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26 février 2019 21:11

Après l’accalmie relative de 2017-2018, le “ retour sur le marché ” de centaines de djihadistes “ revenant ” ou libérés des prisons françaises va entraîner très probablement une recrudescence des actes terroristes en France et en Europe. D’autant que si Daech est affaibli, Al-Qaïda est en pleine renaissance dans plusieurs pays, nous explique Alexandre del Valle. 

Le rapatriement de djihadistes de Syrie, où Daech est en train de perdre la bataille militaire (mais pas idéologique) face aux forces kurdes (FDS) et à la Coalition internationale est un véritable casse-tête stratégique. Parallèlement à ces « revenants » se pose la question de la libération de centaines de détenus radicalisés impliqués dans les attentats des années 2000 et dont beaucoup vont bientôt pouvoir jouir d’une liberté quasi-totale étant donné le manque d’effectif pour les surveiller indéfiniment. Nos sociétés piégées par leur droitdel’hommisme et leurs scrupules vont devoir « s’habituer » aux attentats djihadistes. 

Qu’ils soient des « Returnees » revenus de Syrie ou d’Irak, des terroristes pro-Al-Qaïda ou Daech ayant purgé leur peine en France ou n’ayant pas pu faire leur « Hijra » en Syrie ou en Irak, les djihadistes « français » et « européens » - radicalisés sont entre 400 et 700 rien qu’en France : 130 au moins venus de Syrie, 300 ou 400 libérés de nos prisons ou bientôt libérables, et une centaine de francophones rien qu’à Baghouz, le dernier réduit de Daech en Syrie.

Ces djihadistes revenus du Califat ou empêchés de le rejoindre, qui ont brûlé leurs passeports français et continuent de haïr l’Occident, ne semblent pas se repentir. Ils vont pouvoir poursuivre leur djihad verbal, missionnaire ou guerrier contre la France et les Mécréants occidentaux. En Suède, en Belgique, en Grande-Bretagne, en Allemagne ou en France, notamment, ces « ennemis de l’intérieur » vont continuer de bénéficier d’allocations familiales, de revenus minimum, de droits sociaux et juridiques, de soins remboursés, de coûteux programmes de réinsertion. Et ils vont bien sûr bénéficier de l’aide d’avocats, d’intellectuels complaisants et même de juges laxistes qui considèrent la société coupable et les terroristes « victimes de l’exclusion ». Commençons par rappeler quelques chiffres élémentaires.

Les ex-terroristes/radicalisés libérés : des prédateurs récidivistes 

En France, pour les seules années 2018-2019, ce sont au moins 60 détenus radicalisés ou ex-terroristes qui ont été ou vont être libérés. Le chiffre est bien plus élevé si l’on mentionne non pas les seuls djihadistes/terroristes patentés mais les 450 détenus de « droit commun » connus pour leur radicalisation islamiste et qui vont être libérés d’ici la fin de l’année 2019, d’après le ministère de l’Intérieur lui-même.

Nombre d’entre eux ont ainsi parachevé leur « formation » dans nos prisons, donc aux frais de la princesse, sachant que presque n’importe détenu déterminé peut aujourd’hui se procurer un téléphone portable et internet dans sa cellule depuis que les fouilles systématiques ont été interdites dans nos geôles… et sachant que jusqu’à peu, avant que ne soit créé enfin le Renseignement pénitentiaire, rien n’empêchait réellement l’endoctrinement des détenus de droit commun par les islamistes.

