«Sinistre industriel» en vue. General Electric devait créer 1000 postes d’ici fin 2018. Le compte n’y est pas et dans les anciennes entreprises de la branche énergie d’Alstom, un hiver de l’emploi s’annonce.
Selon des sources syndicales citées par l’AFP, le géant industriel américain General Electric (GE) envisage de supprimer jusqu'à 470 postes à travers la France, pour l'essentiel via des ruptures conventionnelles collectives.
Sur les quelque 6 000 emplois que compte l’ex-branche énergie d’Alstom en France, 229 postes sont menacés (dont 146 à Belfort) chez Alstom Power System (APS) qui fabrique des turbines pour l’industrie nucléaire. 149 autres postes devraient aussi être supprimés chez Power Conversion France (convertisseurs d’énergie) et 90 chez Grid (équipement pour réseaux de transport électrique).
Ces sources syndicales affirment également que GE a ouvert des négociations afin de réduire ses effectifs en France, hors Boulogne-Billancourt (siège du groupe dans l'Hexagone), à travers le dispositif de rupture conventionnelle collective (RCC) instauré par les ordonnances Macron de septembre 2017. La direction de la communication de GE à Belfort a confirmé à l’AFP l'ouverture de ces négociations.
Chez APS, le plan de rupture conventionnelle collective est complété par un «projet seniors» qui concerne l'ensemble des établissements et les 1 844 emplois en CDI. En outre, selon les sources syndicales citées par l’AFP, le dispositif de rupture conventionnelle collective n'écarte pas la possibilité d'un plan social ultérieur.
Pour cette filiale, les négociations ont été ouvertes dès décembre, et une première réunion s'est déroulée mi-janvier au siège, à Boulogne-Billancourt, en région parisienne. Il y a selon les syndicats une volonté de la direction d'enregistrer les premiers départs dès avril.
Le groupe américain s'était engagé à créer 1000 emplois
Lors du rachat de la branche énergie d’Alstom dans des conditions controversées en 2015, le groupe industriel américain General Electric s’était engagé à créer 1000 emplois en France d’ici la fin 2018. Faute de quoi il devrait payer 50 000 euros par poste non créé.
Mais dès le 12 juin dernier, le PDG de General Electric, John Flannery, s'est rendu au ministère de l'Economie et des Finances pour annoncer que l'engagement en matière de créations d'emplois était «hors d'atteinte».
Selon les calculs, à la fin avril, GE n’avait que créé que 323 emplois sur les 1000 annoncés et se trouvait donc déjà redevable de près de 34 millions d’euros. Dans les prochaines semaines, un cabinet d’experts indépendant devrait annoncer un décompte officiel très certainement inférieur aux prévisions qui entraînera le calcul des amendes. A Bercy, on rappelle que General Electric s’est déclaré prêt «à tenir ses engagements».
Il n’aura donc pas fallu attendre longtemps – après la date butoir (fin 2018) pour la création des 1 000 emplois – pour que les choses sérieuses commencent chez Alstom. Ces postes supprimés en 2019 n'entrent d'ailleurs pas dans le calcul de l'amende.
Mais surtout, ces suppressions d’emploi ne sont pas une surprise pour les spécialistes de l’industrie. Dès octobre, au moment où John Flannery était relevé de ses fonctions de PDG (CEO) par le conseil d’administration et remplacé par Lawrence Culp Jr, le quotidien financier l’AGEFI annonçait en titre «Un sinistre industriel majeur se profile chez GE France».
Philippe Mudry, directeur général de la revue, expliquait que les 20 milliards de dollars de provisions pour dépréciation d’actifs dans sa branche énergie que le groupe américain s’apprêtait à passer dans ses comptes 2018 risquait «d’avoir des conséquences graves en France».