En 2018, 4 305 chrétiens dans le monde ont été assassinés pour leur foi : ils étaient 3 066 en 2017.
En un an, deux fois plus d'églises ont été ciblées (vandalisées, pillées, détruites, fermées…) sur la planète : 1 847 en 2018, 793 en 2017. Ces chiffres sont tirés de l'index mondial des persécutions contre les chrétiens, que tient depuis vingt-cinq ans l'ONG protestante Portes ouvertes (Open Doors), active dans 70 pays.
D'après ces sources, au total, ce sont 245 millions de chrétiens – catholiques, orthodoxes, protestants – qui sont persécutés dans le monde, soit « un chrétien sur neuf », contre un sur douze l'année précédente.
[…] Il y a de plus en plus de pays dans lesquels les chrétiens sont persécutés, et dans les États où ils l'étaient déjà, la pression augmente d'année en année. » Selon l'ONG, le nombre de pays où ces violences sont commises a augmenté de 20 % en un an : ils sont 73 en 2018, contre 53 en 2017.
3 731 tués au Nigeria
C'est en Afrique que les chrétiens sont les plus exposés. En Centrafrique, en Somalie, au Congo (RDC), au Soudan du Sud (notamment), la chasse à ces croyants est ouverte. Pis encore, au Nigeria, la situation est alarmante : 3 731 y ont été tués en 2018, contre 2 000 l'année précédente ; et 569 églises ont été attaquées, contre 22 en 2017.
Les terroristes de Boko Haram sévissent, mais pas seulement : les chrétiens sont à la merci des nomades peuls ou foulanis musulmans qui, « du fait de la désertification, souligne Michel Varton, descendent vers le sud et occupent les terres des chrétiens ». « Ils attaquent sans vergogne les villages, incendient les maisons, tuent les prêtres, s'alarme Marc Fromager. . »
En Asie aussi, les violences s'intensifient. L'ONG Portes ouvertes place à la première place des pays les plus persécuteurs au monde la Corée du Nord, sans pouvoir publier de données fiables vu le contrôle de l'information par le régime. « Mais nous savons ce qui se passe grâce aux réseaux de l'Église clandestine qui compte environ 200 000 fidèles, indique Michel Varton.
[…] « La Chine, tout comme l'Algérie où le gouvernement ferme aussi les églises, monte en flèche dans notre classement », note notre interlocuteur. Autre centre de préoccupation : l'Inde, qui figure pour la première fois à la dixième place de l'index des persécutions, du fait de l'hindouisation de la société – huit États ont adopté des lois anti-conversion. Jusqu'à l'attaque de Pâques, le Sri Lanka s'était fait peu remarquer : avec 21 chrétiens attaqués et 10 églises ciblées, le pays était classé à la 46e position en 2018.
Nous comptons aujourd'hui plus de martyrs qu'aux premiers siècles
Le Saint-Siège a de multiples fois dénoncé ces persécutions à travers ses représentants dans les organisations de l'ONU, à New York comme à Genève… Et, notamment sous l'impulsion du cardinal français Jean-Louis Tauran, décédé le 5 juillet 2018, le Vatican presse les autorités de l'islam pour qu'elles soient plus claires dans leurs condamnations, en tout cas moins ambiguës.
Sur ce terrain ultra-sensible, le pape avance à pas feutrés, et prend bien garde à son vocabulaire. Une seule fois, il aura employé à propos des persécutions dont les chrétiens sont l'objet le terme de « génocide »,
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Quelques semaines plus tard, ils seront des dizaines à mourir en plein office de Pâques sous le feu de kamikazes islamistes. Las, il est à craindre que, démantelé dans ses bastions traditionnels, l'État islamique transporte sa guerre sanglante sur de nouveaux terrains. Avec, toujours, les chrétiens en ligne de mire.