Dans les pays voisins de la France, les médias perçoivent “ la rébellion d’une classe moyenne qui se sent marginalisée ”. Et Jupiter en prend pour son grade.
Serait-ce la fin de la lubie macronienne consistant à dénigrer les Français hors de leurs frontières ? Pas si sûr. Ce qui est plus certain, en revanche, c'est que la presse étrangère, de l'Italie à l'Angleterre en passant par l'Espagne, n'est pas tendre avec Emmanuel Macron, jugé déconnecté des réalités dans le dossier des « gilets jaunes ». Le Parisien a recensé quelques-unes des citations les plus tranchantes.
« Une classe moyenne qui se sent marginalisée »
« Les Français ont l’impression d’être pris pour des imbéciles. À juste titre », lance par exemple Die Welt, quotidien conservateur allemand, qui estime également que « le gouvernement a commis plusieurs grosses erreurs », comme « en justifiant l’augmentation des taxes par la seule protection de l’environnement, bien que la majeure partie des recettes serve un objectif différent. »
Toujours de l'autre côté du Rhin, le Süddeutsche Zeitung perçoit « la rébellion d’une classe moyenne qui se sent marginalisée socialement et géographiquement par les personnes les mieux rémunérées des grandes villes ».
« Pour la plupart des Français, sa politique n’a jusqu’à présent apporté aucune amélioration notable », estime encore le journal, n'hésitant pas à établir un parallèle avec la Révolution de 1789, un événement historique marqué par une colère « née du prix du pain » et à laquelle Marie-Antoinette aurait voulu répondre en conseillant aux plus pauvres de manger « de la brioche ». «
Aujourd’hui, le coût des carburants alimente la colère, et Macron recommande aux automobilistes d’acheter des voitures électriques propres », s'amuse même le Süddeutsche Zeitung.
Macron est « perçu comme un nouvel aristocrate »
Son de cloche similaire en Italie, où le Corriere Della Sera voit dans les « gilets jaunes » « des causes plus profondes qu’une prétendue insensibilité écologique » des Français.
Et d'ajouter : « Le président Macron, étranger aux partis politiques et néophyte, a été élu en partie grâce à une révolte contre les élites. Maintenant qu’il est à l’Élysée, il est perçu comme un nouvel aristocrate, éloigné des problèmes de la population commune. »
Le quotidien italien rappelle aussi que « les catégories sociales impliquées sont les plus défavorisées sur le plan économique […] et les plus pénalisées par un système de transport en commun qui, quel que soit son degré d’efficacité et d’importance, implique toujours des millions de trajets quotidiens par la route. ».
Le « rare moment d’humilité » du président
En Espagne, la presse n'est pas plus tendre avec Jupiter. El Mundo constate ainsi que le mouvement de contestation populaire est « un mouvement périphérique dans tous les sens du terme », « géographique », « social » et « économique ».
De l'autre côté de la Manche, on pointe essentiellement l'incapacité d'Emmanuel Macron à « rétablir la confiance dans la démocratie parmi ceux qui se sentaient désabusés et détachés de la politique », selon les mots de la BBC.
Le coup de grâce vient du Financial Times, pour qui l'aveu du jeune président, qui avouait, le 14 novembre, n’avoir « pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants », est un « rare moment d’humilité » du chef de l'État.