Que l'ordre règne, c'est à dire que personne ne m'emmerde quand je sors en ville, que je puisse aller et venir, quelque soit l'heure, en me sentant en sécurité, bref que ma liberté n'empiète sur celle de personne et que personne ne vienne empiéter sur ma liberté de me promener (ou de penser).
Que l'ordre règne, c'est à dire que le fonctionnement de la vie de tous les jours ne soit pas altérée par des blocages, des grèves qui s'éternisent ou par une poignée de syndicalistes ringards (pléonasme) semant le chaos dans les transports en commun.
Que l'autorité soit respectée, c'est à dire que quelque soit le détenteur légitime d'une autorité légitime, celle-ci ne puisse être discutée ou pis, remise en cause.
Ainsi, l'élève turbulent qui ne respecte pas son prof: out !Le gars qui fait un bras d'honneur à un flic: out !
Quant à celui, quelque soit son âge, qui brave l'autorité légitime tout en foutant le bordel en ville et en cassant du flic: au gnouf, direct !
C'est pour toutes ces raisons et quelques autres que, par exemple, je n'ai pas aimé les manifestations contre la loi Travail, que je n'ai pas aimé les zadistes de NDDL, que je n'aime pas les antifas, les pouilleux de Sud Rail, les blacks blocs, la France Insoumise et autres perturbateurs "endocriniens" de notre vie quotidienne.
En clair, je soutiens la police, force doit rester à la loi, ordre républicain et respect de la légitimité acquise par le suffrage universel.
Et puis sont arrivés Emmanuel Macron et les gilets jaunes.
Autant (ou si peu) pour me chambouler la tête.
Comment accepter et respecter un gars sorti de nulle part, aussi mal élu, arrogant, suffisant, hors-sol, inexpérimenté et supposé incarner l'autorité suprême ?
Comment respecter une autorité dont on a du mal à croire qu'il puisse ramener l'ordre (sans parler du reste) ?
Too much, trop difficile. Impossible.
Et comment respecter ses sous-fifres dès lors que l'on ne respecte pas celui qui les a nommé.
Là aussi, impossible. Le premier pilier de mes convictions s'effritait.
Les gilets jaunes auraient du m'énerver.
Qu'ont-ils apporté depuis qu'ils se sont mis en branle ?
Des perturbations à tous les niveaux de notre vie quotidienne, des violences, des destructions, une occupation médiatique quasi permanente; des perturbations qui feraient passer celles des grèves dures d'Air France ou des cheminots pour des chicailleries de cours d'école.
L'ordre ne règne plus les samedis, l'ordre ne régnera pas samedi prochain.
Et pourtant, je n'arrive pas à leur en vouloir puisque je les comprends ( les gilets jaunes, pas les casseurs) et que faute de participer, je les soutiens totalement.
Et parce que j'ai vu la totalité de la scène en vidéo, je n'arrive pas à en vouloir vraiment à Christophe Dettinger.
Me voici soutenir "la chienlit".
Le deuxième pilier de mes convictions, lui aussi, s'effrite.
Soutenir les forces de l'ordre, la police et la gendarmerie, cela devrait être.
Mais là aussi l'effort est difficile.
Comment les soutenir lorsque l'on constate, de visu, de quelle manière elles répriment le mouvement des gilets jaunes.
Depuis quand n'avions nous pas vu lors d'un mouvement social une si sévère répression, autant de morts (12), autant de blessés et autant d'arrestations pour la plupart arbitraires ?
Vous me direz, ils ne font qu'obéir aux ordres, certes, mais quelque autorité aurait ordonné expressément de viser à la tête ?
Non, aucune. Réprimer ferme, certes, mais je n'ose pas croire que la chaîne de commandement ait pu ordonner de tirer au flashball, en tir tendu, délibérément, dans la tronche des gars d'en face.
Je ne veux pas croire que les autorités ait pu permettre que les goldoraks de la police se déchaînent, sans ménagement, à coup de tonfas, de coups de poing, de grenades de désencerclement et de gaz lacrymo sur des milliers de manifestants pour la plupart pacifiques (et non pacifistes comme on l'entend si souvent ces jours-ci).
Les forces de l'ordre que je vois à l'oeuvre dans cette histoire de gilets jaunes ne me plaisent pas, ce ne sont pas les forces républicaines que je chéris d'habitude, ce n'est pas la police que j'aime.
Le troisième pilier, à son tour se lézarde.
Avouez que tout cela à de quoi tournebouler.
Dans ma tête, c'est le grand chamboule tout.