Si certains de ces libérés (très peu) pourront ensuite être extradés vers leurs pays d’origine dans le cas où ils sont de nationalité étrangère ou binationaux, la Cour européenne des droits de l’homme pourra d’ailleurs toujours y trouver à redire, d’autant que la mesure (légale) de déchéance de nationalité française pour ceux qui ont une autre nationalité n’est pratiquement jamais pratiquée par nos démocraties à part quelque rares exceptions.
Dans le cas de Mohamed Achamlane, par exemple, ex-leader du groupe pro-djihadiste Forsane Alizza ( « Les Cavaliers de la fierté »), interdit pour propagande favorable à Daech et au djihad, la Cour doit décider si son expulsion vers l’Algérie est en « contravention de ses droits ».
On se rappelle aussi du cas de l’islamiste franco-algérien, Djamel Beghal, condamné à vingt ans de prison par contumace en 2003 pour appartenance aux réseaux terroristes algériens et qui devint en prison (Fleury-Mérogis) le mentor de Chérif Kouachi et d’Amedy Coulibaly, auteurs des attentats de Charlie Hebdo et de l’hyper casher en janvier 2015. Lorsqu’il fut libéré de prison en 2018 (cinq ans plus tôt que prévu !), Beghal fut expulsé vers l’Algérie, ce à quoi s’opposa la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui « craignait » pour ses « droits »… En fait, ces cas d’expulsion de djihadistes qui choquent les belles âmes sont plutôt rares, car ce type de profil a plutôt tendance à ne pas être extradé. 

Les revenants à proprement parler

D’après les Nations-Unies, 40 000 individus en provenance de 120 pays ont « répondu à l’appel d’organisations terroristes transnationales » depuis les années 2010.

Depuis le début du conflit en Syrie (2011), 5 000 ressortissants européens sont partis grossir les troupes islamistes de Daesh. D’après un rapport du Parlement européen daté de mai 2018, 30% seraient déjà revenus dans leur pays, de façon officielle ou clandestine.

D’après les services antiterroristes, la Belgique aurait la plus grande proportion de terroristes islamistes par rapport à sa population , avec pas moins de 500 « combattants » étrangers, dont un tiers serait déjà revenu (chiffres au 31 janvier 2018), et dont un tiers serait mort. Le reste serait encore « sur zone » en Iraq ou en Syrie, principalement.

L’Allemagne n’est pas en reste : sur 960 départs de ce pays, 300 seraient déjà revenus et 150 auraient trouvé la mort en Iraq ou en Syrie. Le Royaume-Uni, enregistre quant à lui le plus haut taux de retours (425 retours sur 850 départs), tandis que le Danemark a récupéré 35 revenants parmi ses 145 djihadistes partis vers « Sham » (Syrie).

Dans la suède voisine, bien plus « tolérante » et « multiculturelle », 150 returnees sans suivi de police ont fait leur retour, ceux-ci bénéficiant d’une généreuse politique de « protection » gouvernementale destinée à les « réinsérer ». Sur 280 ressortissants des Pays-Bas partis combattre au Proche-Orient, 18% serait revenu. 

Pour ce qui concerne la France, on sait qu’actuellement, 250 autres terroristes français sont encore dispersés dans la seule zone irako-syrienne, donc sans parler du Yémen, du Mali ou de l’Afghanistan. Dans la zone syrienne d’Idleb (nord-ouest), bastion d’Al-Qaïda tenu par le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), bien plus puissant que Daech en Syrie, se trouveraient nombre de djihadistes francophones recrutés par le célèbre prédicateur niçois Omar Diaby, alias Omar Omsen.

Quant aux djihadistes français détenus par les forces kurdes de Syrie (YPG/PYD), on estime leur nombre à 140 dont 70 à 80 sont des mineurs (trois quarts d’enfants de moins de sept ans) et cinquantaine sont des adultes (dont quinze hommes trentenaires). Le groupe dit des « Toulousains » qui a gravité autour de Fabien Clain (tué le 20 février 2019 par un drone) est particulièrement présent dans la poche de Baghouz Fouqani. Citons notamment le frère de Fabien Clain, Jean-Michel, qui avait revendiqué en Français au nom de Daech avec son frère les tueries du 13 novembre 2015.

