L’usine Bic sport située à Vannes, dans le Morbihan, qui produit actuellement 100 millions de stylos Bic chaque année, va délocaliser 80% de sa production en Tunisie. L’entreprise est pourtant largement bénéficiaire, ce qui provoque la colère des 38 salariés de Bic Ecriture 2000 à Vannes, en grève illimitée depuis le 3 janvier 2019.
Le groupe Bic a annoncé le 2 janvier la vente de sa filiale Bic Sport, pionnier de l’industrie de la planche à voile, qui représente 1 % de son chiffre d’affaires, au groupe estonien Tahe Outdoors, l’un des principaux fabricants européens de kayaks, canoës et kite-surf. L’objectif étant de se recentrer sur ses trois métiers de base : la papeterie, les briquets et les rasoirs, rappelle 20 minutes.
La production doit être redéployée à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne), pour la marque iconique 4 couleurs, et à Bizerte en Tunisie pour les stylos Atlantis et Velocity.
« Inacceptable »
L’entreprise BIC Sport de Vannes, qui produit le fameux stylo au 4 couleurs en France depuis près de 40 ans, va fermer ses portes. 33 personnes devraient être licenciées.
« La direction de Bic nous dit qu’elle a cherché un site sur Vannes pour déménager la production de crayons mais qu’elle n’en a pas trouvé. On n’y croit pas car en fait elle recentre une petite partie de la production à Marne-La Vallée et délocalise l’autre en Tunisie. Un moyen d’augmenter ses marges alors que l’entreprise est largement bénéficiaire. La preuve : elle a redistribué 280 millions d’euros à ses actionnaires. », ont rapporté plusieurs salariés au quotidien ouest France.
Dès l’annonce officielle de la cession, jeudi, les salariés de l’usine de Vannes ont entamé un mouvement de grève illimitée et plus aucun stylo ne sort des six machines de production.
« conditionner les aides aux entreprises au maintien de l’emploi en France »
Deivy Mugerin, secrétaire départemental des Hauts-de-Seine pour Debout la France, réagit à ce projet de fermeture qui « rompt avec la stratégie de développement « made in France » longtemps promue par l’entreprise. Elle est un signe négatif qui contribue à accélérer la désindustrialisation massive de notre pays. » déclare-t-il dans un communiqué. « Cet exemple révèle surtout le peu d’ambition du gouvernement et du ministre de l’économie Bruno Lemaire à mettre en place une stratégie de ré-industrialisation du pays pour enfin inverser la spirale des délocalisations et lutter contre le chômage » poursuit-il.
Deivy Mugerin demande que les aides à l’installation et au développement des entreprises soient « conditionnées au maintien de l’emploi en France » et préconise « une baisse de l’impôt sur les sociétés (IS) pour les bénéfices réinvestis sur le sol français » pour permettre « d’améliorer l’attractivité de notre territoire.
20 milliards de chiffre d’affaire en 2017. Une entreprise largement bénéficiaire
En 2017, Bic a réalisé un bénéfice net de 288 millions d’euros (+15,5%) sur un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros. En 2018, elle a versé à ses actionnaires un dividende de 3,45 euros par action au titre de l’exercice 2017, soit au total 161 millions d’euros.
Cette fermeture est prévue depuis longtemps puisque pour s’installer, le groupe a acquis un terrain en Tunisie dès 2012, d’une superficie de trois hectares, pour une enveloppe d’investissement sur le moyen terme de 12 millions d’euros.
#Vannes. Troisième jour de grève à #Bic écriture via @ouestfrance https://t.co/pvVVPe0Mtg
— patrick croguennec (@pcroguennec) 5 janvier 2019