«Je peux d’ores et déjà vous annoncer que de nombreuses communes représenteront l’UDMF aux prochaines Municipales.»
La motivation de Nagib Azergui, leader de l’Union des Démocrates Musulmans Français (UDMF), n’a pas été entamée par son faible score aux Européennes. Avec 0,13% des voix, la liste «Une Europe au service des peuples» n’a pas réussi à mobiliser en masse l’électorat musulman. Du moins pas au niveau national.
Car dans certains quartiers, notamment en banlieue parisienne ou à Maubeuge, dans le nord de la France, l’UDMF a obtenu des scores élevés, faisant jeu égal avec d’autres formations politiques bien plus installées dans le paysage politique français. 7,43% à Garges-Lès-Gonesse dans le Val-d’Oise, 6,77% à Mantes-la-Jolie dans les Yvelines, plus de 6% à Montereau-Fault-Yonne en Seine-et-Marne, à La Courneuve en Seine-Saint-Denis ou encore à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines.
À Jouè-Les-Tours, Nagib Azergui a même promis «le grand remplacement dans les urnes de la République».
Des ambitions qui lui attirent des critiques. Si Nagib Azergui s’est toujours défendu de tout communautarisme, les adversaires de l’UDMF, au contraire, le dénoncent. La spécialiste du monde arabo-musulman Sophie de Peyret a récemment publié un article sur le site du Figaro afin de fustiger le «communautarisme religieux assumé» dont fait preuve, selon elle, l’UDMF.
Sputnik France a donné la parole au politologue franco-syrien Bassam Tahhan, qui était présent sur la liste de l’UDMF pour les élections européennes. Avec lui, nous avons discuté des résultats du parti, de sa réputation sulfureuse et de ses ambitions. Entretien.
Sputnik France: 0,13% au niveau national, c’est le score de l’UDMF lors de ces élections européennes. Vous êtes déçus?
Bassam Tahhan: «Non, pas du tout. Nous avons obtenu plus de 28.000 voix, pour une première fois c’est encourageant. 19e sur 34 listes, c’est plutôt encourageant. De plus, nous avons battu des listes identitaires comme celle de Renaud Camus ou la liste royaliste. Enfin, il y a des raisons objectives concernant notre résultat.»
[…]
Sputnik France: à Jouè-Les-Tours, Nabil Azrgui a promis «le grand remplacement dans les urnes de la République». Vous comprenez que l’UDMF puisse faire peur?
Bassam Tahhan: «à chaque fois que l’on parle de l’UDMF, c’est justement pour faire peur. J’ai l’impression qu’une certaine presse s’est servie de nous pour affoler les électeurs et les pousser à aller voter en jouant sur la peur de l’islam.
Sputnik France: Votre liste a obtenu de bons scores dans certains quartiers de la banlieue parisienne. Parfois jusqu’à faire jeu égal avec les partis traditionnels. De bonne augure pour les Municipales?
Bassam Tahhan: «Oui. De toute manière, nous ne lâcherons rien. Notre but est d’impliquer les mal-nantis dans le jeu politique. En cela, nous rejoignons les Gilets jaunes. Nous n’avons pas confiance dans les partis traditionnels. Leurs responsables traînent pratiquement tous des casseroles. Les petits partis sont moins “pourris”. Nous sommes un petit parti. Peut-être que nous aurons le temps de réformer la France avant de nous faire corrompre (rires).»