Parmi les irréductibles « Français » présents à Baghouz (souvent issus du Sud-Ouest) et connus pour leurs actes de guerre envers la France, on retrouve un certain Thomas Barnouin, alias Abou Ahmed (37 ans), originaire du Tarn, ex-recruteur des candidats au djihad à Toulouse ; Thomas Collange, alias Abou Mokhtar, 36 ans, converti très jeune à l’islamisme djihadiste; son demi-frère Kevin Gonot (32 ans), alias Abou Soufyan, issu d’une famille convertie et marié à Jennifer Clain, la fille aînée d’une des soeurs des frères Clain. Leur cinq enfants seraient encore en Syrie avec eux ; le Toulousain Mohamed Megherbi (37 ans), alias Abou Hamza, vieux compagnon de Fabien Clain marié avec Amélie Grondin, la demi-sœur des frères Clain, actuellement détenue par les forces kurdes ; son frère cadet Najib (31 ans), ex-cameraman de la branche médias de Daech ; Hakim B., Rachid J.E., Chahid T. Romain Garnier, alias Abou Salman, ex-nageur de niveau national parti faire son Hijra en Syrie fin 2014 avec sa femme, Caroline. Dans des vidéos célèbres de l’EI, Garnier a notamment appelé les musulmans à tuer les Français « par les armes, les voitures, le poison ».

Citons encore Mohamed Yassine Sakkam, issu de l’autre « célèbre » filière de Lunel, arrivé en Syrie en décembre 2014 pour rejoindre son frère Karim, mort dans un attentat kamikaze en 2015. D’autres convertis dangereux sont détenus par les Kurdes en Syrie : Adrien Guihal (33 ans), ex-administrateur du site djihadiste Ansar al-Haqq, qui a revendiqué les attentats de Magnanville et de Nice en 2016, arrêté avec sa femme et leurs six enfants, à Raqqa, en mai 2018. Les Kurdes détiennent également le Tarnois Quentin Le Brun (30 ans), alias Abou Oussama al-Firansi, celui qui appela dans une vidéo de 2014 très partagée à « brûler les passeports français ». 

Le « droit au retour familial » version islamo-terroristes « français »

Quid des familles, femmes et enfants de ces djihadistes très souvent partis, comme on le constate, avec frères, sœurs, enfants, femmes, beaux-frères et belles-sœurs ? Un autre casse-tête. La réalité « familiale » du djihadisme place en fait l’Etat de droit dans une position ubuesque d’obligation, tandis que les mères, fussent-elles des matrices djihadistes, ont beau jeu d’user et abuser de leur problématique « droit » au retour, via notamment celui, incontournable, de leurs enfants. C’est d’ailleurs par ce biais que  la plus terrible des djihadistes françaises, Émilie Koening, détenue par les Kurdes syriens, tente depuis des mois de revenir en France au nom de ses enfants. L’avocat Émilie König n’a cessé d’exiger que « tout doit être mis en oeuvre pour faciliter le rapatriement de ses enfants, conformément aux engagements internationaux de la France ».

De belles âmes affirment aujourd’hui que la jeune djihadiste Emilie König « mériterait » de revenir en France sous prétexte que ses enfants sont Français.

Rappelons seulement qu’en septembre 2015, les autorités américaines ont ajouté à leur liste noire des « combattants terroristes étrangers » ciblés comme objectifs prioritaires de la CIA celle qui fut l’une des premières femmes à partir combattre en Syrie, à l’automne 2012, et la plus efficace des « recruteuses ». Samra (son nom de convertie), qui portait déjà le niqab en Bretagne et était fan de Dieudonné et des théories complotistes antisémites (voir le reportage d’Agnès de Féo : « Emilie Konig vs Ummu Tawwab »), se maria avec le djihadiste nîmois Axel Baeza, parti combattre avec Daesh, qu’elle rejoignit à Alep en 2013.

