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david MIEGE
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22 mai 2019 20:57

Mauvaise nouvelle pour les 270 salariés d'Ascoval. Une semaine après la cession officielle de l'aciérie de Saint-Saulve (Nord) au Britannique British Steel, on apprend que ce dernier pourrait demander à être placé sous administration judiciaire.

Un nouveau rebondissement inquiétant vient perturber la reprise d’Ascoval, l’aciérie de Saint-Saulve (Nord). Son nouveau propriétaire, British Steel, deuxième plus grand producteur d'acier du Royaume-Uni, serait à deux doigts du placement sous administration judiciaire au Royaume-Uni, à moins que le gouvernement n'accepte de lui consentir un prêt d'urgence de 30 millions de livres (34 millions d’euros), selon l’agence Reuters qui se réfère à «une source proche du dossier».

Au Royaume-Uni près de 5 000 emplois sont menacés, mais l’inquiétude régnait aussi en France à l’usine de Saint-Saulve, le 20 mai, jour de la reprise du travail sous les nouvelles couleurs du repreneur. La direction de British Steel, qui devait être présente pour annoncer sa stratégie, est finalement restée à Londres pour négocier avec le gouvernement britannique un ultime sauvetage.

British Steel a été fondée en 2016 sur la base de l’activité «aciers spéciaux» en Europe du sidérurgiste indien Tata Steel, rachetée pour une livre sterling symbolique par la société d’investissement Greybull Capital, elle-même créée à Londres en 2010 par deux Français, les frères Meyohas.

Après avoir réalisé des bénéfices en 2017, British Steel a supprimé 400 postes au Royaume-Uni en 2018, en raison de résultats moins bons que prévus dont la direction a imputé la faute à la faiblesse de la livre et aux incertitudes liées au Brexit.

Le gouvernement britannique appelé à la rescousse

La semaine dernière, Greybull Capital avait demandé une aide de 75 millions de livres, mais le gouvernement avait répliqué que les investisseurs devaient payer pour le sauvetage du deuxième sidérurgiste anglais. Toutefois, le gouvernement a aussi affiché sa volonté de sauver l’industrie de l’acier au Royaume-Uni. Ainsi, rejoignant les gouvernements gallois et écossais, le département des Affaires, de l’Energie et de la Stratégie industrielle a signé, le 20 mai la Charte de l’acier britannique (UK Steel Charter), un engagement à soutenir les sidérurgistes anglais à travers la commande publique et avec le soutien des principales industries consommatrices d’acier du pays.

Aujourd’hui le gouvernement britannique est sous pression des syndicats pour éviter la faillite d’une société qui, en plus de ses quelque 5 000 emplois directs, génère aussi 20 000 emplois chez des fournisseurs et sous-traitants. Cité par les médias britanniques Ross Murdoch, délégué national de GMB, premier syndicat anglais a ainsi déclaré : «Hier, le gouvernement a signé avec les syndicats, et les employeurs une charte de l’acier britannique à Westminster […] il doit maintenant accorder ses actes à ses paroles. GMB appelle le gouvernement et Greybull à redoubler d’efforts pour sauver cette fière industrie et des milliers d’emplois hautement qualifiés.»

Mais le trésor public britannique a déjà prêté, début mai, 120 millions de livres (137 millions d’euros) à Greybull Capital pour se mettre en conformité avec la réglementation européenne sur les émissions de carbone. Et on considère à Londres que faire un geste supplémentaire reviendrait à nationaliser British Steel.

Ironie du sort, le nom de British Steel choisi par Greybull Capital était celui du géant national de l’acier britannique British Steel qui employait encore plus de 265 000 ouvriers au début des années 1960 avant d’être privatisé sous Margaet Thatcher en 1988, et de disparaître en 1999, racheté par le néerlandais Koninklijke Hoogovens, avant d’être absorbé à son tour par …l’indien Tata Steel.

La faillite de British Steel serait aussi une déconvenue pour Bercy. Le 2 mai, jour de la décision du tribunal administratif de Strasbourg qui avait accepté le plan du repreneur britannique, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances avait décrit la reprise comme «un magnifique succès qui montre qu'avec de la détermination politique et de la cohésion, on peut faire des miracles».

Mais sept mois auparavant, il avait jugé «solide» le projet d'Altifort, candidat précédent à la reprise d'Ascoval avant de réaliser que ce dernier ne disposait pas des fonds nécessaires et de déclarer : «Altifort a trompé tout le monde. »

Créée en 1975 par Vallourec et devenue Ascoval en 2017, l’aciérie, qui fabrique des tubes d’aciers spéciaux, attendait un repreneur depuis la liquidation judiciaire en février 2018 du groupe Asco Industries, auquel le sidérurgiste Vallourec avait cédé 60% de l’usine.

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