Trois chercheurs ont défini les caractéristiques sociales des djihadistes condamnés par la justice espagnole ou tués entre 2004 et 2018, et les processus de radicalisation par lesquels ils sont passés.
Ces dernières années, l’Espagne s’est ainsi peu à peu imposée comme un terreau de radicalisation djihadiste.
L’hypothèse selon laquelle les djihadistes se radicalisent sur les réseaux sociaux et par l’intermédiaire de contenus violents diffusés sur internet, tombe en disgrâce.
D’après une étude du Real Instituto Elcano, think tank espagnol spécialisé dans les politiques publiques et les relations internationales, 70% des processus de radicalisation se mettent en place au contact d’une figure prosélyte, notamment une personnalité religieuse ou une personne déjà radicalisée proche de l’entourage familial ou amical. […]
Les données relatives à la nationalité et au pays de naissance traduisent, d’une part, le degré de participation des individus d’origine algérienne, pakistanaise ou syrienne à l’introduction et au développement du djihadisme mondial en Espagne, poursuit le document : «D’autre part, [les données] montrent également l’évolution récente de ce phénomène [en Espagne], avec la configuration de deux grandes composantes.
La première est la composante étrangère, qui réunit les deux tiers des djihadistes condamnés et assassinés de 2004 à 2018 en fonction de leur nationalité et les trois quarts selon le pays de naissance, constituant une composante principalement marocaine.»
La seconde est la composante autochtone ou espagnole. «Le fait qu’un quart de ces mêmes djihadistes soit né en Espagne qu’une troisième partie ait la nationalité espagnole révèle que nous ne sommes pas face à un phénomène qui vient exclusivement de l’extérieur [du pays]», nuancent toutefois les chercheurs. […]