König réapparut sur YouTube, dans une vidéo du 31 mai 2013 où elle s’entraînait au maniement d’un fusil à pompe. Depuis la Syrie, la Bretonne devint alors une recruteuse puissante et influente, incitant ses recrues du web à commettre des attentats. Malgré cela, des belles âmes affirment aujourd’hui que la jeune djihadiste « mériterait » de revenir en France sous prétexte que ses enfants sont Français. Rappelons tout de même que le fait d’être enfant ne prémunit de rien : certains ont suivi un entraînement militaire dès le plus jeune âge dans les « terres du Califat ». Sachant tout cela, on ne peut qu’être perplexe devant la réaction des autorités des divers pays européens qui voient dans la plupart des femmes et des enfants djihadistes des risques « très faibles » une fois de retour. 

Sont-ils coupables/emprisonnables ? 

Concernant les revenants mâles/majeurs, volontairement partis sur le théâtre irako-syrien, l’idée qui domine dans les milieux judiciaires est qu’ils « ne pouvaient ignorer qu’ils rejoignaient une organisation terroriste ». Il est donc acquis que les revenants déjà majeurs en 2014-2015, une fois interpellés à leur arrivée en France, seront placés en garde puis mis présentées à un juge d’instruction s’ils font l’objet d’un mandat d’arrêt. Comme l’a confirmé le parquet général auprès de la cour d’appel de Paris, qui supervise la lutte antiterroriste, ces terroristes « revenants » seront poursuivis en cour d’assise pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Depuis la loi de 2016, ce chef d’accusation est passible de trente ans de réclusion (contre vingt ans auparavant).

Selon Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme (CAT), « il est très important que ces individus comparaissent devant la justice française. Ils doivent répondre de leurs actes, en particulier de leur rôle dans la chaîne d’organisation de certains attentats en France ». L’argument de Brisard, même s’il choque ceux qui préconisent le « bagne », la déchéance de nationalité et/ou l’exil définitif pour ces « traitres à la patrie », n’est pas irrecevable. On sait en effet que, dans l’état actuel des choses, les forces kurdes lorsqu’elles jugent « nos » djihadistes francophones, ne les condamnent qu’à des peines assez courtes, 7 ans moyenne, et que les conditions d’incarcération sont moins sures qu’en France. Par ailleurs, le régime syrien qui en veut aux Occidentaux d’avoir essayé de le renverser durant la guerre civile consécutive au printemps arabe, ne va pas coopérer d’ici tôt avec les justices occidentales et va même sûrement relâcher des djihadistes « européens ».

Toutefois, derrière la sévérité théorique affichée, on observe que des femmes mises en examen n’ont pas été placées en détention provisoire.

Ces constats accroissent grandement le risque de dissémination/diffusion de la menace. Par contraste, pour les terroristes francophones précités détenus par les Kurdes de Syrie et connus pour leur appel/participation aux attentats anti-Français, la justice française prévoit normalement 30 ans d’emprisonnement. Toutefois, derrière la sévérité théorique affichée, qui ne fonctionnera en plein que pour les terroristes majeurs/mâles connus et pour lesquels les preuves de culpabilité existent, on observe que des femmes mises en examen n’ont pas été placées en détention provisoire, et que nombre de djihadistes déjà écroués, jugés et emprisonnés mais pour qui on dispose de preuves moins évidentes feront rarement de très longues peines de prison.

Etant donnée leur jeunesse, nombre de djihadistes « revenus » vont probablement ressortir dans 7 à 10 ans maximum en moyenne au maximum, d’autant que leurs « délits » commis à l’étranger seront âprement discutés par la défense. Sans oublier les juges de l’application des peines qui peuvent de toute façon toujours libérer de façon anticipée des détenus.

