Des révélations faites par le média d'investigation à but non lucratif Disclose, avec son partenaire, la cellule d'investigation de Radio France, détaillent l'implication de nombreuses armes de fabrication française utilisées par la coalition de l'Arabie saoudite dans la guerre au Yémen.
Ces informations, basées sur le rapport classé «confidentiel Défense» de la Direction du renseignement militaire (DRM), contredisent totalement les déclarations faites ces derniers temps par les autorités françaises, dont Florence Parly et Jean-Yves Le Drian, qui avaient estimé n'avoir aucune connaissance de l'utilisation d'armes françaises au Yémen.
Il est précisé que le document ayant fuité, daté du 25 septembre 2018, s'intitule «Yémen — Situation sécuritaire» et qu'il a été transmis à Emmanuel Macron et aux ministres français des Armées et des Affaires étrangères à l'occasion du conseil de défense restreint consacré à la guerre au Yémen qui s'est tenu le 3 octobre 2018, à l'Élysée.
Ainsi, le fichier présente la liste des armes françaises qui ont été vendues à l'Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, dont des canons Caesar, des chars Leclerc, des obus flèches, des Mirage 2000-9, des radars Cobra, des blindés Aravis, des hélicoptères Cougar et Dauphin, la frégate de classe Makkah ou encore une corvette lance-missiles de classe Baynunah. Selon la note de la DRM, la «population concernée par de possibles frappes d'artillerie» est de «436.370 personnes».
Armes terrestres
En se référant à l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), spécialisé dans les transferts d'armements, depuis 2010, la France a livré à l'Arabie saoudite 132 canons Caesar, qui sont fabriqués «à Roanne (Loire) par Nexter, une entreprise détenue à 100% par l'État français». Actuellement, 48 canons de ce type sont déployés le long de la frontière saoudo-yéménite et «bombardent le Yémen pour dégager le terrain aux blindés et aux chars qui envahissent le pays», indique Disclose.
Et d'ajouter que d'autres livraisons sont prévues dans les prochains mois. Ceci contredit les propos de Florence Parly qui, en janvier 2019, a confié sur France Inter que la France n'a «récemment vendu aucune arme qui puisse être utilisée dans le cadre du conflit yéménite» et qu'elle n'a pas «de négociations avec l'Arabie saoudite».
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Depuis 2014, la France est signataire du Traité sur le commerce des armes (TCA) qui exhorte le gouvernement français à «n'autoriser aucun transfert d'armes» si celles-ci pouvaient servir à commettre «des attaques contre les civils ou des biens de caractère civil […] ou d'autres crimes de guerre».