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28 novembre 2018 12:25

Très engagé dans la défense de la laïcité, le groupe d’appui parisien de la France insoumise « JR Hébert » a disparu sans explication de la plateforme numérique du mouvement de Jean Luc Mélenchon. En cause, l’organisation d’un débat sur « l’entrisme islamiste »…

« Bannis sans sommation ». A la France insoumise, les procédures d’exclusion sont aussi brutales que nébuleuses. C’est ce qu’ont pu constater les militants du groupe d’appui « JR Hébert », basé dans le 18e arrondissement de Paris.

Comme le révolutionnaire « enragé » Jacques-René Hébert, auquel leur nom fait référence et qui fut guillotiné sur ordre de Robespierre en 1794, ces Insoumis déterminés ont vu le couperet leur tomber sur la tête : à la suite de l’organisation d’un débat sur le communautarisme, leur groupe a disparu de la plateforme numérique de la France insoumise.

En d’autres termes, ils ne sont plus reconnus comme des militants par le mouvement dont ils continuent à se réclamer. Une exclusion qui pose question, alors que LFI paraît divisée en interne sur le sujet de la laïcité.

Intimidations externes… et internes à LFI

Tout part d’une affiche tonitruante, placardée dans le 18e par les militants du groupe JR Hébert début novembre. Celle-ci annonce l’organisation d’une « soirée-débat en musique sur le thème : entrisme islamiste dans le mouvement syndical« , le 9 novembre dans un café de la rue de l’Olive. Gérald Briant, adjoint communiste à la mairie d’arrondissement, tombe sur la pancarte et la publie sur Twitter, assorti du commentaire : « Vu dans le 18e. Hallucinant. »

La réunion fait beaucoup parler à gauche. Et le groupe JR Hébert indique à Marianne avoir reçu de nombreuses pressions en amont : « Notre première affiche a été arrachée et couverte par des pancartes de la Confédération nationale du travail (un syndicat anarchiste révolutionnaire, ndlr) », témoigne Youcef Hadbi, une des figures du groupe.

Les militants décident alors de faire la publicité de l’événement sur le site de la France insoumise. Mais à la suite du tweet de Gérald Briant, les interpellations se multiplient.

Elles viennent d’abord de l’extérieur : la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), une association concurrente du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et jugée plus radicale, passe des coups de fil décrits par Youcef Hadbi comme relevant « de l’intimidation« . Fabien Marcot, militant de gauche radicale actif dans le 18e, voit dans l’organisation de la soirée une « nouvelle preuve de la dangereuse dérive » de la France insoumise, et interpelle directement sur Twitter les Insoumis Eric Coquerel, Alexis Corbière, Manuel Bompard et Danièle Obono.

Décidé à calmer le jeu mais déterminé à ne pas céder, le groupe se réunit et décide de « changer le nom de la réunion pour le rendre moins polémique » : « l’entrisme islamiste dans le milieu syndical » cède alors la place au « communautarisme en milieu syndical« .

Rien n’y fait : la remise en cause atteint désormais les cercles de la France insoumise. Sans explication, l’événement disparaît de la plateforme numérique. Les militants de JR Hébert reçoivent alors, par le biais d’intermédiaires, des « conseils » émanant du directeur des campagnes de LFI Manuel Bompard, décrit comme le « patron » du mouvement : « Abandonnez la réunion et rentrez dans le rang ».

Une mise en garde vaine : les militants maintiennent la tenue de leur débat. La sanction est immédiate : le groupe JR Hébert est effacé des radars de LFI, sans explication. « Le ménage a été fait« , se félicite Gérald Briant.  (…)

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