Certes, les majeurs seront étroitement surveillés en cellule par le renseignement pénitentiaire puis par les services intérieurs à leur sortie de prison. Mais nombre d’entre eux « bénéficieront » tantôt de non-lieux, tantôt de mesures administratives comme l’assignation à résidence, ce qui n’est pas du tout une garantie de quoi que ce soit étant donnés le laxisme du suivi des détenus assignés à résidence qui ne pointent pas. Sans parler de la vétusté des bracelets électroniques français, d’ailleurs très peu utilisés sur le long terme. En mai 2018, un rapport très instructif du Centre d’analyse du terrorisme (CAT) sur le traitement judiciaire des « revenants », présidé par Jean-Charles Brisard, s’étonnait d’ailleurs que sur 258 majeurs (184 hommes et 74 femmes), plus de quinze dangereux islamistes pro-djihadistes avaient déjà été jugés et libérés…

Plus inquiétant encore, le rapport note que parmi ces 93 djihadistes jugés pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste », 59% seront libérés avant 2020, certains ayant bénéficié de relaxes, de sursis. Et parmi eux, seuls 6 ont été jugés aux assises, les autres en correctionnel, contrairement à ce qui est prévu et annoncé. 

Tout cela signifie que les revenus et/ou libérés disposeront, comme la quasi-totalité des djihadistes passés à l’action ces dernières années depuis Mohamed Merah, d’une grande marge de manœuvre pour continuer à se mouvoir, à rencontrer des profils dangereux, à faire des petits, répandre leur venin dans les quartiers qui leur sont naturellement solidaires, et même préparer de nouveaux attentats…

Faute de moyen supplémentaire, et sachant que l’on a besoin de 15 à 18 agents pour réellement pouvoir surveillé un individu fiché et dangereux, les spécialistes savent que nous ne sommes pas en mesure de garantir la non-dangerosité et la non-récidive de centaines de revenants de Syrie et ou radicalisés libérés des prisons françaises…

En réalité, si l’argument de Brisard consistant à affirmer que les terroristes qui ont soutenu ou organisé des attentats contre la France et des Français doivent être payer leur crime en France tient parfaitement la route pour les quelques dizaines d’adultes clairement identifiés comme ayant contribué à attaquer la France au nom d’une organisation ennemie extérieure, il est moins opérant pour les adolescents ayant participé au djihad, car seuls ceux ayant plus de 13 ans peuvent être placés dans un centre éducatif fermé une fois de retour en France, voir emprisonnés s’ils ont plus de 16 ans.

En février 2019, on compte d’ailleurs 80 mineurs revenus en France, dont une cinquantaine pris en charge par le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), juridiction de Roissy, l’aéroport par lequel s’opère la plupart des retours.

Quand on sait, d’après les analyses et propos mêmes du juge anti-terroriste Marc Trevidic, qu’un radicalisé qui a pris le goût du sang n’est « plus récupérable » à partir de 12-13 ans, on a de quoi se faire du soucis, car en dépit des lois antiterroristes récemment adoptées, qui durcissent certaines peines et qui tirent les leçons de l’endogénéisation de « l’effet Daech », on sait que la grande majorité de ces mineurs ne seront ni mis hors d’état de nuire, ni neutralisés à moyen terme. 

Après le retour : se « déradicaliser » ?

Les initiatives de « déradicalisation » pullulent dans tous les pays, avec une inefficacité patente quand il ne s’agit pas tout simplement d’une arnaque. Pour rappel, la première « cellule de déradicalisation » en France, établie en 2014 à l’initiative du Ministère de l’Intérieur et gérée par Sonia Imloul, avait fait l’objet d’une dénonciation par un ex-employé puis d’un reportage peu reluisant: la soi-disant « équipe pluridisciplinaire » de dix personnes « spécialisées » regroupait en fait quatre quasi-néophytes.

Subventionnée à hauteur de 35 000 euros, la structure n’a même pas payé ses membres. En Belgique, Jean-Louis Denis, converti djihadiste alias « le Soumis », avait fait la Une lorsque, fraîchement libéré après une peine de cinq ans (pour recrutement de djihadistes), il avait lui-même admis que la « cellule de déradicalisation » ne l’avait pas fait changer d’un iota !

