Plus d’un an après la pétition des femmes qui se déclaraient indésirables voire harcelées dans l’espace public, leur quotidien ne s’est pas amélioré dans cette partie du XVIIIe arrondissement de la capitale.
«Désormais, notre quartier est abandonné aux seuls hommes : plus une femme dans les cafés. Pas un enfant dans le square Louise-de-Marillac. Certaines d’entre nous se terrent chez elles.».
Au mois de mai 2017, à l’initiative de l’association SOS La Chapelle, un groupe d’habitantes du quartier Chapelle-Pajol avait rédigé une pétition, rapidement devenue virale, intitulée « Les femmes, une espèce en voie de disparition au cœur de Paris ».
Bien au-delà de l’arrondissement, le texte mis en ligne avait recueilli près de 20 000 signatures. Il avait provoqué un déluge de réactions politiques, et même une visite nocturne de Marlène Schiappa, la secrétaire d’État, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, censée démontrer qu’il était possible de circuler en toute tranquillité.
Elsa [Le prénom a été changé], une trentenaire, était l’une des signataires de la pétition. Depuis, elle a maintes fois envisagé de déménager, sans avoir eu la possibilité de le faire : «La situation a empiré. Forcément, puisque ces hommes sont de plus en plus nombreux. Comme bien d’autres, j’ai renoncé à prendre le métro à La Chapelle, à traverser la place… Même au pas de course. […]
«C’est comme si tout le monde s’était habitué, analyse pour sa part Pierre Liscia, élu (sans étiquette) dans le XVIIIe, qui avait porté le sujet au conseil d’arrondissement, en 2017. Les gens, et les femmes particulièrement ont intégré cet état de fait dans leur comportement.
Les habitantes ont adopté une stratégie d’évitement. Elles s’autocensurent en changeant tout simplement de trottoir. En n’empruntant que les itinéraires à peu près préservés».