Des calculs qui fournissent de puissants arguments à l’approche de la campagne des élections européennes, selon la façon dont on choisira de les présenter. Deux économistes du Centre de politique européenne de Fribourg (CEP) estiment que, depuis l’introduction de la monnaie unique européenne, chaque Allemand a vu sa « prospérité » augmenter, en moyenne, de 23 116 euros.
Les Néerlandais arrivent à 21 003 euros. La perspective sur 20 ans se révèle totalement inversée pour les Français : ils ont vu leur richesse, toujours en moyenne, régresser de 55 996 euros. Pire pour les Italiens, avec 73 605 euros de pertes de revenus.
Jusqu’en 2006, l’étude d’Alessandro Gasparotti et Matthias Kullas (1) trouve un impact favorable de la monnaie unique en Allemagne plutôt limité. C’est ensuite que les courbes avec ou sans euro s’écartent avec netteté, une année avant que n’éclate la crise financière internationale. Pour les Néerlandais, dès le début, l’effet favorable est marqué, mais avec une relative décélération à partir de 2013.
Facteurs externes écartés
Il y a une originalité dans la méthode suivie (celle des contrôles synthétiques) que souligne la chaîne d’information publique DW, à Berlin : l’étude quantifie ces effets de richesse de l’euro en les isolant « des facteurs politiques et des réformes » dites structurelles. Au-delà de ce parti pris méthodologique, que ces conclusions chiffrées proviennent d’un tel centre de réflexion en accroît la portée politique. Le CEP est adossé à une fondation qui se revendique de la tradition « ordolibérale », courant spécifique à la pensée libérale allemande.
Le décalage se révèle donc avec le bruit de fond qui veut que les Allemands aient perdu ce que les Français et les Italiens auraient gagné par l’union monétaire, aux dépens de la première économie d’Europe. Ce matin, en commentant l’étude, le quotidien conservateur autrichien Die Presse n’hésite pas à décrire la monnaie unique comme « une bénédiction pour l’Allemagne, mais un supplice pour l’Italie ».