Une autre difficulté se pose, selon les autorités : celle de savoir ce qui motive le retour. Entre ceux qui reviennent parce qu’ils n’ont plus leur place là-bas et ceux qui ont pour mission de « combattre pour le Califat » à partir d’un autre lieu, sans oublier ceux qui sont simplement en manque de soins ou de moyens matériels depuis la déroute de Daech, on peut penser que ces personnes demandent des stratégies fortement différenciées et une grande méfiance.

D’autant que mentir est pour eux un droit et un devoir à la fois (Taqiya). En réalité, on ne déradicalise pas quelqu’un en lui confirmant que l’islam est une religion d’amour et qu’il s’est trompé de définition… La notion même de « radicalisation » montre une mécompréhension du phénomène et implique une forme de passivité (c’est quelque chose qui « arrive » à quelqu’un), au mépris de l’étymologie : c’est bien dans les racines mêmes de l’idéologie que se trouve le problème, dans la vision qui départage le monde en « croyants » et « mécréants ».

De même, on ne peut que pointer l’incohérence et l’hypocrisie de projets de déradicalisation-réintégration alors même que nos sociétés occidentales repentantes et post-nationales multiplient les possibilités de désassimilation, via des accommodements raisonnables et autres « exceptions communautaires », ceci en vertu même du principe de division « croyants/mécréants » propre à l’idéologie islamiste mais reformulée habilement sous l’habit du « droit à la différence ». 

En guise de conclusion : quelle solution ?

L’approche sécuritaire (mise sous surveillance) demande des moyens quasi impossibles à mettre en œuvre en raison de leur coût et des nombres : il n’y a pas assez d’agents, de policiers, de travailleurs sociaux ; il y a trop de personnes à surveiller. Certes, divers organes, dont Europol, travaillent à développer un système de partage des données au niveau international qui permettrait aux différents pays de collaborer dans la surveillance de profils particulièrement dangereux, mais jusqu’à présent les diverses initiatives n’ont été que partielles.

Quant aux nations, tant qu’elles refuseront d’ouvrir les yeux sur les fondements mêmes du terrorisme islamiste, cela restera un pari toujours perdant : on s’exténuera à entourer ces individus de moult « accompagnements psychologiques » ; on continuera d’ignorer les mécanismes de la construction psychique d’un individu abreuvé dès l’enfance à la vision « croyants/mécréants »; on tempèrera l’opinion publique à coups de messages élogieux sur « l’islam des lumières » ; on vantera la « diversité culturelle », la lutte impitoyable contre le « l’islamophobie » ; et on feindra de prévenir la radicalisation parce que de toute façon, personne n’ose interroger les sources de ladite radicalisation contenues en partie dans la doctrine théocratique guerrière même de la Charià, enseignée dans nombre de mosquées d’Occident et du monde islamique.

Et comme dans le cas d’Achamlane - le chef de Forsane Alizza - qui s’est porté devant la Cour européenne des droits de l’homme pour s’opposer à son extradition vers l’Algérie, les droits de l’homme continueront d’être instrumentalisés par les complices des djihadistes pour forcer la main des Etats concernant ce qu’il convient de faire avec des terroristes libérés (souvent avec remises de peine automatiques) ou des returnees fraîchement revenus du « Sham » (Syrie).

Plus que jamais, cet inquiétant état des lieux démontre qu’une société multiculturelle devient facilement multiconflictuelle si la non-cohésion civilisationnelle interne n’est pas compensée, comme à Singapour, par une « tolérance zéro » et une vaste politique d’intégration patriotique qui empêche à la racine le processus de « désassimilation » et de sécession. Or nos sociétés « liquides » post-coloniales culpabilisées sont tout sauf comparables à la très sécuritaire et confucéenne Singapour. S’ajoute au laxisme « structurel » de nos démocraties régies par les droits de l’homme et dépossédées de leur souveraineté régalienne l’absence totale de cohésion sécuritaire et judiciaire européenne.

 

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