“L’Islam doit se soumettre à la critique”. C’est par ces mots que la journaliste la plus menacée (et protégée) de France a réveillé ces derniers jours les ayatollahs de l’islamisme sur le net. Résultat : tombereaux d’insultes et menaces de mort affluent. Zineb el Rhazoui a même fini par déposer plainte ce mercredi.
Invitée sur le plateau de Pascal Praud sur CNews, ce mercredi matin, Zineb el Rhazoui persiste et signe : « Je réitère, l’islam doit se soumettre aux lois de la République, à l’humour, à la raison, à la critique, comme toutes les autres religions. » Par ces mêmes propos tenus vendredi dernier sur la même chaîne, l’ex-journaliste de Charlie Hebdo avait suscité une campagne de haine inouïe sur Twitter. « C’est pour moi la confirmation que je ne me trompe pas de combat », conclut-elle.
Depuis ce passage télé, l'ancienne journaliste de Charlie hebdo, @ZinebElRhazoui reçoit des centaines de tweets de menaces de mort, d'appels à la violence et au viol ainsi que de nombreuses insultes de la part d'intégristes musulmans (et pas que). pic.twitter.com/1qUem7WY3N
— JOD (@jo_delb) 18 décembre 2018
A la suite de cette tirade jugée « islamophobe » par ses critiques, le CRI (Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie) a déposé plainte et saisi le CSA à l’encontre de la journaliste et de Jean-Claude Dassier, éditorialiste de la chaîne et membre de la commission éditoriale de Valeurs actuelles. L’organisation, concurrente du CCIF (Collectif Contre l'Islamophobie en France), est notamment connue pour son opposition à la loi de 2004 encadrant le port de signes religieux à l’école.
La réaction, moins orthodoxe, des réseaux sociaux, elles, ne s’est pas fait attendre : « Je la vois dans la rue je la rafale » ; « Je te croise […], je te mets ma plus belle droite dans la gueule » ; « Hâte de te voir brûler en enfer espèce d’hypocrite », pouvait-on lire parmi les injonctions les plus sobres compilées par des internautes, nombreux, à soutenir Zineb el Rhazoui.
Bonjour @TwitterFrance, quand fermerez-vous ces comptes qui menacent de mort notre auteur, la journaliste @ZinebElRhazoui, rescapée des attentats de Charlie Hebdo, toujours sous protection policière 24h/24 ? Combien de morts pour comprendre ? pic.twitter.com/N8fgVIjYS0
— RING (@RingEditions) 18 décembre 2018
La journaliste la plus protégée de France
Comme la jeune femme le rappelait ce matin, ce n’est pas la première « campagne d’appels au meurtre et au viol » qu’elle subit. Connue pour sa parole décomplexée sur l’islam, qu’elle exerçait dans les pages de Charlie Hebdo jusqu’en 2016, elle avait échappé à l’escapade meurtrière des frères Kouachi dans la rédaction du journal, un an plus tôt.
Objet d’une fatwa déclenchée dans la foulée par les disciples de l’Etat islamique – encore sur Twitter – elle est depuis prise en charge par une équipe de protection 24 heures sur 24. En permanence entourée d’agents de sécurité, « même pour aller chercher une baguette », elle vit depuis dans un appartement dont l’adresse est tenue secrète, comme elle l’expliquait à BFMTV en février 2015.