Les déclarations de l’ambassadeur américain en Allemagne, Richard Grenell, sur la construction du gazoduc Nord Stream 2 laissent croire que l’Allemagne est une colonie des États-Unis, ce qui est inadmissible, a déclaré ce jeudi 16 mai Klaus Ernst, le président de la commission du Bundestag pour l’économie et l’énergie.
«Les Américains souhaitent vendre leur gaz sur le marché européen. Les mesures qu’ils prennent à cette fin ne sont pas toujours agréables. Elles sont tournées non seulement contre les Russes, mais aussi contre les Européens, par exemple contre les sociétés allemandes participant au projet Nord Stream 2.
Les agissements de l’ambassadeur états-unien en Allemagne sont inadmissibles, on a l’impression que nous sommes une colonie des États-Unis», a indiqué M.Ernst lors d’une conférence consacrée à la coopération gazière Russie-UE.
Le parlementaire a en outre noté que le gaz naturel russe convenait mieux à l’Allemagne que le gaz liquéfié américain pour des raisons écologiques et en raison de son prix intéressant.
En mars, le vice-président du parlement allemand, Wolfgang Kubicki, du Parti libéral-démocrate, avait proposé d’expulser l’ambassadeur des États-Unis pour ses propos concernant les dépenses militaires de Berlin. Selon M.Kubicki, le diplomate «se comporte comme un haut-commissaire d'une force d'occupation».
En janvier, M.Grenell a envoyé des lettres à plusieurs sociétés allemandes, les menaçant de sanctions en réaction à leur soutien au projet de gazoduc Nord Stream 2. L’Allemagne a considéré les déclarations de l’ambassadeur comme un cas d’ingérence dans ses affaires intérieures.
Le Nord Stream-2 est un gazoduc long de plus de 1.200 km qui doit relier la Russie à l’Allemagne en passant sous la mer Baltique. Sa mise en service est programmée pour la fin 2019.
Le gazoduc aura une capacité de transfert de 55 milliards de mètres cubes par an. Le projet est réalisé par la société russe Gazprom, en coopération avec les groupes européens Engie, OMV, Shell, Uniper et Wintershall. Les États-Unis ont plusieurs fois menacé d’adopter des sanctions contre le projet Nord Stream 2 et ses participants européens, tout en faisant la promotion de son gaz naturel liquéfié dont le prix est plus élevé que celui du gaz russe.