Linky, de « défaite de la raison » (*) , et l’autre de « populisme qui s’attaque à la science » (**), mais ils sont bien incapables d’expliquer en quoi le Linky relèverait de « la raison » ou de « la science », dont ils ne savent d’ailleurs rien.
Il faudrait donc expliquer à ces zozos que, lorsqu’un industriel arrive avec un nouveau produit sous le bras, en clamant que c’est « pour faire des économies », « pour améliorer la vie des habitants », « indispensable », et prétendument « obligatoire », il convient immédiatement de se méfier… même si l’objet en question est vert fluo (couleur choisie pour abuser les imbéciles).
Il faudrait donc leur expliquer que tout ce qui est nouveau ne relève pas nécessairement du « progrès », de la « raison » ou de « la science« , et que la dignité des citoyens est précisément de se poser des questions, de se renseigner, et si nécessaire de s’opposer, et non de se soumettre sans réfléchir.
Il faudrait donc leur expliquer que détruire 35 millions de compteurs en parfait état de marche, et dont la plupart peut durer encore des décennies, pour les remplacer par 35 millions de Linky, à la durée de vie très courte (5 à 7 ans) et construits en utilisant des quantités astronomiques d’énergie et de matières premières, est à la fois la pire des absurdités et un terrible crime contre l’environnement.
Il faudrait donc leur expliquer que le distributeur Enedis, celui qui fait installer les Linky, est une filiale d’EDF… qui survit en nous vendant le plus possible d’électricité : il est donc d’une incommensurables naïveté de croire que le programme Linky est prévu pour nous faire faire « des économies d’énergie ».
Il faudrait donc leur expliquer que d’innombrables habitants, une fois dotés du Linky, voient leurs factures s’envoler et/ou sont obligés de prendre un abonnement plus cher parce que leur installation ne cesse de disjoncter (alors qu’elle fonctionnait très bien avec le compteur ordinaire).
Il faudrait donc leur rappeler que la Cour des comptes, peu soupçonnable d’être infiltrée par des activistes complotistes, a violemment dénoncé le programme Linky qui est financièrement très favorable à Enedis/EDF et va coûter très cher aux habitants (en plus de l’augmentation des factures et abonnements).
Il faudrait donc leur expliquer que « le progrès » et « la raison » recommandent de conserver les compteurs ordinaires, en particulier ces fabuleux compteurs électro-mécaniques (avec la roue cranté qui tourne) : ils ne nous surfacturent pas, ne nous espionnent pas, ne disjonctent presque jamais, ne détruisent pas nos appareils électro-ménagers, ne génèrent pas d’incendies ni d’ondes électromagnétiques, etc .
Mais voilà, Bayart et Le Boucher savent bien que leurs salaires indécents ne leur sont versés que tant qu’ils défendent les projets industriels dont bénéficient leurs patrons et actionnaires. Alors ils font le job, comme des zombies, des parasites de luxe qui ne produisent rien… à part des inepties. Ils sont donc bien dignes du Linky ».
Stéphane Lhomme, Agoravox, le 16 octobre 2018