Décisions préparatoires surprenantes, choix tactiques erronés : aux ordres de la Préfecture de police de Paris, les spécialistes du maintien de l’ordre refusent d’être les boucs émissaires du fiasco face aux Gilets jaunes.
La manifestation des Gilets jaunes du 16 mars a tourné au fiasco pour le maintien de l’ordre. En raison, certes, de la présence des 1.500 black blocs et autres ultras de gauche anti systèmes, mais pas seulement. « Dispositif inadapté », « pilotage inapproprié », accusent les gendarmes spécialistes du maintien de l’ordre. […]
Dans la « zone rouge », il est décidé de sanctuariser le triangle Concorde-Elysée comme chaque samedi. De plus, deux lignes de défense statique sont formées : l’une en protection de l’Arc de Triomphe, en haut des Champs-Elysées, l’autre barrant la plus belle avenue du monde à hauteur du rond-point, au milieu de l’avenue.
Le jour J, un groupe de Gilets jaunes, auxquels se mêlent des participants à la Marche pour le climat égarés, se retrouvent coincés entre les deux. Sans issue de sortie possible, la tension monte vite. Ils essuient les tirs de grenades lacrymogènes lancées de part et d’autre. “A l’inverse de la doctrine de maintien de l’ordre en Gendarmerie qui prévoit toujours une porte de sortie pour les manifestants, on les a encagés», déplore un officier présent dans le dispositif.
«Au bout d’un moment, ils s’en sont pris aux boutiques sur les côtés, où les forces de sécurité étaient quasi inexistantes, ce qui n’est pas étonnant au regard du volume global mobilisé et de l’importance donnée aux points statiques”.
Un officier supérieur ajoute : “Cela fait des semaines que la Direction de l’ordre public et de la sécurité de la préfecture de Police nous impose son dispositif de l’encagement. On doit reculer pour éviter les drames car la violence des ultras est énorme. Un jour, ca se terminera mal, on aura un mort d’un côté ou de l’autre”.
Les gendarmes s’interrogent, enfin, sur la présence massive des casseurs et activistes avec leurs équipements dans la manifestation. […]